PRIMAL SCREAM À LA CIGALE
Mardi dernier, le légendaire groupe rock alternatif écossais Primal Scream, mené par l’inoxydable Bobby Gillespie, a électrisé La Cigale avec un show dense et raffiné, métissant savamment rock, soul 70’s, glam et pulsion Motown, le tout au service de leur nouvel album « Come Ahead » à venir en novembre 2024. Retour sur une performance aussi élégante que percutante à La Cigale… un rock report en forme de cri primaire gaillardement signé JCM !
Par Jean Christophe MARY
Sous les lumières tamisées de la Cigale, Bobby Gillespie, figure centrale et unique survivant de la formation originelle, impose le rythme avec la présence d’un frontman accompli, entouré des fidèles Andrew Innes (guitare), Simone Butler (basse) et Darrin Mooney (batterie), Terry Miles (claviers), Alex White – (saxophone) ainsi que deux choristes. Primal Scream, originaire de Glasgow et formé en 1982, s’est progressivement affranchi du post‑punk originel pour explorer la psyché, le glam rock, la soul des années 70 et les dance‑beats rock’n’roll, notamment avec « Screamadelica » (1991).
Si le concert débute avec le puissant « Don’t Fight It, Feel It » justement extrait de ce « Screamadelica » susnommé, le cœur du set est pour sa part consacré à « Come Ahead », leur 12ᵉ album sorti le 8 novembre 2024, dont pas moins de huit titres figurent à la setlist de la soirée : « Ready to Go Home », « Innocent Money », « Love Insurrection », « Deep Dark Waters », « Melancholy Man »… autant d’œuvres où gospel, cuivres énergie et basses percussives rencontrent la voix posée mais habitée de Gillespie. La puissance émotionnelle est palpable dès les premières notes.
Sur « Ready to Go Home », le public est immédiatement touché par l’intimité de l’interprétation — chanson dédiée au père de Gillespie. Plus rythmés, « Innocent Money » et « Love Insurrection », titre incisif à la fois groove et politique, impriment un tempo direct qui marquent les esprits tout comme « Deep Dark Waters », pièce plus atmosphérique et psychédélique. Les musiciens livrent une performance dense, où la voix grave et parfois retenue de Gillespie dialogue avec des arrangements soignés — les passages gospel en arrière-plan suscitent des frissons.
Entre les titres du dernier album, la formation puise dans son répertoire classique « Screamadelica » (1991) avec « Come Together », « Don’t Fight It », « Feel It, Loaded » à l’énergie brute jubilatoire et « Movin’ on Up », morceaux fédérateurs qui provoquent une euphorie collective, la foule reprenant en chœur ces hymnes festifs. Ce soir, la signature musicale de Primal Scream se déploie pleinement avec ces guitares rock épaisses, ces basses Motown des 60’s réinventées, ces envolées glam rock, et chœurs soul 70’s. La performance se conclut par « Melancholy » extrait du dernier album et deux titres choisis dans leurs archives : l’envoutant « Come Together » et l’incandescent « Rocks » qui soulèvent le public et rehaussent d’une noirceur électrique ce puissant final. Bobby Gillespie, au chant habité, confirme que Primal Scream n’est pas seulement un groupe culte, mais un groupe toujours en quête, bien ancré dans l’époque.
Set-list :
Don’t Fight It, Feel It Screamadelica 1991
Love Insurrection
Jailbird Give Out But Don’t Give Up 1994
Ready to Go Home
Deep Dark Waters
Medication Vanishing Point 1997
Innocent Money
Heal Yourself
I’m Losing More Than I’ll Ever Have Primal Scream 1989
Love Ain’t Enough
The Centre Cannot Hold
Loaded Screamadelica 1991
Swastika Eyes XTRMNTR (2000).
Movin’ on Up Screamadelica 1992
Country Girl Riot City Blues 2006
Encore:
Melancholy Man
Come Together Screamadelica (1991).
Rocks Give Out But Don’t Give Up (1994).