12 4 2022

Top 12Du hip-hop halluciné de Kendrick Lamar à l’ivresse orientale de Nawel Ben Kraïm, en passant par le folk aveuglant de Maya Hawke, le groove passé à la chaux vive de Dope Lemon, la soul profonde de Springsteen, la poésie dandy de Doherty & Lo, le rock érudit de Stephan Eicher, la révélation Adé, le retour inespéré de la pop bulle de savon de Tears For Fears et du rock héroïque des Écossais de Simple Minds, sans oublier le nouvel afrocentrisme de Drake, cette année 2022 nous en aura non seulement fait voir de toutes les couleurs, elle nous aura surtout apporté une sacré dose de bonnes vibes, ce qui n’est pas du luxe dans cette période pour le moins funky. Pour célébrer festivement cette nouvelle année 2023, voici notre Top 12 2022… et un happy new year 2023 from Gonzomusic 

Kendrick Lamar1 : KENDRICK LAMAR « Mr Morale & the Big Steppers »

On devait s’en douter, mais le très attendu 5éme album du surdoué Kendrick Lamar n’est pas seulement un OVNI sonic, c’est surtout une œuvre magistrale qui révolutionne son genre musical. On peut parier qu’après ce rap du troisième type il y aura un avant et un après « Mr Morale & the Big Steppers ». Plongée dans un vertigineux maelstrom de mots, de rimes, de poésies, de rythmes et d’émotions… un monument du hip-hop unanimement consacré et à si juste titre. Il était le seul et unique « jeunot » du super show rap du Super Bowl, aux côtés des vétérans Dre, 50 Cent, Eminem et Mary J Blige ( Voir sur Gonzomusic  https://gonzomusic.fr/le-sacre-du-rap-a-la.html ) , c’est dire s’il faut prendre au sérieux Kendrick Lamar. Depuis la BO de « Black Panther » en 2018  ( Voir sur Gonzomusic   https://gonzomusic.fr/black-panther-the-album-music-from-and-inspired-by.html ) et surtout « Damn » paru en 2017 ( Voir sur Gonzomusic  https://gonzomusic.fr/kendrick-lamar-damn.html )… soit 5  trop longues années à attendre un nouvel album de notre nouvel héros de Compton. Auparavant, on avait déjà été bluffé par son incroyable 3éme album « To Pimp A Butterfly » ( Voir sur Gonzomusic  https://gonzomusic.fr/kendrick-lamar-to-pimp-a-butterfly.html ). C’est dire si la publication de cet aveuglant « Mr Morale & the Big Steppers » est un évènement majeur.

Kendrick LamarCe double album est composé de 18 chansons réparties en deux sélections de neuf titres. Et dès le premier survol, on est juste bluffé par l’imagination, l’inventivité, la créativités à la fois des compositions et des textes d’une fulgurante et d’une clairvoyance poétique ; bref,  on a juste le vertige face à la montagne de talent de ce rapper de 34 ans. Et c’est avec un débit digne d’un M16 que « United in Grief » ouvre le double-CD. Les mots se heurtent et s’entrechoquent, projetant des images dans nos têtes comme un diaporama fou en accéléré. À la grande époque de BEST j’utilisais souvent l’expression : « c’est comme les deux doigts enfoncés dans la prise de courant », tel est ici le sentiment. Ces 18 compositions vibrantes sont une invitation, la preuve que tout corps plongé dans Lamar en ressort forcément imprégné d’un supplément d’âme. Preuve que décidément, sa mère n’a pas donné par hasard à Kendrick le nom d’un des plus grands chanteurs des Temptations, elle lui a aussi transmis cette étincelle précieuse qui fait tout l’or noir du groove.

2 : Maya-Hawke Moss « Moss »

Maya Hawke publie son deuxième disque, le très cool « Moss » aussi léger que folky délicat et c’est absolument irrésistible. Mais peut être la connaissez-vous mieux sous son alias de Robin Buckley ? … soit LA Robin de STRANGER THINGS ! À 24 ans la fille d’Ethan Hawke et d’Uma Thurman compte décidément déjà bien des cordes à son arc artistique, et l’on est totalement sous le charme de toute la fraicheur de ses émotionnelles chansons intimistes. Imaginez une seconde… Vincent Anton Freeman de « Gattaca » et Beatrix Kiddo, alias the bride dans « « Kill Bill » ont une fille… et c’est l’une des (jeunes) stars de STRANGER THINGS ( Voir sur Gonzomusic   ), la déjantée et gay fleur-bleue ( ce qu’elle n’est pas pour de vrai ) Robin. Et tant pis si Ethan et Uma se sont séparés lorsqu’elle n’avait que 5 ans, bon sang ne saurait mentir. Car dans la vraie vie Robin, c’est Maya Hawke et la brillante jeune femme ne se contente pas de jouer devant la caméra. Avec sa guitare, elle invente des mélodies acidulées qu’elle interprète de sa voix légèrement voilée qui fait absolument tout son charme. Maya me fait songer à Melanie ou plus près de nous à Alanis Morissette, mais il y a aussi quelque chose d’une jeune Joni Mitchell chez cette jeune guitariste new yorkaise surdouée.. Dès la première composition l’aérienne « Backup Plan » on est complétement sous le charme de cette folk-pop tendre et dépouillée. Et surtout de cette voix à la fois si forte et si fragile. Avec la délicate et angélique « Bloomed Into Blue » on monte droit au 7ème ciel, tandis que « Sweet Tooth » sous ses faux airs de Suzanne Vega achève de nous séduire. Tout comme la lumineuse « South Elroy » qui évoque aussi irrésistiblement le style de la chanteuse de « Luka Bref… avec cet album, on peut dire que quelque part c’est le grand retour de l’Empire… Maya

Dope Lemon3 : DOPE LEMON « Rose Pink Cadillac »  

C’est sans doute l’album le plus cooooooool du moment et il nous vient tout droit d’Australie avec Dope Lemon, nouvel alias d’Angus Stone du duo Angus & Julia Stone, en pure blaxploitation revisitée. Et les dix titres neo-soul de cette « Rose Pink Cadillac » nous entrainent de son groove parfait sur les autoroutes virtuelles de nos émotions en pure utopie sonique aux confins de Curtis Mayfield et de War the music band. Far out man …. Incontestablement un des disques majeurs de cette année 2022 à écouter en boucle, encore et encore.

Bruce Springsteen4 : BRUCE SPRINGSTEEN  « Only the Strong Survive »

Après « We Shall Overcome : The Seeger Sessions » (2006), album où il rendait hommage l’œuvre gargantuesque du chanteur folk rock Pete Seeger, Bruce Springsteen s’attaque cette fois au répertoire soul et R&B des 60’s et des 70’s avec cet « Only the Strong Survive » où de Jerry Butler à Diana Ross le boss se glisse dans la peau des héros blacks qui l’ont bercé depuis l’adolescence pour mieux nous transmettre toutes leurs good vibes. Comme le proclamait si bien l’ami Nino Ferrer ( Voir sur Gonzomusic  ) « je veux être noir », Springsteen ( Voir sur Gonzomusic  ) l’a fait avec ce nouvel album. Car si avec le boss black est incontestablement toujours beautiful , cette fois le FAMEUX natif du New Jersey le prouve de la manière la plus cinglante qu’il soit avec cette collection de 15 smashs hits de la blackitude chaloupée façon Stax et Motown. Et le résultat coule avec l’onctuosité du chocolat chaud sur les profiteroles… un délice qui non seulement saura réchauffer notre hiver mais aussi mais aussi nous transmettre sa radieuse énergie pour tenir jusqu’au printemps !

Doherty & Lo5 : DOHERTY & LO « The Fantasy Life Of Poetry & Crime »

On connaissait tous Pete Doherty, ses Libertines ses Babyshambles, puis ses frasques et ses défonces à travers son parcours solo erratique… ladies and gentlemen voici maintenant la Rédemption de l’ange du rock déchu qui retrouve toutes sa place dans la lumière grâce au fameux spin Doctor Frédéric Lo qui avait déjà su faire bien des miracles aux côtés du regretté de Daniel Darc. Écrite par Pete et composée par Frédéric, « The Fantasy Life Of Poetry & Crime », cette sublime collection d‘ intemporels joyaux de pure pop-music a été capturée entre à Étretat et Paris pour mieux nous subjuguer de son romantisme pastel. Vous l’aurez compris, au vu- et entendu- de ses influences, « The Fantasy Life Of Poetry & Crime » n’est pas seulement un album qui s’inscrit dans la tradition des plus riches heures du rock British, une collaboration qui illustre à nouveau l’entente cordiale, c’est surtout d’ores et déjà un de mes disques favoris de cette année 2022. Not bad for a little frenchie et une rock star que l’on disait cramée : grâce à Lo l’ange déchu Doherty retrouve enfin sa place au sommet de l’Olympe.

STEPHAN EICHER6 : STEPHAN EICHER « Ode »

Cela fait très exactement 39 ans que Stephan m’est cher et cela n’est décidément pas près de changer avec cette « Ode » lumineuse riche de ses 13 compositions, incluant trois des titres du EP « Autour de ton cou » publié en mars dernier. Pour son 17éme album-studio, Eicher continue à tutoyer les plus hauts sommets, traçant son chemin parmi les géants telle une précieuse version francophone d’un Dylan ou d’un Springsteen européen.  « Ode » à la liberté, « Ode » à l’amour, « Ode » à cette culture rock qui abreuve depuis toujours son sillon, « Ode » à tous ceux qui l’aiment et qui le suivent depuis tant d’années, « Ode » à l’espoir, « Ode » à ces aficionados que nous sommes, « Ode » simplement magnifique pour célèbre dignement la renaissance du label Barclay historique.

7 : Tears For Fears« The Tipping Point »

C’est seulement leur 7ème album en QUARANTE années d’exercice impeccable de la pop-music, Curt Smith et Roland Orzabal reviennent après dix-huit ans de silence discographique avec ce nouvel album aussi brillant qu’ensoleillé et débordant de hits potentiels aux harmonies intrépides : « The Tipping Point ». Et avec ce « point de basculement » c’est comme si la fabuleuse histoire de Tears For Fears ne s’était jamais arrêtée. Sans doute le « retour » le plus flamboyant depuis celui de Duran Duran… mais en « encore mieux »  avec au moins TROIS hits imparables garantis, voire plus si affinités. Une pop de la meilleure facture, des harmonies qui vous font dresser le poil sur le dos, une production de satin doré et des compositions dignes de leur grandiose trilogie des albums « The Hurting », « Songs From… » et « The Seeds… », c’ est sans doute l’une des plus belles surprises de cette période troublée.

8 : DRAKE « Honestly, Nevermind »Drake

Honnêtement… je crois bien que Drake pourrait chanter « Petit papa Noël » en plein mois de juillet, je crois que je serai toujours autant client. Alors forcément vous vous doutez que je ne vais pas dézinguer cet « Honestly, Nevermind » porté par son groove aussi dansant que lascif qui, me rappelle tellement l’Afrique du Sud avec tant de titres réalisés par le DJ/Producer de Joburg Black Coffee. Incontestablement un des disques qui saura nous électriser tout l’été… et bien au-delà ! Certains ont déjà taxés ce septième CD-studio de Drake de « machine à danser ». Et pourquoi pas, entre groove et electro, hip hop et neo-mbaqanga sud af, les compositions de ce « Honestly, Nevermind » défilent comme la playlist sur les platines du DJ d’un club imaginaire. Dés « Falling Back », le premier super-hit Drake allie nonchalance et énergie pour mieux nous attirer dans son univers. La force de « Honestly, Nevermind » c’est qu’elle entraine Drake, et nous avec, vers une nouvelle dimension sonique et c’est furieusement rafraichissant.

9 : ADÉ « Et alors ? »Adé

Pour son tout premier solo, Adé a choisi de s’évader jusqu’aux grandes plaines US pour y puiser l’inspiration. Adé ? Mais si… Adé… vous savez, la chanteuse de Thérapie Taxi, ce groupe épatant qui nous a tant fait vibrer de ses textes provoc et de son hip-pop si accrocheur, avant de splitter lors d’un concert mémorable.  L’auteure compositrice interprète Adé reprend le flambeau avec les 13 chansons de son « Et alors ? », au titre si volontairement effronté et l’on se dit que si l’an passé on avait trouvé une nouvelle Véronique Sanson en Juliette Armanet, cette fois on peut sans doute s’enthousiasmer pour voir en Adé  notre nouvelle Françoise Hardy … carrément ! Car pour un premier album on peut dire qu’Adé fait preuve d’une belle maturité. La belle aurait pu se contenter de reproduire les canons de Thérapie Taxi, elle a choisi au contraire de tracer seule sa route en farouche country girl et ceux qui l’aiment ne manqueront pas de suivre ses traces si prometteuses.

Prince10 : PRINCE AND THE REVOLUTION «  Live »

Trois semaines plus tard, il allait publier son acidé lysergique déthylamide « Around the Wold In A Day », mais ce 30 mars 1985 Prince and the Revolution entament la 93ème date de la colossale tournée « Purple Rain » donnée à Syracuse, NY et diffusée mondialement à l’époque. Ce film re-masterisé publié en  CD audio et en vidéo BD capture le Kid de Minneapolis au sommet de son art et c’est juste bluffant. Rires, énergie et larmes garantis pour 20 titres qui font battre nos petits cœurs d’adeptes du cross-over juste un peu plus vite… Océan de briquets allumés, comme au bon vieux temps Et cette voix qui surnage.  « Salut le monde… mon nom est Prince et je suis venu jouer avec vous… »… Il n’y avait qu’un seul Prince, il n’y en aura plus jamais d’autre. Si d’aventure on pouvait en douter, ce « Live » explosif en est la preuve la plus cinglante.

Simple Minds11 : SIMPLE MINDS « Direction Of the Heart »

Quatre ans après l’excellent « Walk Between Worlds », le groupe de Jim Kerr amorce un retour fracassant avec « Direction of the Heart », son 19ème album- studio. Sonorités spatiales envoûtantes, salves d’adrénaline, guitares héroïques, les Simple Minds prouvent au 21ème siècle qu’ils demeurent une formation incontournable de la new wave avec ce CD qui nous offre une belle bordée de hit-songs et toute l’énergie rock qui va avec pour nous aider à affronter l’hiver !  Rien ne pouvait me faire plus plaisir que de retrouver au sommet, avec un disque aussi puissant, ce groupe Écossais sur lequel j’ai tant et tant écrit durant les glorieuses années BEST ( Voir sur Gonzomusic   ) Bien sûr, vous l’aurez compris après avoir aussi assidument fréquenté Jim Kerr et sa bande, je ne suis pas totalement objectif et pourtant je vais vous demander de me croire sur parole : ce « Direction Of the Heart » est incontestablement leur meilleur album du 21 ème siècle. La voix de Jim culmine aux sommets, les guitares épiques de Charlie n’ont rien perdu de leur héroïsme légendaire et mon tout est une merveilleuse machine à produire du rêve rock. Et de ce côté-là ils ne craignent personne.

Nawel Ben Kraïem12 : NAWEL BEN KRAÏEM « Je chante un secret »

Cela fait bien longtemps que je l’attendais… vingt ans au moins… voire 40… Nawel Ben Kraïem est en effet la digne fille spirituelle de l’« orientalisme désorienté » d’Amina Annabi, dont elle partage l’origine tunisienne et du folk berbère émotionnel de Souad Massi , sans oublier la bonne fée Rachid Taha qui veille sur elle comme sur nous de là-haut dans les étoiles. Subtil mélange de poésie, de folk, de slam, de raï, de world music, de français, d’arabe et de tendresse infinie, nous sommes tombés amoureux de ce lumineux « Je chante un secret ». Mais au-delà de ces comparaisons la jeune Nawel porte son art en étendard car elle est d’abord poète. Elle scande ses mots, entre performance, récitation et slam et nous séduit de prime abord par son parti pris de se jouer de la musicalité des mots pour les sortir de leur contexte.  Et mêle intrinsèquement musique électronique et instruments traditionnels pour inventer sa propre fusion entre orient et occident, entre tradition et modernité.  Et l’on se dit que décidément ce « Je chante un secret » porte bien mal son titre car c’est un secret à ne surtout pas garder mais bien à divulguer… massivement !

TOP 10 Jean-Christophe MARY  2022JCM

International

1 : KENDRICK LAMAR « Mr. Morale & The Big Steppers »

2 : SIMPLE MINDS « Direction Of The Heart »

3 : ARTIC MONKEYS « The Car »

4 : TEARS FOR FEARS « The Tipping Point »

5 : ARCADE FIRE  « WE »

National

1 : LOMEPAL « Mauvais Ordre »

2 : LOUS AND THE YAKOUZA « IOTA »

3 : DOMINIQUE A « Le monde réel »

4 : BERNARD LAVILLIERS « Sous un soleil énorme »

5 : BERTRAND BELIN « Tambour Vison »

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