UNBURYING THE GEMS : Mark EITZEL
Une nouvelle fois notre Phileas Fogg du rock, le brillant Ramon Pipin nous entraine dans un de ses mythiques tour du skeud en 80 tours avec ce joyau supplémentaire, scruté sous sa loupe de bijoutier expert, en la personne de l’ex leader de l’American Music Club, l’énigmatique Mark Eitzel au talent, s’il faut en croire RP, tout aussi vertigineux que la Tour …Eitzel !
Par Ramon PIPIN
Ceux qui me lisent savent que je ne vais leur parler du show de Taylor Swift, de l’allumage de la flamme olympique par Jul ou de l’album de blues de Slash. Non. Aujourd’hui c’est de Mark Eitzel dont il s’agit et son anonymat ne vous étonnera guère donc, venant de moi. Il était le leader du groupe de San Francisco American Music Club, né en 83 et mort en 95 et qui fut qualifié par le Melody Maker de « groupe le plus cruellement sous-estimé du monde », bien qu’ayant engendré 9 albums tout de même. Eitzel, chanteur et main writer du groupe, était secondé par un guitariste très passionnant, Vudi, qui pouvait passer de la fureur distordue et bruitiste à la délicatesse arpégée. Leur signature musicale est difficile à cataloguer donc, passant du folk au noise-rock mélodique ou au slow-core, porté par la voix déchirante du grand Mark Eitzel (que j’ai eu la chance de voir sur scène à Paris). On a même inventé le concept de « sadcore » pour eux. Car en effet, leur musique et les textes torturés, introspectifs d’Eitzel et sa voix chaude et traînante ne portent pas à la gaudriole. Après la séparation de AMC, Eitzel entama une carrière solo avec des disques confidentiels dont ce magnifique « The Ugly American » en 2002, album assez incongru puisqu’il s’entoura de musiciens grecs traditionnels pour revisiter certaines de ses chansons anciennes, comme ce « Will You Find Me », dont le texte évoque un homme qui cherche à s’effacer, à disparaître… Mark Eitzel est sur la bonne voie…
Mais putain, qu’est-ce que c’est beau !
C’est bon de lire des louanges sur Mark Eitzel, une obsession personnelle d’un autre siècle … The Ugly American est un album assez … peu recommandable. « Mercury » est souvent considéré comme le sommet d’AMC mais mon épiphanie fut le live solo accoustique « Songs of Love ». Si vous ne frémissez pas, arrêtez d’écouter de la musique. « Will you find me » est également d’un autre siècle, celui où le SIDA tuait en moins d’un an. « Each Halloween your face gets more frightening » y est une référence que Mark Eitzel confirmé. Confronté à sa propre déchéance. Et la volonté de se cacher pour disparaitre d’un monde si laid. 35 an et 2 crises cardiaques plus tard, Mark est toujours là; Songs of Love LIfe fait partie de mon TOP 10 des diques que j’ai le plus écoutés. Give it a try.