MICHAEL FRANKS « Objects Of Desire »
Voici 41 ans dans BEST GBD succombait forcément à ces objets du désir… et pour une fois la morale n’y trouvait rien à redire puisqu’il s’agissait alors du 8ème LP studio de Michael Franks. « Objects Of Desire » était le digne successeur de son « One Bad Habit » publié deux ans auparavant. Et forcément il en partageait la coolitude illimitée porté par son hit à succès l’entêtant « Jealousy ». Composé sous les cocotiers de Tahiti où le natif de La Jolla au nord de San Diego mettait les pieds pour la toute première fois l’album incarne toute la quintessence du son de Michael Franks ce mélange subtil de folk, de jazz, de soul, de groove épicé bossa. Flashback…
En 84, pour BEST naturellement, je réalisais un de mes rêves musicaux : rencontrer enfin Michael Franks, l’homme au look de d’Artagnan et au cool groove californien découvert au cours de on tout premier trip à LA en 1974 sur KNX FM Radio… certes cette interview n’a pas encore été re-publiée dans votre Gonzomusic, cependant j’ai re-posté la chronique de son 10ème 33 tours de 1987 « The Camera Never Lies » ( voir sur Gonzomusic MICHAEL FRANKS « The Camera Never Lies » ). Pour l’anecdote j’ai à nouveau parlé à Michael Franks en 2012 après un gap de 24 ans, pour la publication de son coffret, mais autres temps autres mœurs cette fois c’était uniquement au téléphone… un entretien que je re-publierai sans doute un jour. En attendant (flash) back to 1982…
Publié dans le numéro 164 de BEST :
Michael Franks s’est offert un petit voyage à Tahiti pour composer les titres de son huitième album et, croyez-moi, il n’a pas eu tort. « Ta-hitian Moon » raconte sa love story avec une indigène et c’est paradisiaque à souhait, comme une mangue fraiche dans laquelle on plante les dents. Dans un style assez proche de Christopher Cross, Franks parvient à éviter le naufrage dans le sucre de canne. L’ensemble est complètement harmonieux, coloré et fort agréable à écouter, parce qu’il sait bien naviguer dans cette musique que l’on s’accorde à taxer de mellow. J’ai découvert Franks grâce à KNX FM, une radio de LA qui ne balance que des trucs extrêmement cool. Si vous avez envie de prendre un bain chaud, c’est un indispensable complément sonore. En plus, Michael sait choisir ses copains, lorsqu’il nous mène en croisière d’une face à l’autre de ses disques. Voulez-vous jeter un œil au registre de l’équipage ? Bien, vous ne serez pas déçus.
D’abord, les deux cuivres, Michael et Randy alias les Brecker Brothers, le sax de David Sandborn, la voix sensuelle de Bonnie « No Nukes » Raite, sans oublier ce frimeur de Larry Carlton et sa guitare millésimée. Enregistré par le procédé du digital, « Objects of Desire » offre une qualité de son absolument irréprochable. Du côté des influences, la musique de Michael Franks est en équilibre parfait entre le funk blanc à la Doobie, le son typiquement west coast et quelques racines bien jazzy. La voix de Michael sait se faire tendre et enveloppante comme la soie d’un parachute. Écoutez donc « Jealousy » ou « Wonderland », on croirait qu’il a enfourché un delta plane pour placer son organe. Il traverse l’espace sonore, joue la transparence avec une parfaite maî-trise. Franks est un équilibriste sur cordes vocales, un pur produit des studios satinés et des scènes confortables à la Greek Theatre. Dans l’Amérique des plus de dix millions de chômeurs, il a choisi le chemin des love sangs aux thèmes aseptisés ; c’est peut-être un moyen d’oublier. Cet « Objet de désirs » lui ressemble tant plus relaxant que motivant, comme le tableau de Gauguin qui l’illustre, c’est une jolie image peut-être un rien surexposée.
Publié dans le numéro 164 de BEST daté de mars 1982