THE COMMUNARDS « Red »
Avec sa voix perchée sur des stilettos, Jimmy Sommerville en a sans doute irrité plus d’un. Et pourtant d’abord avec Bronski Beat, puis avec ces Communards farouchement socialistes inspirés de notre Commune de Paris, l’Écossais a toujours su dégainer ses hits tel le pistoléro le plus habile…tout en défendant ardemment la cause gay, même si aujourd’hui on dirait LGBT, mais dés son premier succès, le colossal « Small Town Boy » Jimmy vilipendait alors l’hypocrisie et la vision étroite des petites villes où le racisme anti-homo forçait les jeunes à s’exiler dans l’anonymat des grandes villes. Après le premier LP éponyme « The Communards » et son tube viral « You Are My World » ( voir dans Gonzomusic https://gonzomusic.fr/combats-rock.html ,) ce « Red » propulsé par son imparable cover de « Never Can Say Goodbye » agitera bien des dance-floors cet hiver 87/88. Flashback modéle « voici 30 ans dans BEST » !
Certes Bruno Blum va encore pester, et à raison, que the Communards ne sont pas du rock. Et je serai mal venu de le contredire. Néanmoins, la richesse de BEST faisait qu’on pouvait parler, certes, de rock, mais aussi de folk, de jazz, de reggae, de metal, de funk, de hip-hop, de cross-over, de pop, de disco et même de trombone à coulisse. Objectivement, la musique de Jimmy Sommerville se rapproche plus de la disco-music que du trombone à coulisse. Quoi que… « Red », ce second et ultime album des Communards remporte en tout cas un franc succès à sa sortie en Novembre 1987. Produit par Stephen Hague (Orchestral Manœuvres in the Dark, New Order, Pet Shop Boys) malgré la légèreté pop du projet, le duo Jimmy Sommerville et Richard Coles évoque avec la plus grande légèreté des questions de vie ou de mort. « Never Can Say Goodbye » peut ainsi revêtir un aspect extrêmement tragique lorsque certains adieux sont hélas définitifs. Tout comme la poignante balade « For a Friend » composée à la mémoire de leur copain Mark Ashton terrassé par le SIDA. Fort heureusement, il y a aussi la place pour la futilité et la légèreté dans cet album avec l’ironique «There’s More To Love Than Boy Meets Girl» ( Il y a plus dans l’amour que un garçon rencontre une fille). Hélas, un an plus tard le duo formé depuis Bronski Beat va imploser lorsque Sommerville reprochera à Coles de lui avoir menti en prétendant faussement qu’il avait contracté le virus HIV. Dès lors, Jimmy Sommervile va définitivement rouler en solo, mais malgré quelques succès d’estime avec des reprises telles que « You Make Me Feel » de Sylvester ou de « Comment te dire adieu » de notre Françoise Hardy nationale, Jimmy Sommerville ne renouera jamais avec l’ivresse des Communards mais il poursuivra néanmoins sa carrière, enregistrant 6 albums solos, dont le dernier le kripto-disco « Homage » est sorti en 2015
Publié dans le numéro 232 de BEST
Les coups de feu de la critique ont bien souvent soufflé aux oreilles de Jimmy Somerville et Richard Coles. J’ai moi-même parfois dégainé, plus par réflexe que par volonté de shooter, mais le matraquage intensif de « You Are My World » était devenu une bavure permanente. J’en avais même fini par regretter le split de Bite Kibronze. ( Bronski Beat : NDR) Rouge et noir comme la révolte, le premier LP sut laver ma hargne. Dans la foulée, les concerts – dont l’Olympia – se révélèrent à la hauteur de la flamme de diva dont fait preuve Somerville. Comme U2 et son néo-bigotisme, le militantisme gay des Communards peut irriter à l’usage. Mais à l’heure où certains (initiales lp: NDR) osent parler de « sidaïques » en rêvant de « sidatoriums », gommes à papier d’une société froissée, on comprend que Jimmy et Richard agitent dans leur musique tous les ingrédients du cocktail Molotov. « Red », leur nouveau manifeste a ce côté volatile de l’essence prête à exploser. Perchée sur ses échasses, la voix de Somerville nous entraîne d’un bout à l’autre de l’album sans jamais perdre le souffle. Du single pop et idéaliste « Tomorrow », une entêtante rengaine à danser, à la reprise du « Never Can Say Goodbye » de Gloria Gay- tiens ! -nor, en passant par l’homo-promo de «There’s More To Love Than Boy Meets Girl», la new-disco des Communards peut procurer la fièvre du Samedi Soir tous les soirs. Rouge comme le feu du ciel, « Red » saura allumer l’hiver.
Publié dans le numéro 232 de BEST daté de Novembre