MÉMOIRES D’UN DISCOMANE

francois-gorinContrairement à ce que pourrait nous laisser croire son titre « Mémoires d’un discomane » n’est pas « Mémoires d’un discoman » ou les confessions d’un rock-critic chevronné qui avouerait tardivement son amour de la disco-music. Que nenni… par « discomane » François Gorin entend se glisser dans la peau de l’héroïnomane du beat pour analyser sa totale dépendance… aux supports, qu’ils soient 45 ou 33, vinyles ou CD, MP3 ou streaming. En effet, ce petit livre s’attache à sa relation aux différents modes de consommation de la musique, dont il a été successivement addict, et c’est une confession d’un enfant du siècle sonique dont la lecture se révèle touchante.

francois-gorinCher François, j’ai bien lu ton « Mémoires d’un discomane » car je dois avouer que dès la connaissance du « pitch » j’ai trouvé l’idée absolument brillante. Évoquer ta passion brûlante pour la musique à travers les supports qui l’ont popularisé mais aussi et surtout via ta propre discothèque de music-lover.  Sauf que si c’était moi qui avais eu ton idée, le bouquin ne ferait pas 100 pages mais moins de 50 ! Car cela transpire entre les lignes de ce livre, tu as souffert d’un terrible traumatisme pour le discomane moyen : se retrouver du jour au lendemain privé de sa dope à cause de ces fichus aléas de la vie, comme les ruptures sentimentales et/ou les déménagements, qui peuvent vous désinégrer la plus belle des collections de vinyles en moins de temps qu’il ne faut pour se dire adieu. Et si j’ai bien compri,s à la lecture de ces « Mémoires d’un discomane », de tels traumas se sont répétés, éparpillant à jamais les premiers 45 tours de ton adolescence jusqu’au flot des services de presse reçus lorsque les labels nous arrosaient littéralement de l’or noir de ces albums maxis et autres singles. J’ai souvent dit et ce n’est pas une bravade que si j’avais conservé tous les disques reçus depuis mes premiers papiers en septembre 1979 ce seraient eux qui occuperaient tout mon appartement du sol au plafond et moi je vivrais sur le palier.

Crosby Stills Nash & YoungEn fait, j’en parlais récemment avec Olivier Cachin à une projo, car lui et moi avons eu la chance de ne jamais déménager, ce qui nous a évité bien des choix cornéliens auxquels tu t’es retrouvé confronté… dans la limite de nos espaces respectifs, bien entendu. Toi, hélas tu as plutôt eu le problème inverse ; car au fil des lieux successifs où tu t‘es posé, tu as dû à chaque fois reconstituer ta « discothèque idéale » dans un format contemporain…. Mais pas que, voire carrément racheter un vinyle que tu avais déjà précédemment possédé en CD et sans doute déjà eu en vinyle et c’est terrible car cette quête ne s’arrête jamais. Il te manquera forcément toujours un « Blonde On Blonde », un « Sticky Fingers » ou un « Ladies Of the Canyon » … ou pas, puisque la technologie du streaming des plateformes te permet désormais de TOUT posséder ou presque, avec pour seule limite ta connaissance et ton amour de la musique. Mais même s’il est bien pratique, le streaming n’est-il pas ce que la méthadone est à l’héro ?  Un succédané sans saveur, presque irréel, à des années-lumière de la sensation unique de sentir sous tes doigts le granulé de la pochette US d’origine en simili cuir  et aux lettres dorées à l’or fin de « Déjà vu » de C, S, N & Y ou de respirer cette odeur indicible de vieux carton et de vinyle. Nostalgie, mais pas seulement, ces objets si familiers ont constitué les BO de nos vies dont chaque chanson peut être un puissant retour vers le futur…ou le passé, en l’occurrence. La morale de l’histoire c’est que nous sommes tous des « discomanes »… quant à la mémoire, c’est une toute autre histoire.

 

francois-gorin« Mémoires d’un discomane »

Par François Gorin

Médiapop éditions

 

 

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.