RABBIT HOLE
Après l’emblématique 24, puis le palpitant DESIGNATED SURVIVOR, Kiefer Sutherland revient nous faire… kiffer avec RABBIT HOLE sa nouvelle série sur Paramount +, un haletant thriller technologique sur trame d’Intelligence Artificielle et de manipulations numériques version deep fake, un choix de scenario qui se révèle particulièrement judicieux en plein débat sur le AI entre les textes de Chat GPT et les hallucinantes images créées par Midjourney : désormais on ne peut plus vraiment croire tout ce que l’on voit !
Et revoilà Kiefer Sutherland. Après huit saisons dans la peau de l’agent Jack Bauer, puis trois saisons sous les traits de Tom Kirkman, obscur Secrétaire d’État à l’Urbanisme, seul survivant du gouvernement US après un attentat durant le discours sur l’État de l’Union qui décime l’intégralité de la classe politique qui devient en tant que DESIGNATED SURVIVOR ( Voir sur Gonzomusic DESIGNATED SURVIVOR ) Président des Etats-Unis par intérim, le voici sous les traits de John Weir, habile manipulateur et spécialiste du kompromat industriel à travers sa société de consulting. Mais le héros de RABBIT HOLE va bientôt découvrir à ses dépends qu’un arroseur peut très bien lui-même se faire arroser. Et dès la scène d’ouverture les dés semblent jetés…
Gros plan sur le pouce de Kiefer qui bat nerveusement la mesure. Nous sommes dans un confessionnal. « Merci de me recevoir mon Père. J’ai besoin d’aide et je n’ai nul autre à qui m’adresser. Et j’ai besoin de parler. J’ai toutes ces pensées dans ma tête et je me sens égaré. Incapable de faire la différence entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. J’ai seulement besoin que quelqu’un m’écoute. Pensez-vous pouvoir m’écouter. Et garder ça pour nous ? »
« Seulement entre Dieu et nous mon fils », lui répond le prêtre.
« Dieu… alors peut être peut-il m’expliquer tout ce bordel qui m’arrive ».
Générique
Trois semaines auparavant… dans un établissement chic animé de Wall Street, notre homme boit un verre au bar et demande au barman de changer de programme à la télé pour regarder un match de foot. Puis un client déboule et exige de zapper immédiatement sur une scène de news business et au vu des infos, on le voit frénétiquement téléphoner pour ordonner de liquider tous ses actifs d’une société. Puis John Weir se fait aborder par une belle inconnue. Hailey. Et le dialogue s’engage… longuement. Elle vient de Pittsburgh pour un meeting. Ils vont finir par passer la nuit ensemble dans sa chambre d’hôtel. Mais au matin, carrément parano il fouille frénétiquement les lieux à la recherche de cameras planquées et évoque une certaine Madi qui aimerait faire pression sur lui. Et il accuse Hailey de vouloir le faire chanter avant de claquer la porte de la chambre. Intérieur taxi jaune new yorkais, il pense être suivi par une voiture. Arrivé à destination, l’agent Jo Madi l’attend justement aux pieds d’un building. Elle est agent à la division financière du FBI et elle rembobine toute la scène du bar qui n’aurait été qu’une manipulation pour obtenir du gars au téléphone que ces ( fausses) nouvelles alarmantes le forcent à vendre ses actions. Une vente qui favorise justement un des clients de Weir… lequel naturellement nie en bloc. On arrive à son bureau et coïncidemment on reconnait certains des clients du bar parmi ses employés. Et là on comprend toute la manip. Madi lui lance alors « Faire de l’argent avec de l’espionnage industriel c’est de l’argent sale ». « De l’espionnage… mais je ne vois pas du tout ce dont vous parlez » réplique Weir innocemment, « Je ne fais que du consulting ». En fait, nous sommes en train de découvrir le premier data thriller.
« Tu crois acheter des chaussettes sur le net, mais en fait ils savent pour qui tu votes et pourquoi. » lui lance Miles Valence, un vieil acolyte boss de Arda Analyltics – on songe immédiatement au tristement célèbre Cambridge Analytics qui a manipulé notamment les élections américaines- veut lui confier une opération vraiment dirty, un vrai sale coup. Il lui remet un dossier. De retour au bureau, durant un briefing il explique à ses subordonnés qu’ils ont un nouveau client, Luxbrant un cador du luxe, sorte de LVMH… accusé de faire travailler des enfants chez leurs sous-traitants. Or il s’agit d’une rumeur véhiculée par leur principal concurrent le Banomar group qui cherche à torpiller le prix de leur action pour les racheter à bas cout. Mais en fait , l’info est véridique et il faut quand même faire taire la rumeur. Weir et les siens vont devoir créer une boule puante d’une relation entre la boss de Banomar et Edward Homm, le responsable du bureau des enquêtes du département du Trésor. Et d’avoir des images ou de les créer pour le prouver.
C’est le bon vieux Kompromat du KGB, mais en version 2.0 et ça marche : clic clac Kodak et ces deux inconnus se retrouvent sur le même trottoir et échangent même une enveloppe pour la caméra. Cependant, deux heures plus tard, le visage de Weir s’affiche sur tous les écrans TV de NY… il est accusé d’avoir liquidé le type du Trésor. Le komporomateur… est compromis… On le découvre aux news sur des images au volant de la voiture dans laquelle monte Homm. Image de synthèse ? IA très futée ? En plein émergence du débat sur les IA et tout ce qu’elles peuvent nous faire croire, RABBIT HOLE met en plein dans le mille. Weir décide de rejoindre ses bureaux, mais lorsqu’ il arrive aux pieds du bâtiment, c’est pour voir exploser tout l’étage qu’il occupait, liquidant tous ses employés. Incontestablement, RABBIT HOLE a ce petit côté seul contre tous à la Docteur Richard Kimble THE FUGITIVE ( Voir sur Gonzomusic THE FUGITIVE ) « innocente victime d’une justice aveugle ». On songe aussi à quelques fameux films du genre thriller politique tels « Les Trois Jours du Condor », « Marathon Man », « A Cause d’un assassinat » ou encore « The Manchurian Candidate », mais ce qui fait toute l’originalité de RABBIT HOLE c’est bien son contexte technologique où les images peuvent désormais nous berner au point de systématiquement douter de la réalité.
Diffusée sur Paramount+ depuis le 27 mars 2023