PINK FLOYD «The  Final Cut »

Pink  FloydVoici 42 ans dans BEST GBD poursuivait sa documentation assidue des Pink Floyd, sans se douter un seul instant que ce « The Final Cut », justifiant à la lettre son titre définitif de « le montage final », serait effectivement le chant du cygne de la très planante formation British. Mais encore tout jeune journaliste il était bien naïf, il aurait dû se douter qu’après le phénomène « The Wall », le groupe ne pouvait qu’imploser. D’ailleurs, il y a des signes qui ne trompent pas : Wright avait déjà jeté l’éponge, Mason n’aura contribué au LP qu’à hauteur de quelques bruitages (sic !), Gilmour est resté on ne peut plus discret et l’un expliquant sans doute l’autre… tout est signé du Commandant en chef Waters. Mais même un album moyen et fin de race du Floyd ne peut susciter que de l’intérêt…  pour un médecin légiste du rock et même si ce sentiment parait quelque peu morbide !

Pink  FloydEn ce temps-là, je n’avais pas de problème à évoquer Roger Waters (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Roger+Waters ,   et aussi   ), car il n’était pas, tout du moins publiquement, antisémite, même si on savait que le personnage pouvait se comporter comme une vieille merde, comme lorsqu’il a craché sur un fan qui s’approchait d’un peu trop près durant un Festival. Pourtant, Pink Floyd figurait en bonne place dans mon Panthéon du rock perso. D’ailleurs, dès mon arrivée chez BEST, j’avais suivi le groupe British sur scène ( Voir sur Gonzomusic DANS LES COULISSES DU SHOW PINK FLOYD )  et surtout documenté le fameux film « The Wall », rencontrant à l’occasion le réale Alan Parker, le genial cartoonist Gerald Scarfe et Pink alias Bob Geldorf ( Voir sur Gonzomusic  ALAN PARKER ET LA FACE CACHE DE THE WALL  ). C’est dire après quatre ans d’attente, si on attendait un successeur à ce putain de mur ! À la place on a eu ce « The Final Cut », riche de quelques bonus des sessions « The Wall », boosté par quelques waterseries habituelles ( la guerre, la mort du père, le trauma et bla bla bla). Avec le recul du temps passé, en relisant cette chronique, même je trouve mon jugement un poil trop indulgent, sans doute altéré par cette légende du Floyd ( Voir sur Gonzomusic  https://gonzomusic.fr/?s=pink+floyd ) qui hantait tous ceux de ma génération qui avaient emballé une fille sur « Echoes » et bien au-delà. Comment imaginer que cet album serait en fait le dernier des derniers de la version Mark II du Floyd après Syd Barrett et que ce « montage final » tel un « final cut » de réalisateur serait aussi… final comme un jugement de divorce !

 

Publié dans le numéro 177 de BEST sous le titre :

 

ENTRE QUATRE MURS Pink  Floyd

 

Résumé des épisodes précédents : Démolis le mur…. Blam, à la fin du « Wall », Pink, le personnage central est tiré hors de son mutisme. Est-il sauvé ? En quelque sorte, oui. Pink retrouve les projecteurs de la réalité. Au début de ce « Final Cut », un speaker radio annonce la construction d’un abri nucléaire à Cambridge. Le mur est donc tout autour de nous s’il n’est plus en nous. « Tiens, il en manque un », c’est la première chose qui vous frappe en découvrant ce « Final Cut », Dans leur abri, Waters, Gilmour et Mason ont dû manger leur petit camarade, Wright, pour survivre : dura jungle lex sed lex. La sortie d’un LP du Floyd est accompagnée de mesures de sécurité extrêmement sévères : je vous passe les détails, c’est une histoire qu’on vous a déjà racontée pour Springsteen, Clash et quelques autres, c’est le jeu subtil et lumineux dit de l’écoute sur le terrain. Le Floyd a toujours adoré les bruitages, dans cet album, ils sont plus présents que jamais : radio, automobiles, horloges, extraits de films, bruits de pas. Tous ces sons ont une patine incroyable grâce au procédé de Zuccarelli, l’holophonie, une sorte de stéréo tournante, aux effets à 1800, inventée par un Argentin allumé. Psychic T.V., les anciens Throbbing Gristle ont été les premiers à l’utiliser sur leur LP « Force the World of Chance ». En tout cas, ce son qui virevolte tout autour de vous est assez grisant. Musicalement, ce « Final Cut » est une réelle postface au « Wall ». Dédié au papa de Waters, décédé en 44, son climat général est à la mélancolie. Toute la première face s’étire lentement comme une balade à travers un paysage désolé. La guerre est finie et l’on marche sur les décombres de nos villes Waters est un peu morbide ou trop réaliste. «  The Post War Drearn » me rappelle le simple « The Tiger Broke Free » sorti à époque du « Wall » : une voix presque a capella et la tension qui monte : « Oh Maggie what have we done ». Maggie Thatcher apparaît à diverses reprises dans l’album, ainsi que Begin et tous ceux qui jouent au kamikaze avec les leviers de commande de la planète. Le seul morceau rapide et, à mon avis, le futur simple, c’est « Not Now John ». Le titre a un peu la pèche de « Run Like Hell » sur canapé de choleurs féminins, Waters prononce trois fois le mot fuck ( oh shocking) et une phrase entière en français : « S’il vous plaît, où est le bar ? » Lorsque l’Apocalypse frappe à votre porte, il vaut mieux boire pour oublier. Les disques du Floyd se bonifient à l’usage. Au fil des écoutes successives, « The Final Cut » dévoile peu à peu ses charmes une déprime néo baba et un peu pompeuse, mais à force, il faudrait avoir des tympans de béton pour y résister.  

 

Publié dans le numéro 177 de BEST daté » d’avril 1983BEST 177

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