THE STEVE MILLER BAND « Circle of Love »
Voici 41 ans dans BEST, GBD s’avouait légèrement déçu par ce onzième album-studio du légendaire Steve Miller Band. Il faut dire que la trilogie précédente « The Joker » (1973) , « Fly Like An Eagle » (1976) et « Book of Dreams » (1977) étaient chacun autant chargés de hits qu’un B52 US de bombes au napalm, alors forcément ce « Circle of Love » en manque d’inspiration et aux synthés clichés des 80’s pouvait nous laisser pantois. Flashback…
Mais qu’est-ce qui a bien pu lui passer par la tête en composant ce « Macho City » de 18’ 32’’ qui occupe l’intégralité de la face B … et au feeling… rap de surcroit ? Alors oui… c’était carrément novateur et osé de suivre les traces de Debbie Harry ( Voir sur Gonzomusic ), mais au-delà de l’idée , la réalité en fait hélas un titre franchement imbuvable, que ni les amateurs de rap ni ceux de rock ne pouvaient vraiment revendiquer. Et l’ami Steve Miller n’est pas à proprement parler un MC d’envergure. Quant on songe à ses hits historiques tels « The Joker », « Fly Like An Eagle » ou encore « Jet Airliner », la face A où le hit aurait dû être « Heart Like a Wheel » qui ouvre le LP celui-ci parait hélas bien faible face à ses augustes prédécesseurs. Heureusement, le guitariste de Milwaukee, Wisconsin se rattrapera avec le 33 tours suivant « Abracadabra » tout juste un an plus tard, mais c’est encore une autre histoire du rock and roll..
Publié dans le numéro 161 de BEST
Je m’en souviens comme si c’était hier ; la toute dernière fois où j’ai vu Pègasus déployer ses ailes et s’envoler, c’était voilà plus de quatre années. Depuis tout ce temps, on était sans nouvelle du vaisseau Steve Miller Band. Dans quelle galaxie avait-il pu s’égarer ? Avait-il succombé au charme des sirènes de l’espace ? Aujourd’hui. toutes ces questions trouvent enfin une réponse logique : Steve Miller a déniché LE truc. Celui qui lui permet de figer le temps et d’y cristalliser les êtres et les sentiments. Steve Miller a découvert le secret de l’immortalité, le temps dérape sur sa musique pour lui conserver son côté préservé. « Circle of Love » trace la boucle entamée par « Fly Like An Eagle » et « Book of Dreams », notre space cow-boy n’a pas bougé d’un poil. Mêmes musicos, même studio de Seattle, même producteur, même logo : le LP n’offre aucune surprise au détour du sillon ; c’en est presque frustrant. Après tout ce temps, on attendait peut-être autre chose qu’un simple exercice de style. Techniquement, ce « Circle of Love » est une parfaite circonférence. Les balades de Miller appliquent la recette habituelle : sa guitare a des accents de mandoline électrique, sa voix s’élance dans les aigus et s’affirme dans les médiums; les synthés ont l’intensité d’étoiles lointaines, bref, tout cela est bien emballé, bien propret. Au niveau des compositions, Steve ne s’est pas vraiment foulé. La première face s’ouvre sur « Heart Like a Wheel », un rock léger qui me rappelle un peu trop « Jet Airliner », son hit de 77. Le reste a des relents très forts de « déjà vu ». Quant à la seconde face, « Macho City » qui s’étire sur plus de 18 minutes, c’est un rap électrique ramolli par les courants de l’espace. Si je devais choisir une série de100 albums pour jouer les Robinson dans la navette spatiale. « Circle of Love » ne serait certainement pas du voyage malgré toute la sympathie que m’inspire Steve Miller. Si notre Gangster of Love est vraiment immortel, il a l’éternité devant lui pour nous produire un nouvel album. J’espère seulement qu’il sera sur le marché avant quatre ans et que d’ici là, ses trips galactiques l’auront mené vers des horizons musicaux où, après la roue, on aura enfin découvert l’éclectisme.
Publié dans le numéro 161 de BEST daté de décembre 1981