ST. VINCENT “Daddy’s Home !”

St.VincentC’est déjà son 6ème album, mais si vous aviez encore besoin d’être convaincu que St. Vincent aka Annie Clark est l’une des artistes made in USA les plus originales de ces quinze dernières années, ce disque-là est pour vous. Car pour s’en laisser convaincre, il suffit d’écouter son dernier  et surprenant “Daddy’s Home  !”… et de succomber à sa féminité rebelle !

 

St.VincentPar Jean-Christophe MARY

 

 

Après son premier CD « Marry Me » (2007), le parcours musical d’Annie Clark/ St. Vincent s’est radicalisé au fil du temps et des albums. Les orchestrations se sont enrichies, sont devenues plus alambiquées, portées par textes de plus en plus introspectifs. Cette démarche artistique s’est surtout affirmée à partir de « St Vincent » (2014) et « MASSEDUCTION » (2017) deux albums majeurs qui lui confèrent désormais cette identité pop premium et haute définition. Toujours dans l’exploration de ses zones d’ombres personnelles, le fil rouge de « Daddy’s Home ! » évoque les 10 dernières années que son père vient de passer en prison. Annie Clark s’est plongée dans la pop rock du début des 70’s qu’elle écoutait avec son père. Et cela s’entend. Ça commence dès le premier « Pay Your Way in Pain » petit clin d’œil appuyé à David Bowie avec de fortes influences Prince. Supervisé par le producteur Jack Antonoff (Lana Del Rey, Taylor Swift), ce titre fourmille de bidouillages sonores plus surprenants les uns que les autres portés par des Intonations à la Joni Mitchell et autres cris perçants à la PJ Harvey. La brève intro au piano pourrait laisser entendre le départ d’une chanson de comédie musicale. Mais voilà que la basse se mets en action autour de bouillonnants Wurlitzers et Mellotrons. La ligne de synthé colle au « Sweet Dreams » d’Eurythmics quand le mot « pain  » hurlé à la volée sur les refrains fait lui clairement écho au « Fame » de David Bowie.

St.VincentLes chansons de « Daddy’s Home ! » ont toutes ce petit côté rétro. C’est particulièrement vrai sur l’introspectif, doux et nostalgique « Somebody Like Me » avec ce large éventail d’instruments qu’utilisaient les musiciens 70’s, le clavicorde, la guitare sitar, les pedal steel, le mellotron, le saxophones et orgue Wurlitzer. Le spatial et psychédélique « Live in the Dream » est un hommage inspiré à Pink Floyd période The Dark Side of the Moon avec ce solo de guitare envoûtant à la David Gilmour. Le magnifique « At the Holiday Party » est un titre soul émouvant avec un texte particulièrement dark. « Melting of the Sun » est une ode aux femmes qui ont ouvert la voie à la libération des femmes. Cette balade soul fait référence à Tori Amos, Joni Mitchell et Nina Simone trois chanteuses-compositrices maltraitées par le système judiciaire dans des affaires d’agression sexuelle. « Down » est une véritable machine de guerre funk doté d’un groove qui monte crescendo avec une tournerie qui vous fera perdre la tête, et là on pense bien sûr à Stevie Wonder. Sur le funk-pop « My Baby Wants a Baby » adaptée du « Morning Train (Nine to Five) » de Sheena Easton, Annie Clark s’interroge sur son enfance, sur sa propre maternité qui pourrait nuire à sa personnalité. Vous l’aurez compris, la musique et les références de « Daddy’s Home ! » prennent appui sur une époque révolue, celle des années 70. Mais comme le dit le dicton, parfois ne faut-il pas regarder en arrière pour aller de l’avant ? Vivement une scène près de chez nous.

 

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