JON AND VANGELIS « The Friends Of Mister Cairo »
Voici 41 ans dans BEST, GBD documentait la seconde collaboration entre le chanteur de Yes et le claviers génial des Aphrodite’s Child. Cinq jours après le décès de Vangelis O Papathanassiou, je réécoute ce 33 tours colossal fruit de sa 2éme collaboration avec Jon Anderson, après leur « Short Stories » de 79 et c’est une émotion rare que je tenais à vous faire partager. Flashback…
Ce n’est hélas plus un secret, l’immense de Vangelis O Papathanassiou s’est éteint voici cinq jours, terrassé par le COVID. À cette (triste) occasion j’avais re-publié mon interview dans le BEST 160 ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/adieu-vangelis-legonaute.html ). Cependant, dans ce même numéro daté de novembre 1981 j’avais aussi chroniqué l’album de la seconde collaboration entre Vangelis et Jon Anderson. Tout simplement baptisée Jon and Vangelis le duo s’est directement inspiré du personnage de Peter Lorre ( Mr Cairo) dans « The Maltese Falcon » de John Huston avec Humphrey Bogart et James Stewart ( dont on entend d’ailleurs les voix dans la chanson-titre du 33 tours). On notera que le hit de la face B « State of Independance » a été brillamment repris par Donna Summer en 82 sur son album éponyme produit par Quincy Jones.
Publié dans le numéro 160 de BEST
Etrange coïncidence à l’écoute de « The Friends of Mr Cairo », ce nouveau Jon et Vangélis, ma télé habituelle projette les images en noir et blanc d’un film noir : « Le faucon maltais ». « The Friends of Mr Cairo», c’est aussi le premier titre de l’album, un miroir sonore où se reflètent mitraillettes, dialogues, explosions et bruitages aussi divers que cinématographiques. La chanson suit la progression du cinéma. On arrive au « Voleur de Bagdad » et au final sur le film qui casse et le projo qui continue inlassablement de tourner. C’est vraiment un disque surprenant. On enchaine sur « Back to School Boogie » au feeling électro soul et à l’idéologie complètement anti-« The Wall »… Le LP a été enregistré à Paris, au studio Davout. S’il faut en croire les gens de Musicland qui ont fourni le matos de Vangélis, l’ensemble de l’enregistrement s’est déroulé de manière très spontanée. Le 24 pistes enregistre les infos pour qu’ensuite le choix puisse s’opérer. Une seule prise suffit : la bande défile une seule fois et on coupe. Parmi l’ensemble du matériel utilisé, il paraît que le synthè Yamaha CS 80 est le petit préféré de Vangélis, parce qu’il est le seul capable de reproduire la sensibilité du piano, son côté frappe. Quant aux textes de Jon, ils sont, comme d’habitude, dans le plus pur style tapis volant au-dessus d’un nid de couscous. J’ai beau m’accrocher, je me retrouve hélas trop souvent largué et sans parachute. « Outside and Inside » me rappelle un peu trop des plans Yessement éculés. Dommage car le reste sonne plutôt bien. « State of Indépendance » consacre une intéressante union entre les synthés de Vangélis O Papathanassiou et les envolées d’un sax appartenant à Dick Morrisey. Les conversations et les rires à la fin sont authentiques et font partie de cette BO pleine de rebondissements. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les machines de Vangélis conservent (c’est affreux à écrire, mais l’idée est juste) leur visage humain. Jon et Vangélis sont des pros et leur album est un album de pros, loin…. Très loin d’être un album de machines.
Publié dans le numéro 160 de BEST daté de novembre 1981