Retour vers le futur de Marquis de Sade

Etienne & Frank

Etienne & Frank

Hier soir au Petit Bain, Marquis de Sade donnait un concert parisien, le premier dans la capitale depuis…TRENTE NEUF ANS. Incroyable retour vers le futur du plus mythique groupe rennais dans la foulée de leur reformation l’an passé. Un nouvel album-studio, le 3éme après « Dantzig Twist » et « Rue de Siam » mériterait d’être dans les tuyaux…mais peut-être est-ce déjà le cas, non ?

Marquis de SadeJanvier 1980, le groupe rennais Marquis de Sade fait littéralement vibrer le Palace, rue du faubourg Montmartre. Février 2019, Marquis de Sade retrouve Paris pour un incroyable concert au Petit Bain, une péniche amarrée face à la Bibliothèque François Mitterrand. Entre les deux shows parisiens, 39 années se sont écoulées, un record absolu entre deux concerts pour un GBD…et quelques autres aficionados qui se pressaient hier contre la scène. Après une première partie assurée par le fidèle Daniel Paboeuf, à 21 heures tapantes Philippe Pascal, Frank Darcel , Xavier « Tox » Geronimi, Eric Morinière et  Thierry Alexandre investissent la scène en clair-obscur. La voix caverneuse et familière de Philippe Pascal s’élève soudain au-dessus du public. Le plus incroyable c’est qu’elle n’a pas changé d’un iota. Pourtant depuis la fin de Marc Seberg depuis plus de 30 ans, le chanteur rennais s’était carrément retiré des planches et du rock, à la différence de Frank Darcel qui n’avait jamais jeté l’éponge, continuant sans cesse à composer, produire et même, incroyable, mais vrai, se mettre à chanter avec sa formation Republik ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/republik-exotica.html et également https://gonzomusic.fr/la-republik-de-frank-darcel-en-marche.html ). Si Philippe Pascal est toujours aussi charismatique à travers ses gestes et ses mimiques, il demeure toujours aussi timide, se contentant de saluer l’assistance d’un laconique « Bonsoir », l’un des trois mots qu’il prononcera de toute la soirée. Pourtant MDS est assez magique pour que le chanteur se détende un peu et qu’il surfe sur le plaisir de retrouver son public. Pour le numéro de BEST de mars 1981, Christian Lebrun m’avait dépêché à Rennes pour couvrir cette émergente « nouvelle capitale du rock français ». Pour briser la glace de l’énigmatique Philippe Pascal, à la veille de la sortie de « Rue de Siam », nous avions descendu une bouteille entière de vodka à l’herbe de bison dans le petit apart du chanteur et nous avions alors devisé toute la nuit. Si je n’avais jamais perdu le contact avec Frank Darcel et ses formations successives, je n’avais pas revu Philippe durant de très longues années. En septembre 2013, nous nous étions retrouvés pour les funérailles de Frédéric Renaud, immense guitariste de MDS et des Nus. Philippe n’avait alors aucune envie de retourner à la musique. Mais il ne faut jamais dire jamais…la preuve par ce soir ! Un à un, les titres emblématiques de « Dantzig Twist » et de « Rue de Siam » défilent au Petit Bain, accentuant cet incroyable retour vers le futur à l’instar du tout premier 45 tours « Henry » ou du mythique « Conrad Veidt ». À mes cotés Arnold Turboust me chuchote à l’oreille la genèse de sa partie piano sur ce morceau lorsqu’il avait à peine 17 ans. D’autres fantômes planent sur la salle, à l’instar de Thierry Haupais, qui avait produit ce premier LP ou encore de Philippe Constantin, légendaire éditeur de Clouseau Musique qui avait été le premier à craquer sur le rock en bichromie de Marquis de Sade. Là où ils sont aujourd’hui ils nous observent et ils sourient, je pense. « Back To Cruelty », « Wanda’s Loving Boy », « Cancer and Drugs » et “Final Fog (Brouillard définitif)”…quel plaisir de retrouver ces joyaux du rock hexagonal. Seule ombre au tableau de ces retrouvailles : le son quelque peu sourd et écrasé qui manquait d’aigus. Pourtant dans la salle, un certain Étienne Daho ne boudait pas son plaisir : pour lui aussi ce show était sans doute un peu « Back from the Future ». D’ailleurs, après le concert, il se fait photographier aux côtés de Frank tenant en main le nouveau roman du guitariste de MDS intitulé « Vilaine blessure » et publié chez Le Temps. What a night !

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