PRINCE « Controversy »

PrinceVoici 41 dans BEST GBD publiait ZE toute première chronique EVER de la presse rock hexagonale consacrée à un album de Prince, avec « Controversy », le flamboyant 4ème LP de celui qui devra patienter encore trois ans pour devenir le fameux Kid de Minneapolis propulsé au firmament par son « Purple Rain » superstar du cross-over, le fameux choc frontal entre rock et funk qui deviendra sa marque de fabrique. Flashback…

PrinceJe ne serai jamais assez reconnaissant envers Christian Lebrun, notre vénéré rédacteur en chef de BEST pour son extraordinaire ouverture d’esprit. Un an auparavant, je signais encore dans Rock & Folk où régnait sans partage la police de la pensée Paringauxienne, plus préoccupée par Rolland Garros, la gastronomie de comptoir financée par les maisons de disques et les filles à gros poumons à mettre en couverture pour vainement tenter de booster ses ventes. Quel contraste avec BEST (Voir sur Gonzomusic BEST VS ROCK & FOLK OU LA RUE D’ANTIN VS LA RUE CHAPTAL ) où sous l’impulsion de Christian les pages du mag de la rue d’Antin étaient ouvertes à tant de nouveaux sons. Si l’on pouvait en douter, la preuve par la couverture Taxi Girl datée  de ce BEST 163 de fèvrier 1982… ou justement la chronique de cet OVNI sonic qu’était Prince, deux choix que n’auraient jamais fait Rock & Folk.  Dans le compte-rendu de ma rencontre avec Prince après le concert du 3 juin 1981 au Palace, je racontais comment au volant d’un cabriolet à LA, j’avais pilé net en découvrant le volcanique « I Wanna Be Your Lover » sur une station FM. J’étais tellement estomaqué que j’ai dû m’arrêter pour encaisser une telle secousse sismique de magnitude 6. Quelques mois plus tard, j’avais bien tenté de chroniquer « Dirty Mind » pour R&F, cela m’avait été refusé : pas de black en slibard rue Chaptal. Mais avec BEST c’était une toute autre histoire du rock qui s’écrivait, la preuve par ce « Controversy » tactiquement mis en avant dans la hiérarchie des chroniques en la plaçant en tête de rubrique et en version plus étendue. Et de surcroit première chronique d’un LP de celui qui deviendrait le Kid légendaire dans la presse rock Française.

 

Publié dans le numéro 163 de BEST :Prince

« Controversy », c’est le quatrième volet des aventures discographico-érotiques de P, cet insupportable petit éphèbe noir et autodidacte, qui ose asseoir ses petites fesses rondes sur la « moral majority » de pépé Reagan. Prince choque, scandalise, Prince gène à un point tel qu’il est persona non grata sur les médias audiovisuels U.S. Ce Lio (A propos, what’s new pussycat ?) masculin fait littéralement bander la faune gay night-clubisante, mais là n’est pas son seul talent. Ce petit Prince en négatif est avant tout un excellent musicien, une sorte de surdoué totalement égo : il écrit, compose, produit, arrange, interprète et vide seul jusqu’au cendrier utilisé dans le studio. Ce petit bonhomme explosif est une sorte d’anti-Stevie Wonder à la sensibilité comme l’acide sulfurique. Il y a quelques mois, Wonder m’avait avoué qu’il appréciait Prince malgré « le caractère… heu… un peu osé de ses textes » ( Voir sur Gonzomusic SOLO STUDIOS HEROES Épisode 1 ). Moi, lorsque je l’ai croisé à deux reprises, j’étais partagé entre la brosse à reluire et l’irrésistible désir de lui botter le train. La première fois, après son décevant concert au Palace, il m’avait accordé une interview d’une seule phrase : «Je n’ai jamais connu l’enfance ». A l’écoute de « Controversy », on n’a plus aucun doute sur l’Œdipe de Prince. Peu importe l’image, aussi marquée soit-elle, Prince pratique un funk-rock en papier de verre dont la hargne subtile se détache sur fond syncopé de batterie électronique. Même si sa musique trempe dans le bain sanglant punk, Prince parvient à concilier sa violence et ses racines yankees. C’est la formule basique qui fait toute l’originalité du son de Prince, un jeu de contrastes comme le pratique Chic, plus éclaté qu’un pain de plastique explosif. Rock and roll ? Funk ? Rap ? On se fiche pas mal des étiquettes. Soul-amphétamines ou  rock-caféine, « Controversy », c’est la nuit américaine d’aujourd’hui à qui choisit de la vivre à fond.

 

Publié dans le numéro 163 de BEST daté de février 1982BEST 163

 

https://www.youtube.com/watch?v=zOynEyjzTGY

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