L’AFFAIRE DAN COOPER

Pierre Mikaïloff  par Céline Guillerm

Pierre Mikaïloff par Céline Guillerm

C’est le nouveau Mikaïloff et, pour une fois, il n’est pas consacré à une ténébreuse rock-star mais à un mythe, celui de Dan Cooper. À l’aube des 70’s un individu embarque à bord du vol 305 de la Northwest Orient Airlines pour le détourner. L’homme se fait remettre 200.000 $ équivalent de 1 million $ d’aujourd’hui et 4 parachutes… et saute du Boeing 727 dans la nuit. On ne l’a jamais retrouvé ni  lui, ni les billets numérotés de la rançon. L’AFFAIRE DAN COOPER ouvre de nombreuses portes sur cette histoire vraie en mêlant fiction et réel pour tracer une galerie de portraits de cette Amérique peuplée de personnages aussi rock que misfits qui ont fait sa légende. Bref, ne vous y trompez pas, il s’agit bien là DU roman de l’été.

Pierre Mikaïloff Avec Pierre Mikaïloff ( Voir sur Gonzomusic   https://gonzomusic.fr/?s=Pierre+Mika%C3%AFloff+ ), il suffit souvent de gratter sous le costume de l’écrivain pour retrouver le Perfecto du rocker. Et ce n’est pas l’ex-guitariste des Désaxés qui me contredira. La preuve par les deux standards rock cités en exergue dans L’AFFAIRE DAN COOPER (publié à La manufacture de livres) : l’excellent « Bag Full of Money » des Byrds qui figure sur la réédition de leur LP « Farther Along » de 1971 et « Ramblin’ Rose » signée des frères Noel et Joe Sherman et surtout popularisée par Nat King Cole.  Entre le roman et le recueil de nouvelles, l’ouvrage évoque l’un des plus mystérieux faits divers des 70’s, le détournement d’un biréacteur de la compagnie Northwest Orient Airlines qui reliait Portland, Oregon à Seattle, Washington l’après-midi du 24 novembre 1971. Il faut se souvenir qu’en ce temps-là, monter à bord d’un aéronef était aussi facile que de monter dans une rame de RER, les compagnies aériennes et les aéroports ne se livrant alors à aucun contrôle de sécurité. C’est dans ces conditions que, vêtu comme un représentant de commerce lambda en costume-cravate, un dénommé Dan Cooper monte à bord du Boeing 727-100 immatriculé N467US. Le vol durant un peu moins d’une heure, dès que l’hôtesse lui propose à boire, il lui transmet une petite note expliquant qu’il est porteur d’une bombe qu’il compte bien déclencher si ses revendications ne sont pas acceptées, soit une rançon de 200.000$ ( équivalent à 1 million d’€ d’aujourd’hui) et la remise de 4 parachutes.

Pierre Mikaïloff

Pierre Mikaïloff par JC Polien

Ses demandes sont prises au sérieux, au point qu’à l’arrivée à Seattle la rançon et les parachutes sont au rendez-vous sur le tarmac. Dan Cooper libère alors les passagers comme il s’y était engagé, l’avion re-décolle, puis au-dessus de la forêt qui borde la rivière Lewis, le preneur d’otage exige que l’avion ralentisse sa vitesse et son altitude, avant de lacérer trois des parachutes puis d’ouvrir une trappe arrière baptisée « airstair » ( qui sera à la suite de ce détournement supprimée des aéronefs fabriqués par Boeing ) pour ensuite se jeter dans le vide glacé. On ne retrouvera jamais ni le mystérieux Dan Cooper ni les liasses de billets numérotés… à l’exception d’une toute petite partie du butin, découverte bien des années plus tard, sur les berges de la Lewis River, faisant entrer dans la légende ce désormais fameux Dan Cooper carrément volatilisé. À partir de cette histoire réelle, Pierre Mikaïloff construit son roman, en ouvrant et refermant les portes des nombreuses hypothèses suscitées par L’AFFAIRE DAN COOPER. L’auteur dresse ainsi une série de portraits de Dan Cooper-suspects potentiels, la plupart ayant servi sous les drapeaux et participé aux guerres du Vietnam et/ou de Corée, avant de déraper à leur retour à la vie civile, des hommes brulés par la vie et le système qui auraient ainsi pu prendre leur revanche, en imaginant et réalisant cet ambitieux détournement d’avion. On se croirait presque dans des chansons de Bruce Springsteen, où le working class se mue en hero pour rebattre les cartes truquées que lui impose la société. Dans son enquête, l’auteur envisage même que L’AFFAIRE DAN COOPER puisse être un « inside job » monté par l’équipage pour s’octroyer une petite « prime » face à une compagnie aérienne qui exploitait sans vergogne son petit personnel. À la lecture de ces presque 400 pages, que l’on dévore avidement, le lecteur pourra se faire sa propre idée sur cette histoire juste incroyable et pourtant si vraie.

Pierre MikaïloffL’AFFAIRE DAN COOPER

Par Pierre Mikaïloff

 La manufacture de livres

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