TALBOT MOLINA LOFGREN YOUNG « All Roads Lead Home »

talbot molina lofgren & youngTalbot, Molina, Lofgren et Young se sont réunis pour ressusciter le mythique Crazy Horse avec ce « All Roads Lead Home »  et nul ne s’en plaindra, bien au contraire. Depuis leur toute première collaboration en 69, sur le second LP de Young « Everybody’s Knows This Is Nowhere », une incroyable alchimie rock règne entre ces quatre hommes qui se poursuivra à travers 15 albums-studio et plus d’une demi-douzaine de lives en 54 ans de rock, vous comprendrez donc aisément l’urgence de chevaucher à nouveau leur bon vieux cheval fou…

Talbot Molina Lofgren YoungPar Jean-Christophe MARY

 

 

À l’heure où certains aimeraient goûter à une retraite bien méritée à un age où l’on est encore vivant pour en profiter, trois membres de Crazy Horse, soit Billy Talbot, Ralph Molina et Nils Lofgren, dévoilent de nouveaux titres dont une contribution avec Neil Young. Pour ceux qui ne le sauraient pas encore Crazy Horse est la formation qui aura accompagné le guitariste et chanteur canadien Neil Young durant 54 ans sur de nombreux albums et lors de plusieurs tournées à travers le monde. C’est en grande partie grâce au son rock garage sale et torturé de Crazy Horse que Neil Young s’échappera de la scène folk rock bobo dans lequel tomberont tous ses amis, Crosby, Stills et Nash. Car Billy Talbot (basse), Ralph Molina (batterie) et Nils Lofgren ( guitare) sont un peu quelque part le E street Band de Neil Young. Depuis un demi-siècle,  la section rythmique du Crazy Horse, c’est peu la famille, un gang de potes musiciens soudés qui font un véritable travail d’orfèvre autour du Loner. Ce « All Roads Lead Home » a été composé durant la pandémie du COVID-19 . Coupés du monde, confinés chez eux, Ralph Molina, Billy Talbot, et Nils Lofgren en ont profité pour écrire de nouveaux morceaux au moment où ils participaient à l’album de Neil Young « Barn ». Dans la foulée de cet album, les trois musiciens ont eu la bonne idée d’enregistrer leurs compositions individuelles et d’en faire cette compilation de dix morceaux, trois chacun et un évidemment réservé à l’autre complice de la bande : Neil Young. On retrouve donc le maitre sur une version alternative de « Songs Of The Seasons » titre sorti sur « Barn » où ici l’harmonica se fait plus tardif et offre ainsi à la guitare acoustique une large place.

talbot molina lofgren & youngPour le reste de l’album, le projecteur est principalement braqué sur les trois autres membres où chacun apporte sa touche personnelle de blues, country et folk rock. Si les albums de Neil Young enregistrés avec Crazy Horse sont habituellement joués à fort volume, sonnent lourd, heavy, sont poussés parfois à l’extrême, « All Roads Lead Home » est lui beaucoup plus léger, s’appuyant sur l’interaction des musiciens plutôt que sur une amplification des guitares poussées à fort volume. Une certaine douceur, une certaine nostalgie pop folk 70’s souffle à travers ces dix chansons pleines de légèreté. Témoin « ‘It’s Magical », jolie balade vaporeuse signée Ralph Molina ou ce titre folk « You Will Never Know » aux guitares folk et slide mises en avant composé par Nils Lofgren. « Look Through The Eyes Of Your Heart », « Fill my cup », « The Hunter » ou « Go with me » les titres défilent entre nos oreilles avec le son d’une époque bien marquée celle des 70’s. La voix granuleuse de Billy Talbot et les arrangements chaloupés de l’album apportent ce côté pop rock customisé vintage 70’s. Dans « Rain », on entend Talbot vocaliser d’une parfaite voix de tête éraillée, posant délicatement ses mots sur une sublime mélodie. Loin de la rugosité intense heavy rock des albums de Crazy Horse, « All Roads Lead Home » nous renvoie à l’époque des productions folk de Laurel-Canyon. Cet opus, c’est clairement la réunion de vieux briscards, hippies des « happy days », qui 60 ans après prônent un « Love and Peace » nostalgique sur fond d’harmonies ciselées. En l’écoutant et le réécoutant, on a l’impression de découvrir de vieilles chansons inconnues, restées toutes dans leur jus, dans leur version originale, des chansons qui nous semblent quelque part un peu familières. À consommer sans modération.

 

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