KENDRICK LAMAR : « To Pimp A Butterfly »
Avec son 3éme album, Kendrick Lamar peut se targuer de glaner toutes les couronnes de lauriers. De Rolling Stone à Vibe en passant par Spin et bien d’autres, l’invincible « To Pimp A Butterfly » caracole largement en tête de tous les classements de sa catégorie. Publié voici un peu plus d’un mois il est déjà incontestablement l’un de mes disques favoris de l’année.
Kendrick who ? Lamar n’avait pas huit ans lorsqu’il assiste au tournage du clip légendaire de Tupac et Dre, « California Love », chez lui à Compton. Nul doute que cette expérience participe largement à sa vocation d’artiste hip hop. Et puisqu’il faut rendre à César ce qui lui appartient, dans le dernier titre de son CD intitulé « Mortal Man » Lamar dialogue intérieurement avec Pac’ avant de lui dédier un poème de sa composition. Et en ce qui concerne Dre, la boucle est bouclée puisqu’ il est crédité en tant que producteur exécutif de ce rap aussi inventif que futuriste. Quant au « papillon » (butterfly) du titre de l’album, c’est sans doute une référence directe au fameux éditorial du Times du 1er Juillet 1967 par William Rees-Mogg qui utilisait cette parabole inspirée du poète William Blake pour défendre Mick Jagger injustement emprisonné pour consommation de marijuana suite à la fameuse rafle dans le manoir de Keith Richards dans le West Sussex. Kendrick – oui sa mère l’a ainsi baptisé car elle était fan du Temptation Eddie Kendricks- Lamar n’est décidément pas un rapper comme les autres.
Ardents lepidoptérophiles
Nulle apologie de la dope, des bitches et de la violence ne vient troubler le courant puissant de son flow aussi intelligent qu’émotionnel, n’hésitant pas à vocaliser à la manière des légendaires the Last Poets. On songe aussi à Outkast, bien entendu, mais également aux glorieux « ancêtres » A Tribe Called Quest ou Gang Starr. Car tout comme ces pionniers, Kendrick Lamar puise également son inspiration aux sources de la soul de Marvin Gaye et de Stevie Wonder, ne dédaignant pas un petit crochet vers le jazz. Il faut aussi citer Funkadelic et l’on est guère surpris de retrouver justement George Clinton sur le titre « Wesley’s Theory », en référence directe au comédien Wesley Snipes. Et cerise sur le gâteau, l’omniprésent Pharrell Williams apparaît à son tour au générique de cet incroyable projet avec le titre « Alright ». Bref, « To Pimp A Butterfly » se révèle si puissamment addictif qu’il parvient à faire de nous d’ardents lepidoptérophiles.