GIRLSCHOOL « Hit and Run »
Voici 40 ans dans BEST GBD s’assourdisssait joyeusement au son des puissants riffs des Girlschool. En effets, ces protégées de Motorhead publiaient leur second LP, le bien nommé « délit de fuite » soit « Hit and Run », rare galette métalliste mais aussi féminine à trouver grâce aux yeux et donc forcément aux oreilles du plumitif du fameux mag de la rue d’Antin. Flashback…
C’est sûr et certain, nonobstant le fait que c’était un peu la chasse gardée de Hervé Picard, on peut compter sur les doigts d’une main, les groupes de hard que j’ai pu chroniquer dans BEST au cours des 11 ou 12 années passées au sein de la rédaction. D’abord il y avait Thin Lizzy, parce que j’adorais les albums mais aussi et surtout Phil Lynott, devenu mon pote avec lequel je fumais des pétards, partageant de franches crises de rigolades durant nos interviews. Phil était sans doute le seul artiste que j’ai u connaitre qui me confiait son portefeuille… pour que j’aille me faire une petite ligne dans les chiottes les plus proches. Il y avait aussi mes copains américains de hard FM, Foreigner que j’allais interviewer chez eux à New York, évoquant souvent ses années Johnny Halliday avec son leader Mick Jones. Et enfin, last but not least, il y avait les Girlschool car c’étaient de sacrées gonzesses couillues, qui me rappelaient les Runaways, rencontrées alors que j’étais encore étudiant, au Tropicana Motel de Los Angeles, en même temps que Tom Waits et les Ramones. Après les avoir interviewées pour le numéro 153 de BEST ( Voir sir Gonzomusic https://gonzomusic.fr/girlschool-ecolieres-for-ever.html ), il était tout naturel que je chronique la seconde galette des girls, le tonitruant « Hit and Run » du groupe de Londres.
Publié dans le numéro 156 de BEST sous le titre :
PREMIÈRES DE CLASSE
Ça y est, les quatre School Girls viennent d’enfanter dans les décibels leur deuxième progéniture et demie. Après le bruyant mais énergique « Demolition », I’an passé, puis leur mini LP« St-Valentine’s Day » en co-pulsations avec les Goldorakiens Motorhead, voici donc pour le plaisir du tympan comme celui du nerf auditif, « Hit and Run » dans son baril aux musibels-enzymes voraces et gloutons… D’abord, un petit mot a monsieur Bronze ( le label du groupe:NDR) qui s’est occupé de la pochette. Monsieur Bronze s’il vous plait, la prochaine fois, faites donc un effort, parce que celle-ci craint comme la crinière d’un cheval : elle ne présage en aucune manière la surprenante qualité dynamique dégagée par ce quatuor de rockeuses du sud London. Quant à vous, monsieur Imprimé en France, sans vous obliger, essayez d’éviter les « coquilles » du genre « Grillschool » pour signer la dédicace au dos, parce que ¢a fait vraiment pas rock, ça fait saucisse ! Malgré quelques réactions sexistes dans la presse anglaise (Sounds), dès la première semaine de sa sortie, on voyait fondre les piles de « Hit and Run » sous les néons des disquaires : plus de 30 000 exemplaires se sont envolés pour faire grimper à la 5ème place des charts l’album de ces jeunes filles en fleur de cuir noir. Une fois n’est pas coutume, mais après quelques écoutes de « Hit and Run» non seulement je ne sombre pas dans une overdose de boules Quiés salvatrice, mais de surcroit j’arrive même à prendre un certain plaisir à écouter Girlschool. Quand « Future Flash », par exemple, fait vibrer les accords d’une pop métallique solide et presque intelligente, j’ai envie d’applaudir à deux fois. Je n’écouterai pas cela de l’aube au crépuscule, mais il faut convenir que ces diablesses font bigrement bien leur boulot de déménageuses de choc. Le parallèle est peut- être simpliste, mais leur musique me rappelle un peu celle de Heart avec le sirop en moins et la hargne en plus.
En gros, la recette d’un disque hard n’est pas très compliquée, c’est souvent I’éjaculation des watts et la masturbation des riffs-massues qui font le succès d’un Saxon ou d’un autre. Girlschool parait avoir choisi un autre atout parce que, sous la carapace d’une hard-rockeuse, sommeille de toute façon une sensibilité féminine. Si elles boivent et braillent comme des mecs, ces nanas-la s’habillent et se maquillent, elles vivent dans une société essentiellement macho où elles ont appris à se battre. Pour la première fois peut- être, un groupe au féminin est autre chose qu’un groupe gadget parachuté par un producteur mâle et vorace à la truffe opportuniste ( suivez mon regard vers les Runaways justement: NDR) . Un pas de plus dans l’évolution, c’est toujours important. Girlschool est une belle machine qui fonctionne sur piles et secteur avec autant de pèche que les AC et les DC. Faites un test comparatif et vous réaliserez ainsi que Girlschool a véritablement bien appris sa leçon à l’école du rock. Maintenant, c’est votre tour…
Publié dans le numéro 156 de BEST daté de juillet 1981