THE BEATLES « The Beatles » Anniversary Edition
On n’allait tout de même pas attendre ses 64 ans ! 50 ans est déjà un bien bel âge et c’est précisément depuis vendredi dernier celui du mythique double blanc des Beatles dépoussiéré pour l’occasion par le fils prodige, Giles Martin et boosté par un légendaire album de demos disponible jusqu’alors en version pirate au son moisi. Happy birthday dear sweet « white album ».
Quelle étrange sensation que de chroniquer un album des Beatles et tout particulièrement « l’album blanc » ! Immatriculé N°: 0182710 dans son pressage allemand (!), si mon double blanc vinyle original n’a jamais quitté ma discothèque son vieux sillon était bien fatigué. Bien entendu, j’avais une version double CD de l’album vaguement remastérisée des années 2000. Mais cette nouvelle bouture se distingue largement par un son cristallin et le fameux Esher Demos- du nom de la propriété que possédait George Harrison où elles ont été capturées-, la collection de maquettes qui ont servi à fabriquer ce « white album » sucesseur de « Sgt. Pepper’s Lonely Heart Club Band ». Épaulé par Chris Thomas et le fidèle Geoff Emerick, George Martin s’est lancé dans la fabrication de ce double album qui ne ressemblait à aucun autre. D’ailleurs, face à l’ampleur de la tache, Emerick va jeter l’éponge, après avoir enregistré seulement 9 titres. Il sera alors remplacé par Ken Scott à la console. Il faut aussi se souvenir que cet enregistrement si particulier s’est déroulé au retour d’Inde des Beatles et après l’onde de choc causée par la nouvelle de la mort subite de Brian Epstein. Et quel enregistrement ! Il suffit d’écouter la version « demo » aussi émotionnelle qu’intimiste de « While My Guitar Gently Weeps » interprétée à la guitare acoustique pour s’en convaincre. À des années-lumière des orchestrations ambitieuses de « Sgt. Pepper’s », cette brillante simplicité parait tout simplement foudroyante. Comme un retour à une certaine virginité, une pureté retrouvée après leur séjour dans l’ashram du Maharichi, sans titre à l’exception de ces deux mots gravés « The Beatles », l’album dans son minimalisme si éclectique touche à la perfection. Ces 30 chanson précieuses, augmentées de leurs 27 demos- dont celles du « Junk » de Macca et du « Jealous Guy » de John- nous rappellent combien ce « white album » si précurseur pouvait être en avance sur son époque. De « Back In U.S.S.R » à la sublime « Good Night » en passant par tous ses joyaux « Ob La Di, Ob La Da », « Martha My Dear », « Julia », « Birthday », « Helter Skelter », « Revolution 1 » ou « Honey Pie » ces 50 années écoulées et tout le travail de « dépoussièrage » opéré par Giles Martin n’ont fait que sublimer cet « album blanc » à l’incroyable pureté diaphane.