AKUMA LE PIRATE AFICIONADO DE DEPECHE MODE
C’est à travers les réseaux sociaux qu’il m’a contacté, sans doute à cause de mes nombreux faits d’armes aux cotés de Depeche Mode, pour m’envoyer ses jolies productions. Et j’ai craqué. Pochettes élégantes respectueuses du graphisme et de l’esprit du fameux groupe de Basildon, re-mixs inspirés et cools, le label Akuma du franco-belge Steve Beaube publie depuis déjà quelques années et en accord tacite avec Daniel « Mute » Miller ses bootlegs épatants. Rencontre avec un authentique aficionado de Depeche…
Sans doute l’une des toutes premières formations à avoir publié X versions de ses hits re-mixés par de fameux DJ, la musique de Depeche Mode ( Voir sur Gonzomusichttps://gonzomusic.fr/?s=Depeche+Mode ) se prête à l’art du Maxi mix. C’est sans doute ce qui a motivé Steve Beaube à lancer son propre label Akuma records pour donner vie à sa passion. Il nous retrace aujourd’hui la Genèse de son label pirate qui va également se consacrer à Indochine.
« Bonjour Steve, déjà, où es-tu né, d’où viens-tu ?
Hé bien je suis de Tournais en Belgique, en province du Hainaut. Donc en 1981 donc on peut dire quelque part je suis né avec le groupe avec Depeche Mode. Voilà.
Quel est le déclencheur de ton histoire d’amour avec Depeche Mode ?
Mon histoire d’amour, je pense qu’elle est, elle est née avec l’Album « Violator » même si je connaissais évidemment. Dépêche mode depuis quasiment les débuts parce qu’en Belgique, on écoute surtout du rock, de la pop, de la New Wave encore aujourd’hui. D’ailleurs, on n’est pas trop musiques populaires ou comment dire… variété ! La scène belge est encore très rock. Aujourd’hui, je suis frontalier, j’habite dans le nord de la France, mais j’ai encore une grande connexion avec la Belgique. Cependant le choc que j’ai eu, ça a été avec l’album « Violator » qui était pour moi une évidence. Je me suis dit que c’était la musique qui me correspondait le plus. Même si je me suis laissé emporter par d’autres artistes, comme Michael Jackson par exemple ou encore le mouvement New Beat aussi, et même ensuite par l’euro-dance aux débuts des années 90 ? Mais tous ces mouvements m’ont très vite lassé, car bien trop « consommables » et éphémères.
Donc, je suis très vite revenu à Depeche Mode. Moi la première fois que j’ai entendu « Enjoy the Silence » ça a été quelque chose d’incroyable. Ça a été, comme on dit, quand tu écoutes de la musique, tout ton corps réagit. Car la musique, ça ne se vit pas que dans les oreilles. Intérieurement quelque chose t’émeut et te transcende. Quoi donc que j’ai entendu ? D’ailleurs « Enjoy the Silence » encore aujourd’hui reste mon titre favori du groupe pour le synthé, la voix de Dave Gahan, les paroles évidemment, sans oublier la mélodie… c’était vraiment été quelque chose. Je n’ai plus jamais lâché Depeche à partir de ce moment-là.
Et le clip de Corbijn, évidemment !
Excellent, le clip de Corbijn car il te fait tout simplement voyager. Pourtant il a aujourd’hui 30 ans, mais c’est un clip qui ne vieillit pas, toujours très agréable à regarder. Ce sont 4 min de bonheur où on voyage et on est toujours serein en le regardant.
Alors comment franchit-on le pas, comment passe-t-on de simple fan passionné à créateur de musique avec ton propre label Akuma voué au culte de Depeche Mode?
Voilà alors en ce qui concerne l’étymologie du label ça m »est venu très simplement car, mis à part Depeche Mode, j’ai d’autres marottes, dont une immense passion pour la culture japonaise. D’ailleurs avec mon épouse, on est allé très loin parce que nos enfants ont carrément des prénoms japonais car je suis également fan de culture japonaise. Et aussi bien la culture traditionnelle que la culture pop. Donc. J’aime autant tout ce qui est tradition, le port du kimono, la cérémonie du thé. Je m’intéresse même à la religion shintoïste, alors que je ne suis pas croyant. C’est dire si je suis à fond aussi dans la culture moderne, comme les mangas, les jeux vidéo et cetera. Et c’est dans l’un des jeux vidéo le plus connu Street Fighter qu’on retrouve Akuma, mon personnage favori, donc j’ai trouvé tout simplement que cela sonnait bien Akuma records. Akuma signifiant aussi le démon ou le démoniaque. Avec mon ami Luc Lambert, qui est mon designer, on l’a un petit peu retravaillé.
Donc là nous avons l’explication du nom du label, mais on n’a pas l’explication du label lui-même ?
En fait, cela vient d’une mauvaise expérience. En fait, on devait monter un bar Depeche Mode à Tournais avec mon épouse. Mais hélas cela n’a pas pu se faire. Pourquoi ? Parce que tout simplement, on a été lâché par la Banque, alors que nous avions pourtant un accord de principe par la Banque. En plus, on avait fait un business plan. Tout était verrouillé. La Banque nous suivait. Alors, sachant que ce n’est pas le premier bar à thème Depeche Mode qui aurait existé il en existe différents en Europe de l’Est, en Lettonie, en Russie, en Pologne, je crois aussi, il y en a plusieurs. Sachant qu’on n’aurait pas passé que du Depeche Mode, on aurait aussi mis en avant des groupes de la même époque comme the Cure, Indochine ou même Rammstein par exemple.
Et comment on est passé du bar au label ?
Sur les réseaux sociaux, certains fans ont exprimé leur déception sur ce bar qui n’existera jamais, tout comme le Devotional Tour, justement, de la tournée 93 qui serait disponible en audio, mais de bonne qualité. J’ai tout simplement rebondi là-dessus. Je me suis dit qu’effectivement le disque n’était jamais sorti et on a réussi à rassembler des archives de différents shows, mais qui étaient incomplets et j’ai fait tout simplement un premier disque. Donc je me suis renseigné. Comment produire un disque, comment on presse un disque en usine ? Voilà. L’aventure a commencé comme ça. On a fait un premier set puisqu’on a fait 2 disques. Le premier qui est l’équivalent, enfin, qui est très à la VHS, du film de Corbijn qui était sorti à l’époque, et un 2e set basé sur un live de Londres durant la même tournée.
Évidemment, tout ça en franc-tireur, c’est à dire sans en référer à Mute ni à Depeche ?
Alors, attention, c’était surtout par rapport aux droits de la SACEM ou de la SABAN en Belgique que cela pouvait poser un problème. Mais pas par rapport à Mute et Daniel Miller. D’ailleurs, il en parle dans le livre « Monument », qui a été édité sur Depeche Mode ; il y a même un chapitre consacré aux bootlegs avec une interview de Daniel Miller. Et dit quoi ? Qu’il n’est absolument par contre, parce qu’il sait que de toute façon que les disques pirates existent déjà depuis presque 60 ans. À l’époque des Stones, ça existait déjà. Et Daniel Miller n’est pas contre, à condition que le bootleg soit bien réalisé et qu’on ne prenne pas les fans pour des vaches à lait, c’est à dire que les disques ne soient pas vendus à un prix prohibitif dans ce cas pour lui, ça ne pose aucun problème. On m’a même rapporté par quelqu’un de son entourage qu’il aurait vu nos pochettes et qu’apparemment ils les trouvaient au top. Et cela fait déjà six ans que le label existe, je pense qu’il nous aurait déjà envoyé les huissiers s’il n’était pas tacitement consentant.
À ton actif, ces disques sont faits avec amour et de surcroit ce sont de beaux objets qui collent au graphisme et à l’esprit du groupe. Et surtout le son est impeccable.
Si j’ai commencé seul cette aventure, aujourd’hui j’ai plein de fans de DM qui me suivent sur les réseaux sociaux. Il y a aussi de plus en plus de personnes qui veulent s’associer au label en proposant leurs re-mixes car nous publions aussi bien des disques live que des compilations de re-mixes justement. En CD et en vilnyle. Et pour cela, j’ai besoin de différentes personnes qui auront différents talents, surtout pour tout ce qui touche au graphisme, parce que ce n’est absolument pas mon domaine. Et aujourd’hui, je travaille avec Luc Lambert qui est quand même relativement connu qui s’occupe des designs de, de de tous mes disques.
Et donc tu fais aussi DJ remixer ?
Exactement. Voilà, je fais du montage audio, j’ai fait quelques remixes, dont les plus connus étaient surtout sur le disque, « Never Let Me Down Again », qui est sans doute aujourd’hui celui qui a remporté le plus de succès. Je sais que certains DJ l’ont même joué en boîte. On m’a même appelé d’Angleterre pour me dire qu’un de mes mixs était passé en boîte en Angleterre. Alors ça motive bien sûr, ça fait très plaisir. Mai je ne cherche pas la gloire pour autant, je ne cherche pas être sous les feux de la rampe, à être sous la lumière. Voilà, je fais ça par amour. Voilà, même si je suis entre guillemets, obligée de ramasser la pièce parce que produire un disque ça coûte relativement cher et que si je veux passer au projet suivant, je suis un petit peu obligé de rentabiliser.
Mais, comme tu le disais, tu t’es engagé à ce que ces disques restent à un prix abordable pour les fans.
Il suffit d’aller dans des conventions de disque. On voit certains bootlegs qui sont vendus 60 voire 100 €. Je trouve ça complètement aberrant, même si ce sont des éditions limitées à quelques centaines d’exemplaires. Alors OK, il faut rentabiliser le l’objet mais certains prix sont quand même un peu exagérés. A mon sens, que ce soit de toute façon que ce soit un disque officiel où officieux, un bootleg ou non, un pirate ou non, à partir de 40€ voire 50 €, je trouve cela carrément excessif.
Combien sont-ils vendus chez toi ?
Dans une fourchette comprise entre 20 et 40 € et encore… saufs projets spéciaux comme ce prochain coffret « Faith & Devotion » riche de 4 CD, qui sera commercialisé un peu plus cher.
Mais tu travailles encore à coté ?
Je ne travaille plus, même si j’ai été en gendarmerie à une époque, j’ai aussi travaillé dans la sécurité…
Ah mais c’est un scoop… tu as été gendarme ?
Tout à fait, j’ai été gendarme pendant 5 ans, j’ai même la qualité de tireur d’élite. Figure-toi. Donc ça peut paraître incroyable. Mais c’est un métier aujourd’hui que tout le monde connaît, entre guillemets, par les médias, et tout ce qui est faits divers. C’est un métier dangereux, c’est un métier qui est aussi mal payé. Donc mon épouse a dit, heureusement que tu ne fais plus partie de la maison gendarmique. Donc j’ai fait mes 5 ans, j’avais la qualité de gendarme adjoint, donc j’étais vraiment jeune gendarme mais je n’ai pas voulu continuer l’expérience, ça m’a suffi.
Et la musique c’est quand même moins dangereux !
C’est plus safe, ça c’est sûr ! Et puis on peut allier le métier et la passion. C’est quand même beaucoup plus sympa ; on rencontre des gens de différents bords, c’est quand même plus enrichissant, plus intéressant. Et même si j’ai travaillé dans des endroits très intéressants comme le parc Disney, car j’étais chargé de la sécurité de Disneyland à une époque. C’était très intéressant, j’ai même travaillé sur les Champs Élysée pour Cartier et Dior, mais c’est pareil ce sont des métiers ou tu ne prends pas vraiment plaisir à travailler alors que quand tu es DJ, tu en apprends tous les jours.
Alors quel est le futur d’Akuma dans les mois à venir ?
Pour les mois à venir, on a beaucoup de projets sachant qu’après Depeche, on s’est attaqué à un autre groupe que tu connais aussi très bien puisqu’il s’agit d’Indochine. L’anecdote c’est que j’ai beaucoup de fans qui me suivent sur les réseaux sociaux et il y en a énormément qui sont à la fois fans de Depeche et d’Indochine. Et ils ont commencé à me faire passer le message : ce que tu fais avec Depeche Mode c’est génial mais pourquoi ne ferais tu pas la même chose avec Indochine, soit publier lives et re-mixes inédit. Je leur ai répondu que je devais avoir un OK de Nicola Sirkis. Je lui ai donc envoyé toutes mes productions et il a trouvé ça vraiment très bien. Donc il m’a fait passer le message que je pouvais publier mes disques.
Et tu as déjà publié un premier EP avec différentes versions de son single historique « L’aventurier » !
C’est cela. Avec différents DJ qui ont différents styles et le disque cartonne bien. La pochette est aussi signée Luc Lambert. Et on ne reprend jamais les mêmes samples, les mêmes sons et c’est pareil au niveau des pochettes, on essaye toujours de faire quelque chose de différent mais qui respecte l’esprit du groupe.
Et sur Depeche d’autres sorties sont prévues ?
Tout à fait on va faire les vingt plus grands titres du groupe en nouveaux maxis vinyles avec des remix inédits, peut-être plus électro. Le prochain à être publié sera consacré à « Policy Of Truth » de l’album « Violator ». Les re-mixs sont prêts et le disque va être pressé pour une sortie en ce début d’année. »
Et pour commander…