SWEET JANE B
C’est comme si le « Sweet Jane » du Velvet et le « Jane B » de Serge se télescopaient violemment dans ma tête : Jane Birkin a tiré sa révérence et je ne parviens toujours pas à y croire. 76 ans seulement, quelle terrible injustice ! Car pour avoir eu le privilège de la côtoyer, Jane était une superbe personne qui faisait trop souvent passer les autres avant elle-même. Drôle, sensible, émouvante, simple, maternelle, talentueuse, fantasque, tendre et surtout généreuse, Jane était à elle seule une collection de superlatifs si mérités. Il n’y en avait qu’une comme elle et sa présence solaire nous manque déjà. Heureusement ses chansons continueront à nous séduire à jamais. So long sweet Jane B…
C’est paradoxal, mais je n’ai rencontré Jane que juste après la disparition, de Serge, que j’avais pourtant souvent pratiqué en interviews et tournages (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=serge+gainsbourg . Mais en ce milieu des 80’s, Jane avait déjà claqué la porte de l’hôtel particulier de la rue de Verneuil pour échapper à l’affreux Gainsbarre et à ses excès alcoolisés. Jane était à Londres en 95 pour jouer les Troyennes d’Euripide au National Theater de Londres lorsque je l’ai rencontré pour la première fois dans le petit appart qu’elle occupait alors dans la capitale Britannique. Et immédiatement j’ai été sous le charme. Elle ressemblait tant à Serge dans sa manière de prendre le temps de s’intéresser aux autres. Bien entendu, j’aimais déjà ses chansons avec ou sans Serge, comme ses films où elle savait se montrer si souvent drôle. Mais humainement Jane Birkin ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=jane+birkin ) était bien plus bluffante que son personnage public. Fantasque et généreuse, elle est la seule personne au monde qui pouvait demander à Dominique Blanc-Francard, Benedicte Schmitt, Philippe Lerichomme et moi-même en quittant le studio Labomatic « je vais tirer de l’argent, quelqu’un en a besoin ? ». Non merci Jane, nous n’avons pas besoin d’argent. Une autre fois, après un tournage pour un documentaire, je cherche Jane qui a disparu. Je la retrouve dans la rue à 200 m de chez elle, les bras chargés de deux cabas pleins de victuailles qui n’avaient pas été mangées par l’équipe pour les distribuer à des clochards qui dormaient un peu plus loin. Bien sûr, pour l’avoir suivie durant l’enregistrement de deux albums avec ma caméra j’ai pu mesurer tout le talent de l’artiste, mais ce talent immense avait une source : son humanité incroyable. Serge me traitait souvent de « petit gars » car il était lui-même resté un gamin jusqu’à son dernier souffle, Jane était exactement comme lui, elle est demeurée toute sa vie la gamine qui courait avec son frère Andrew sur les plages de son enfance sur l’ile de Wight. C’est cette innocence préservée qu’elle nous laisse à jamais en guise de cadeau d’adieu. Sans oublier son engagement pour nombre de causes dont on ignore la plupart tant elle savait se montrer discrète. Jane B était bien sur une égérie, et pas un sac à main comme elle s’en moquait lorsque les recherches Google indiquaient le sac Hermès avant elle dans ses résultats, mais elle était avant tout une très belle personne dont les good vibes nous accompagnent à jamais. Amicales pensées à sa famille et à ses proches.
Je ferai le tri parmi mes interviews et publierai bientôt un florilège de ces conversations avec Jane…. But not today 😭
À suivre…