So long Robbie Robertson
Décidément chaque jour apporte sa peine, après Sixto Rodriguez hier, on apprend aujourd’hui la soudaine disparition de Robbie Robertson aujourd’hui à Los Angeles « des suites d’une longue maladie » comme on dit hélas trop souvent. Le singer-song-writer de Toronto était agé de 80 ans, il avait formé the Band avec ses potes sur les cendres de the Hawks leur première formation avec Ronnie Hawkins avant d’embrasser l’electric Bob Dylan. Sept LP durant les 70’s, puis le sublime chant du cygne mis en scène par Scorsese « The Last Waltz » puis ses albums solos, tel le brillantissime « Storyville » que j’avais chroniqué pour BEST en 1991, Robbie Robertson aura compté parmi les plus grands héros du rock, un club hélas de plus en plus fermé faute de combattants… so long Robbie Robertson.
Cet été 78, lorsque je n’étais encore qu’un étudiant en droit, durant mon troisième séjour à LA, j’avais fait la tournée des « international department » des différentes maisons de disque, prétextant une qualité de « fameux DJ des nuits parisiennes » pour récupérer des dizaines de LP promos et autres maxis DJ de Casablanca à Island en passant par MCA, A&M, RCA ou CBS. J’avais également poussé le trip jusqu’à Burbank où à Warner City on empruntait Warner boulevard jusqu’à Warner records. Là dans un sous-sol, derrière des grille se trouvait « the vault » ou par dizaines d’exemplaires tout le catalogue était référencé. C’est ainsi que j’ai pu récupérer en « DJ copy not for sale » inscrit en gaufré-doré le 33 tours des Rutles, quelques Rod Stewart, du Fleetwood Mac, George Benson et surtout le sublime et somptueux triple-LP BO du film de Martin Scorsese « The Last Waltz ». Les versions de « The Weight » et « The Night They Drove Old Dixie Down » me donnent encore la chair de poule, tout comme la face vocalisée par le Zim, accompagné de the Band avec les diamants bruts « I Shall Be Released » et « Baby Let Me Follow You Down ».
Robbie Robertson a ensuite a publié son premier LP éponyme en 1986 et ce deuxième album, « Storyville », que j’avais chroniqué dans BEST en 1991, puis il a contribué aux enregistrements de Tom Petty and the Heartbreakers, Ringo Starr, Neil Diamond et d’autres. Robertson a sorti son dernier CD solo, « Sinematic », en 2019. Depuis « The Last Waltz », Robertson a entretenu sa relation artistique avec Martin Scorsese, qui a également produit en 2019 le documentaire « Once Were Brothers », basé sur les souvenirs de Robertson. Il a également signé la musique de plusieurs films de Scorsese, notamment « Raging Bull », « Casino », « Le Loup de Wall Street » et « The Irishmen ». Sa dernière collaboration avec Scorsese prendra la forme de la musique de « Killers of the Flower Moon », dont la sortie est prévue dans le courant de l’année. Ce sera son ultime album. À l’annonce de sa disparition, les hommages ont commencé à fleurir pour rendre hommage au musicien canadien. Martin Scorsese a ainsi déclaré: « Robbie Robertson était l’un de mes amis les plus proches, une constante dans ma vie et dans mon travail. Je pouvais toujours aller le voir en tant que confident. Un collaborateur. Un conseiller. J’ai essayé d’être la même chose pour lui. Bien avant que nous ne nous rencontrions, sa musique a joué un rôle central dans ma vie – moi et des millions et des millions d’autres personnes à travers le monde. La musique du groupe, et plus tard la musique solo de Robbie, semblaient venir du plus profond du cœur de ce continent, de ses traditions, de ses tragédies et de ses joies. Il va sans dire qu’il était un géant et que son influence sur l’art a été profonde et durable. On ne passe jamais assez de temps avec quelqu’un qu’on aime. Et j’aimais Robbie », a poursuivi Scorsese particulièrement ému. Robbie Robertson était un monument du rock et sa disparition laisse aujourd’hui un vide béant à notre horizon sonique. Bruce Springsteen a aussi rendu hommage au musicien, en dédiant la dernière chanson de son denier concert au Wrigley Field de Chicago, hier soir, En effet, le Boss a achevé son show de trois heures par deux rappels, dont le dernier comprenait une interprétation de « I’ll See You In My Dreams », dédiée au défunt guitariste.
Pour sa part, Bob Dylan, pourtant réputé peu loquace, a publié cet émouvant message: « C’est une nouvelle choquante. Robbie était un ami de longue date. Sa disparition laisse un vide dans le monde ».
RIP Mister Robertson !