UNORTHODOX
Portée par l’éblouissante Shira Haas, jeune et frêle actrice israélienne de 25 ans , la minisérie UNORTHODOX, diffusée sur Netflix depuis fin mars nous entraine en totale immersion parmi les mœurs aussi hallucinantes qu’antédiluviennes d’une communauté hassidique, installée dans la banlieue de New York. Esty est une jeune épouse soumise à son mari et à sa famille, mais par amour de la musique, elle décide de s’émanciper envers et contre tous. Pour y parvenir, elle va s’enfuir à Berlin, là où tant de juifs sont morts assassinés, pour trouver enfin le chemin de sa liberté.
Elle a tout l’attirail. Perruque sur sa tête rasée, jupe longue, collants, quelle qu’en soit la saison, vêtement « modestes » et regard baissé. Esty, est une jeune mariée depuis neuf mois à Yanky, juif hassidique Satmar, une communauté formée en Hongrie au tournant du siècle dernier par le rabbin Joel Teitelbaum. Établie ensuite à New York après la Guerre mondiale, c’est aujourd’hui un des principaux mouvements ultra-orthodoxes. Redingote longue noire et chapeau en fourrure, le mari d’Esty travaille chaque jour à Manhattan. Tout autour d’eux, à Williamsburg, un quartier de Brooklyn, les femmes s’occupent de leurs nombreux enfants, mais presque un an après leur union, la jeune femme de 19 ans n’est toujours pas enceinte. En fait, elle occupe ses journées en prenant en cachette des cours de piano, ce qui est bien entendu complètement interdit. Si elle s’est mariée si jeune, c’est pour un rêve de bonheur, d’amour et de liberté qu’elle n’a jamais eus. Son père, bien qu’ultra religieux est un poivrot notoire, sa mère l’a quitté pour aller vivre libre en Allemagne. Esty est donc élevée par ses grands-parents paternels. Cependant, le jour de son mariage, sa mère réapparait et lui confie un petit dossier d’archives familiales qui prouvent que ses grands-parents étaient citoyens allemands avant la Seconde Guerre mondiale. Par conséquent, au nom de la loi, dite du « droit au retour », Esty peut être éligible à un passeport de la République fédérale d’Allemagne. Elle va alors décider de quitter Yanky, de s’affranchir des règles ultras strictes de la communauté, en s’échappant à son tour à Berlin, pour intégrer le conservatoire. Mais Yanky et son cousin chelou Moshe ,véritable voyou hassidique sont sur ses traces…
Première série TV tournée en majorité en yiddish, UNORTHODOX apporte son éclairage particulièrement cru sur les coutumes hallucinantes des ultra-feujs, ceux que j’avais toujours surnommés les « blacks », à cause de leur éternel accoutrement d’un autre âge. Mais là, c’est pire que tout : sièges et fauteuils tapissés de plastique, cuisine intégralement « cashérisée » où tout est recouvert de papier alu, cérémonies baroques de mariage où les hommes dansent entre eux séparés des femmes, coutume barbare de raser la tête de femmes et du port de la perruque…franchement, je ne suis pas fier d’être juif face à de telles images. D’ailleurs, le moment le plus émouvant de la série c’est justement lorsque Esty va se baigner dans un lac près de Berlin, et qu’elle ôte sa perruque pour la jeter au fil de l’eau, en signal de liberté. UNORTHODOX ne peut laisser quiconque indifférent, car en dénonçant la théocratie juive, la brillante minisérie s’attaque en fait à tous les intégrismes, qu’ils soient juifs, cathos ou musulmans et c’est bien là sa plus grande force. Tirée du livre autobiographique de Deborah Feldman « Unorthodox : the Scandalous Rejection of My Hasidic Roots », c’est un des cartons de la chaine Netflix et cela n’est que justice…Dieu merci !
Diffusée sur Netflix depuis le 26 mars