UNBURYING THE GEMS : L’AFFAIRE LOUIS TRIO

Au milieu des années 80, un power trio s’inscrit dans la droite ligne des héros du rock lyonnais comme Starshooter ou encore Carte de Séjour : l’Affaire Louis Trio, avec cependant une corde supplémentaire, une pop aussi lumineuse qu’insouciante qui saura durablement marquer les consciences dés leur tout premier hit le festif « Chic Planète ». Par la suite, la formation d’Hubert Mounier sera sans doute ce qui se rapprochera le plus d’un XTC à la Française, une qualité qui n’a pas manqué d’échapper à l’ami Ramon Pipin qui non content d’avoir produit jadis leur tout premier single, exhume à nouveau leur vibrant « Le meilleur des mondes », ce joyau pop inestimable.

L’Affaire Louis Trio par Quinones Marcos

Par Ramon PIPIN

Ceux qui me connaissent savent à quel point la musique qui sort de nos contrées me séduit peu. D’aucuns diront que je suis injuste et « pour qui je me prends » mais que voulez-vous, « la pauvreté musicale est l’apanage de nos artistes », c’est ce que je chante dans « Une chanson ennuyeuse » et c’est mon avis et je le partage ! Aussi lorsque j’étais responsable des productions du studio Ramses et qu’on m’a fait découvrir L’AFFAIRE LOUIS TRIO en 86 je crois, mon sang n’a fait qu’un tour et j’ai produit leur 1er single ; je pense que c’était « Secoue la boule » et « Ce soir ». Après ce petit succès, Barclay a mis un joli chèque sur la table. Je n’ai pas pu m’aligner et, malgré un contrat, les ai laissé partir, je ne pouvais que m’incliner devant le talent et loin de moi l’idée de leur mettre des bâtons dans les roues.

Il y avait là tout ce que j’aime, des vraies chansons avec des mélodies vrillantes dedans, des musiciens plus que compétents, en particulier François Lebleu, batterie et claviers et un chanteur hors-pair, personnage très attachant et talentueux ! Nous avons continué à échanger sporadiquement jusqu’à la fin, en un respect réciproque. On les a souvent réduits vite fait au rôle d’amuseurs un peu barrés, avec leurs singles aux goûts ensoleillés et leur look très BD — dont Hubert Mounier était un acteur important —, et je m’interroge aujourd’hui sur la pertinence de cette orientation qui aura peut-être fait écran aux qualités de leurs chansons. Car ils furent des orfèvres de la pop. Leur apogée se situe pour moi avec les albums « Mobilis in mobile » puis « L’homme aux mille vies », où ils feront d’ailleurs appel à Colin Moulding, bassiste de XTC ( Voir sur Gonzomusic XTC « English Settlement »   sans oublier l’indispensable  LA TOTALE XTC PAR OLDCLAUDE  ) , ce qui prouve leur sagacité et leur bon goût. Cette chanson, « Le meilleur des mondes » est une pop song parfaite, au texte désenchanté et subtil, et je salue bien bas Hubert Mounier, piqué au vif que je suis par tant de grâce, et même un peu jaloux. Le groupe s’est dissous et François et Hubert nous ont quitté, laissant un grand vide dans la pop française que pour moi, personne n’est venu combler… Hubert enregistra 3 albums solo par la suite, appuyé par Benjamin Biolay, mais il ne retrouva jamais à mes oreilles l’énergie rock de cette chanson. Qui est un joyau.