STEVE WINWOOD “Arc of a Diver”
Voici QUARANTE ans dans BEST… my God cela fait vraiment drôle de l’écrire, GBD publiait sa toute première chronique dans le fameux mag de la rue d’Antin avec le phénoménal “Arc of a Diver” de Stevie Winwood, la première d’une longue série et le début d’une collaboration de 12 années qui marquera à jamais ma vie. Flashback…
En ce jour anniversaire de la naissance de https://gonzomusic.fr/ déjà six ans et toutes ses dents, plus 2338 articles publiés, c’est un autre happy birthday que j’ai envie de célébrer, celui de mon arrivée à BEST !
Je venais en effet de claquer la porte de Rock & Folk ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/best-vs-rock-folk-ou-la-rue-dantin-vs-la-rue-chaptal.html ) pour rejoindre l’écurie BEST, le mag rock le plus exaltant de l’Hexagone. Christian Lebrun, le mythique Rédac Chef du journal avait décidé d’accorder sa confiance à un jeune journaliste fou de musique et de culture américaine. Daté de janvier 1981, mais publié vers le 20 décembre, ce numéro 150 arborait fièrement la photo d’un couple aussi heureux qu’iconique, John et Yoko Lennon qui revenaient enfin après toutes ces années d’absence avec leur somptueux « Double Fantasy », produit par Jack Douglas. Hélas, un fan écervelé nous a volé notre Dieu du rock, ce triste 8 décembre 1980 assassinant de sang-froid le poète d’« Imagine ». Quarante années après, en y pensant, j’ai encore les larmes qui noient mon regard de regret et de nostalgie, de tristesse aussi de ne jamais avoir pu rencontrer l’ex-Beatles pour lui tendre mon micro, mon stylo ou ma caméra. Immense tristesse également de songer à Christian Lebrun, qui nous a quittés si tôt au tournant des 90’s. Si le rock est une fête, il sait aussi porter notre spleen. Et c’est ce sentiment aussi sucré qu’amer qui m’anime aujourd’hui. En hommage à Christian, je re-publierai début janvier son article consacré à John Lennon, si riche de ses mots élégants et de sa prose impeccable. Quant à Stevie Winwood, un de mes héros de la musique depuis son Spencer Davis Group, suite à cette chronique d’ « Arc of a Diver », Christian Lebrun décidât de m’envoyer à Londres le rencontrer après un concert à l’Hammersmith Odeon pour fêter justement la sortie de cet album, mais c’est encore une autre histoire du rock que je vous conterai le mois prochain.
Publié dans le numéro 150 de BEST
Clapton était Dieu, c’était inscrit sur tous les murs de Londres. Stevie Winwood lui n’a jamais été qu’un Demi-Dieu. Ceux-là ont la vie bien plus dure. À 32 ans Stevie W. est encore avare de sa magie : « Steve Winwood », le prédécesseur d’« Arc of a Diver », date d’il y a trois ans et comme pour !’autre Stevie W. avant « Songs in the Key of Life », on a pu trouver le temps long… Winwood, c’est avant tout une voix qui sait émouvoir. Douce, tendre, légèrement rocailleuse, une de ces voix rares qui savent vous prendre l’estomac en son point le plus sensible pour y transmettre une sourde douleur : le feeling. Depuis le Spencer Davis Group et Traffic, les influences R and B, la fascination du master Ray Charles déterminant la plupart des actes musicaux de Winwood. L’expression d’une identité blanche et britannique aux frontières de la soul, c’est un pari difficile que Stevie tente en solitaire. « Arc of… » est un album solo dans le plein sens du terme ; comme l’autre Stevie, Winwood jongle avec le re- recording pour jouer de tous les instruments. Le résultat est un disque étonnant, un album exploration de lui-même où Winwood s’observe dans un miroir musical. Le Stevie des années 80 a changé, il a découvert l’enfant prodige du Dr Moog, le synthé et sa petite cousine la batterie électronique. Avec eux il a pu explorer des mondes audio inconnus jusqu’alors et dessiner quelques accords de blues sur un ciel de violons. Stevie, seul dans son studio a dû planer bien haut sur les envolées de ses claviers ! Son « Second Hand Woman » est aussi funky qu’un « Higher Ground » de Wonder; c’est la même chaleur qui s’en dégage. Une espèce de bien-être qui vous envahit. Dommage que parfois ses machines sonnent un peu trop machines du côté de la basse ou de la batterie, sur des titres assez mellow comme « Dust » ou « Showdown, Sundown» c’est même un peu gênant. Produit par Muff Winwood, ex-bassiste du Spencer Davis et Frère de l’intéressé, « Arc of a Diver » est pourtant un de ces disques rayon de soleil qui aide a supporter les rigueurs de l’hiver.
Publié dans le numéro 150 de BEST daté de janvier 1981