AYA NAKAMURA « Nakamura »
C’est certain, au milieu de tous les mâles dominants du Hip-Hop/R&B hexagonal, on peut dire qu’Aya Nakamura détonne gravement. Comme un mix réussi entre Princess Erika et…Rihanna, son groove cool et mutin nous entraine irrésistiblement avec toute la puissance d’une tempête tropicale. Tout simplement intitulé de son pseudo « Nakamura », son second album propulsé par deux hits fracassants est sans doute la galette la plus chaleureuse du moment pour combattre vigoureusement la grisaille automnale.
Bon, j’avoue, je ne pige pas toutes les paroles mélange hétéroclite de français, d’anglais, d’espagnol et de patois intersidéral de ses chansons, mais peu importe : impossible de rester indifférent au cool groove chaloupé de miss Aya Nakamura. À seulement 23 printemps, la jeune fille originaire du Mali publie déjà son second album. Et, depuis les débuts de Diam’s en 1999, le rap hexagonal n’avait pas connu un tel phénomène au féminin. De son vrai nom Aya Dianioko, la chanteuse opte, voici quatre ans, pour le pseudo made in Japan de Nakamura, en hommage au personnage de sa série favorite HEROES, le débonnaire Hiro Nakamura. Aujourd’hui, portée par son irrésistible beat secoué chaloupé, elle est sans doute ce qui nous arrive de mieux en provenance du Mali depuis…Salif Keita. À travers ses chansons, elle nous fait partager les joies et les tracas d’une fille de son âge, se posant en femme libre à qui on ne la fait pas et qui s’ingénue à faire tourner les mecs en bourriques, surtout si à l’usage ils se révèlent volages. C’est tout le thème de son imparable « Copines » où elle tance son fiancé qui lorgne ses copines d’un peu trop près. Agité comme un puissant cocktail, le titre vous rentre dans la tête, pour ne plus jamais vous quitter. Même combat avec l’autre composition- choc « Djadja », une imparable rengaine, à l’irrésistible blackitude agitée, qui démontre toute la maitrise d’Aya Nakamura à préserver la tradition africaine tout en la téléportant façon « Black Panther » vers son futur le plus proche. Entêtante « Djadja » l’est à au moins deux titres , d’abord avec par son côté Riri séducteur pour le charme, mais aussi pour son côté Hip-Hop façon continent noir, avec une fraicheur digne d’un MHD (qui partageait d’ailleurs « Problémes » avec elle sur son premier CD) (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/mhd.html ). Avec ses faux airs de « Trop de bla bla » son « Pompom » ne manque décidément pas de charme. Sans doute la plus émotionnelle, «Ça fait mal » porte admirablement son titre, il faudra aussi compter avec « Gangster » portée par sa kora délicate en parfait équilibre entre tradition et modernité. Aussi à l’aise en duo qu’en solo, miss Naka partage son micro avec le Nigérian américain Davido sur le percuté « Gang » qui nous secoue de son cool groove. Mais c’est avec juste sa voix et un piano qu’elle nous emporte au plus haut dans son « Oula », blues troublant débordant de spleen, qui ne peut laisser quiconque indifférent. Presque sur chacune de ses intros Aya Nakamura attaque en signant de son nom, comme si elle craignait que l’on puisse l’oublier. Qu’elle se rassure, avec un tel album, nous sommes durablement enamourés de Nakamura !