L’adieu à Sugarman !
Certaines nouvelles se révèlent encore plus électrochoc que d’autres et l’annonce de la disparition de Sixto Rodriguez chez lui à Detroit à 81 ans est incontestablement de celles-là. Ému aux larmes par le documentaire « Searching for Sugar Man », – ensuite oscarisé- que lui avait consacré le regretté Malik Bendjelloul, j’avais rencontré Sugar Man en 2012 ainsi que Malik, puis un an plus tard à une seconde reprise. J’avais été bouleversé par son histoire, son succès sans le savoir au bout du monde en Afrique du Sud, sa vie d’ouvrier du bâtiment durant tant d’années, mais surtout par ses compositions de pur folk blues chair de poule. Un monde sans Sixto Rodriguez est un monde bien triste. Seule consolation, savoir que Malik et lui sont désormais réunis.
Voici le communiqué officiel annonçant sa disparition : « C’est avec une grande tristesse que nous, à Sugarman.org, annonçons que Sixto Diaz Rodriguez est décédé plus tôt aujourd’hui. Nous présentons nos plus sincères condoléances à ses filles – Sandra, Eva et Regan – et à toute sa famille. M. Rodriguez était âgé de 81 ans. Que sa chère âme repose en paix ». Aucune cause de décès n’a été indiquée.
Comme tous ceux qui l’ont approché, on savait que Sixto Rodriguez avait un réel problème d’alcool. Pour preuve son désastreux concert au Zenith en 2013, mais on espérait tous qu’il avait enfin tourné la page. Au cours de notre dernière rencontre, on évoquait ensemble ce fameux 3ème album de nouvelles compositions qu’il devait enfin publier après un gap de plus de 40 ans, livrant enfin un successeur à ses radieux « Cold Fact » (1970) et « Coming from Reality » ( 1971), mais il n’en a rien été hélas. L’abus de l’alcool lui a peu à peu perdre la vue. Et au fur et à mesure où la lumière s’éteignait, Sixto devait forcément chercher un réconfort. Ces dix dernières années, il aurait même cessé toute activité musicale. Pourtant lorsque je l’avais interviewé, à chaque fois le singer-song-writer de Detroit était entouré de ses filles et de ses petits-enfants. Mais hélas tout cet amour n’aura pas suffi. Ce soir j’avoue je n’ai pas le courage de re-publier mes deux interviews de 2012 et 2013, ce que je ferai dès demain, promis. En attendant, j’ai retrouvé cette photo, qui illustre mes propos, que j’avais faite au Max Linder où, juste après la diffusion de « Searching for Sugar Man », Sixto Rodriguez avait interprété seul trois ou quatre chansons. Et c’était superbe, rien à voir avec son concert raté du Zenith. C’est l’image que je veux conserver de lui… une image que je partage ce soir avec vous. RIP sweet Sugar Man !