MAUJARD « L’âge de fer »

MaujardQuatre années après avoir réactivé son mythique Ubik, Philippe Maujard revient enfin sur le devant de la scène, mais cette fois en version solo avec cet étonnant « L’âge de fer », qui swingue furieusement entre rock et électro, entre futur et nostalgie, entre humour et mélancolie, pour un album en quasi « one man show » qui ne saurait laisser indifférent quiconque s’intéresse sérieusement au rock rennais dans ce qu’il a de plus qualitatif.

MaujardMaujard et les télépathes ? DJ le Clown ? Ubik ou simplement Maujard (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Maujard ), depuis l’aube des 80’s le chanteur guitariste claviers occupe une place particulière dans le riche univers sonic du Grand Ouest. Et si l’on pouvait encore en douter, ce nouvel album vocalisé à la fois en Français et en Anglais le prouve de la manière la plus cinglante, l’artiste puisant ses influences de Material à Wall of Voodoo en passant par les Talking Heads et forcément Marquis de Sade. Et tout démarre sur le beat syncopé de « La musique », aux confins de la samba brésilienne et de la rumba zaïroise sur un joyeux et entrainant beat électronique qui fait un peu songer à Yello. Quant à « Dirty Lover » il ne s ‘agit  pas d’une reprise de Michael Jackson mais du pur Maujard sur un feeling un peu Wall Of Voodoo et son géniteur Stan Ridgway, quelque part entre « Mexican Radio » et « Drive She Said » porté par son irresistible petite trompette mariachis. Puis on continue le trip rythmes latins pulsés par les cuivres avec « Avec toi » qui sonne un peu Arthur H en mode décalé. Sur « Je m’ennuie de Liz », on retrouve un parlé/chanté à la Gainsbarre lyrique sur son bandonéon, pour constituer une love-song fantasque et entêtante en version néo-tango qui tangue, un des must de cet album. Quant à « L’age de fer », la chanson-titre se révèle intense et climatique, rythmée par des violons entêtants. « Cœur vaillant » marque un retour au mode disco-electro, avec la puissance décalée d’un rock rennais de qualité, musclé par le barrissement des cuivres aux parfaites réminiscences de MDS signé Daniel Pabœuf.

MaujardDe même, « Tango » incarne un rock retro 60’s en anglais dans le texte, propulsé par une guitare modèle James Bond theme, pour un titre entre Stan Ridgway, Leonard Cohen et le regretté Philippe Pascal. Mais Maujard a bien plus d’une corde à son arc rock et le prouve avec cet « Antidépresseur », hit en puissance un peu dingue façon Katerine sur petite guitare cold white funky à la Talking Heads. Puis « Bornes kilométriques » joue l’écho de « Fame » de Bowie lorsque « Tout toi » file à cent à l’heure, quelque part entre Material et les Pet Shop Boys. Il existe aussi une face sombre et mélancolique de Maujard, illustrée ici par le slow spleenien « Sous le chapiteau » et l’inquiétante « Que pour toi ». Bouquet final de feu d’artifices avec la superbe « Mes amis morts », sans doute une de mes favorites de l’album. Car comment ne pas songer à tous ces héros du rock rennais disparus trop tôt : Philippe Pascal, Frank Darcel, Frederic Renaud, Dominic Sonic ou Philippe Tuffigo  … « mes amis morts je pense à vous pourtant il faut patienter… je ne suis pas pressé… on parlera funérailles qui était là qui s’est fait porter pale… »… chante Maujard et c’est tellement chargé d’émotions même sur un mode quelque peu cynique, sur son beat nonchalant et insouciant qui contraste avec la gravité du sujet abordé. Bel hommage aux copains disparus !

 

 

 

 

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