THE ROLLING STONES « Sticky Fingers »
Un peu plus de 44 années après sa sortie, « Sticky Fingers », le 9éme LP des Rolling Stones ressort en version savamment boostée dans un coffret somptueux qui contient ,outre l’album original, un second CD de versions inédites et de lives, ainsi qu’en bonus toute une collection de (rares) photos d’époque.
Publié le 23 avrils 1971, « Sticky Fingers » marquait à de nombreux points de vue, un moment-clef pour le groupe de Jagger et Richards. Tout d’abord, c’est le premier 33 tours a être publié sur leur propre label Rolling Stones records marquant ainsi leur indépendance de Decca et de l’ABKO de leur ex-manager Allan Klein. Enfin… presque indépendance car ce dernier conserve néanmoins une partie du copyright de deux des perles de l’album « Brown Sugar » et « Wild Horses». Liberté contractuelle, mais également liberté artistique : pour la première fois les Stones sont seuls maitres de leur pochette et c’est donc logiquement vers Andy Warhol qu’ils se tournent pour concevoir l’art-work de « Sticky Fingers ». Warhol propose son fameux close-up du jean avec ceinturon et sa braguette en véritable fermeture éclair- le seul reproche qu’on puisse d’ailleurs faire à cette réédition c’est l’absence de véritable zipper sur le boitier…maybe trop cher ?- et l’idée enthousiasme les Stones. Autre « première » de « Sticky Fingers », c’est l’apparition du fameux logo des Stones : la langue si emblématique du groupe british. Inspirée de l’imagerie du Dieu indou Kali, elle est dessinée dés 1970 par John Pasche, suite à une commande officielle du groupe. Bien entendu on ne revient pas sur les titres de l’album original si populaire en 71 qu’il garnissait toutes les discothèques des ados de ma génération.
Rond point de la défonce
Du hit imparable sur la dope « Brown Sugar » et son alter ego « Sister Morphine », en rond point de la défonce comme on disait alors, au mélancolique « Dead Flowers » en passant par les imparables « Bitch » et « Wild Horses » « Sticky Fingers » est un monument invincible sur lequel les années ont pu glisser comme la pluie sur les plumes d’un canard. Parlons surtout du second CD et de ses précieuses raretés. D’abord, en premier lieu, une incroyable version de « Brown Sugar » où la guitare si emblématique d’Eric Clapton occupe magistralement l’espace de ce rock endiablé. Revers de la médaille, c’est sans doute la signature guitaristique trop indentifiable de « God » qui a fait douter les Stones et remiser cette version enfin exhumée. Second joyau du coffret : une sublime version acoustique de « Wild Horses » enregistrée au Muscle Shoals Studio en Alabama en décembre 1969. Aussi aérienne qu’émotionnelle, ce « Wild Horses » donne véritablement la chair de poule. Inspirée ou non de Marianne Faithfull, dont l’idylle avec Jagger venait de s’achever, cette ode aux « chevaux sauvages » est sans doute l’une des plus belles compositions des « Glimmer Twins ». Suivent deux versions « étendues » de « Bitch »- guitares en avant et blues plus marqué que dans l’originale- et une versions « alternative » de « Dead Flowers »- plus jam session et boostée par les cuivres-. Enfin, on trouve cinq titres capturés live au Roundhouse de Londres le 14 mars 1971 durant la tournée anglaise du fameux groupe de Dartford (Kent). Avec un magnifique livret relié, véritable mini « table book » aux nombreuses photos de l’époque, une série de 5 cartes postales et un DVD contenant deux titres live au Marquee, ce « Sticky Fingers » revisité vaut sacrément le détour et mérite largement qu’on allume un stick à sa mémoire.