NOUS ÉTIONS TOUS BABA DEVANT ALI

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Quoi un boxeur dans Gonzomusic ? Et alors, pourquoi pas. S’il ne devait n’y en avoir qu’un seul, ce serait forcément Cassius Clay, alias Mohamed Ali, qui était à sa manière une rock star. N’était-il pas « The Greatest », comme l’a si bien chanté George Benson en 77 pour la B0 du biopic consacré au boxeur ? Et puis il y avait aussi cet incroyable « Rumble in the Jungle » lorsqu’à l’invitation de Mobutu, Ali avait accepté de participer à ce « Woodstock africain » autour du match pour le Championnat du monde des poids lourds mené contre George Foreman où l’on retrouvait James Brown, les Spinners, Miriam Makeba, BB King et même notre Manu Dibango national. Décédé ce jour de complications pulmonaires, à 74 printemps Mohamed Ali était à la boxe ce que le Godfather James Brown était à la soul-music : un géant rendu encore plus grand par ses combats pour la paix et l’égalité raciale.

When We Were KingsJe ne vais pas vous retracer aujourd’hui la bio de Cassius Clay, les autres médias le feront sans doute beaucoup mieux que moi. Mais il existe pourtant un terrain sur lequel Mohamed Ali ne peut être dissocié du monde de la musique par l’immense inspiration qu’il a su apporter à la blackitude agitée. Souvenez vous du texte de la chanson de Benson tout à la gloire du plus grand boxeur de tous les temps : « J’ai décidé voilà bien longtemps, de ne jamais marcher derrière l’ombre de quiconque/ Si j’échoue, si je gagne/ Au moins je vis selon mes croyances/ Peu importe ce qu’ils me prennent/ ils ne me déposséderont jamais de ma dignité/ Car le plus grand amour de tous/ Je l’ai trouvé en moi/ J’ai trouvé le plus grand amour qu’il soit en moi/ Le plus grand amour qu’il soit… » « The Greatest Love of All » George Benson (1977). La grandeur d’Ali se manifeste avant tout par son pacifisme viscéral, lorsqu’il refuse obstinément à la fin des 60’s de partir combattre au Vietnam, car « ils ne m’ont rien fait ; aucun Vietcong ne m’a jamais traité de nègre. » Son combat pour la paix lui vaudra quatre longues années d’interdiction de match et il faudra attendre une décision (unanime) de la Cour Suprême en 71 pour qu’il puisse enfin reprendre le cours normal de sa carrière. Et quelle carrière ! Par trois fois en 64,74 et 78 il remporte le titre de Champion du Monde poids lourd, un record jamais égalé par quiconque à ce jour.

When We Were Kings Clay contre Foreman

Mais pour les music-lovers que nous sommes, c’est ce second titre qui marquera à jamais nos consciences lors du fameux « Rumble in the Jungle », ce combat organisé par le fameux producteur Don King et le dictateur zaïrois Mobutu Sese Seko, qui tentait alors de redorer son blason et de s’imposer en tant que leader du continent Africain, en finançant ce fameux match du 30 octobre 74 au Stade du 20 mai de Kinshasa particulièrement bien documenté par le film de Leon Gast « When We Were Kings » qui remporte d’ailleurs l’Oscar du meilleur documentaire pour l’année 1996. Sur ces images incroyables, on découvre un Ali aussi espiègle qu’il se révèle agile dans l’art de la boxe. Car dès qu’il se retrouve sur son ring, le champion est un danseur de haut vol, aussi exercé que savait l’être un James Brown. Face à George Foreman, il virevolte avec une déconcertante légèreté. Si l’on pouvait encore en douter Mohamed Ali prouve de la manière la plus cinglante qu’il est effectivement une rock star parmi les plus grandes. D’ailleurs, parallèlement au match, un festival comptant de nombreux héros de la musique noire est organisé. James Brown, bien entendu tient la tête d’affiche, mais les seconds couteaux sont aussi parfaitement affutés parmi lesquels on retrouve les Spinners, Bill Withers, BB King, the Crusaders, le Fania All Stars, Sister Sledge, Tabu Ley et Manu Dibango. Et l’écho ce « rumble in the jungle », ce grondement dans la jungle, près de 40 ans plus tard résonne encore à nos oreilles.

Messager de la paixAli messager de la paix

Mais ses années de boxe intense vont faire payer un lourd tribut au triple champion du monde. Dés 1984 Ali commence à être atteint par la maladie de Parkinson. Mais rien de pourra l’empêcher de continuer à agir selon sa conscience. Qu’il parte en Irak rencontrer Saddam Hussein pour tenter d’ obtenir la libération d’otages occidentaux ou qu’il endosse la toge du « messager de la paix » pour les Nations Unies, Ali a toujours mené jusqu’au bout le but  qu’il s’était assignée. Jusqu’à la fin de sa vie, sa popularité jamais ne faiblira. Ainsi, après les attentats du 11 septembre, il militera pour perpétuer le dialogue entre les musulmans et les autres communautés. Hélas, depuis 2014, Mohamed Ali enchainait les séjours à l’hôpital pour de graves troubles pulmonaires. Jeudi dernier, il était à nouveau admis en urgence à Scottdale en Arizona. Il s’est éteint cette nuit après avoir perdu cet ultime combat contre la maladie. Cassius Clay alias Mohamed Ali est mort à 74 ans, avec sans doute la satisfaction d’avoir mené à bien sa mission terrestre. RIP champion !

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