WORLD PARTY « Goodbye Jumbo »
Voici 31 ans dans BEST GBD croquait joyeusement le second album de World Party, alias Karl Wallinger, multi-instrumentiste surdoué d’abord révélé au sein des Waterboys de Mike Scott, avant qu’il ne s’envole de ses propres ailes dans cette joyeuse « surprise-partie planétaire » débordante d’inspirations d’un virulent éclectisme rock de Dylan à Curtis Mayfield en passant par Tears For Fears et même the Eagles. Flashback…
Publié dans le numéro 263 de BEST
Noyau central de World party Karl Wallinger avait su très adroitement nous mener en bateau sur son « Ship Of Fools » de 87. Ce mystérieux jeune homme ressurgit aujourd’hui avec un second album « Goodbve Jumbo » comme on se lance sur la piste du cimetière des éléphants. Ex-claviers au sein des Waterboys, Karl partage le sens de la discrétion de Mike Scott, de ces gars qui répugnent aux raz de marée dans les verres d’eau. Est sans doute un peu bab mais il se concentre sur sa musique sans se soucier des modes moustiques qui virevoltent avec hystérie avant de se crasher. Et si les chansons évoquent furieusement ses maitres Dylan et lennon, Elton et prince, Hendrix et Mayfied, c’est toujours avec le second degré de l’hommage de la passion, de l’émotion préservée. Album multicolore sans master plan pour règner au sommet des charts, World party délivre chaque composition avec le souci d’un orfèvre. Ainsi « Take It Up » puise sa force interne dans le Dylan de 73 période « Annie of the West ».
« Is it Too Late » s’inspire de « I’m Going home » de Ten Years After électrochoqué par un techno funk électrisé modèle Princier « Sign O The Times ». Dans « Way Down Now » on retrouve *les oooh oooh de « Sympathy For The Devil », tandis que « When The Rainbow Comes » reprend quasiment un couplet entier du « Mr Postman » des Beatles. Wallinger parvient même à re-créer le groove soulé de Curtis Mayfield sur lit de guitares wah wah avec « Ain’t Gonna Come Till I’m Ready », sans doute la chanson la plus touchante de l’album. World Party se transforme aussi en version mâle de Susan Vega – « And I Fell Back Alone », en Eagles revisités dorés au soleil californien – « Put The Message In The Box » – ou en parfait psyché à la Hendrix télescopant la pop usinée de Tears For Fears – « Thank You Worid -. Furieux mélangeur d’étiquettes, Karl Wallinger jongle avec les instruments pour dessiner quasiment seul la planète de ses rêves. Et pour une fois grâce à World Party il y a vraiment de quoi en faire tout un monde.
Publié dans le numéro 263 de BEST daté de juin 1990