JULIEN CLERC « Terrien »

Julien ClercUn 1/2 siècle de carrière de chanteur de variété, Julien Clerc publie ces jours-ci « Terrien » son 26ème album studio. Soit douze chansons inédites, composées durant le confinement. Pour les textes, le vocaliste de 73 ans s’est entouré d’auteurs multi générationnels parmi lesquels Clara Luciani, Jeanne Cherhal, Bernard Lavilliers, Marc Lavoine, mais aussi le rapper Vincha. Si tous ses aficionados – et surtout aficionadas- seront ravi-e-s, tous les autres déploreront, comme à l’accoutumée, sa propension à vouloir toujours – et si futilement- séduire à tout prix.

Julien ClercDepuis son premier single « La cavalerie », à la fin des sixties, j’ai toujours considéré Julien Clerc comme un chanteur à minettes, captivées par ses mèches ondulées et ses bêlements séducteurs. À la différence d’un Alain Chamfort, qui a très vite trouvé sa Rédemption, dès qu’il a pu s’affranchir de la tutelle trop pesante de Claude François, Julien Clerc s’est toujours entêté à « draguer » vague après vague ce qui constitue depuis toujours son cœur de cible : les femmes, les filles, les gonzesses se contentant de ne surtout jamais sortir de sa zone de confort, ce qui a hélas pour effet de générer un sacré ennui pour l’écrasante majorité de ses auditeurs masculins. C’est ainsi qu’en plus de 40 ans de critique musicale, je n’ai jamais consacré une seule ligne à ce chanteur, le classant dans la case variété hard-core aux côtés des Adamo, Bruel, Cabrel et autres Pagny. Mon unique contact avec lui aura été une rencontre fortuite à l’Olympia au début des 90’s : avec ma compagne nous étions installés dans le carré VIP qui avait été réservé à l’orchestre. À un moment, j’ai dû quitter ma place la laissant seule à côté de mon siège vide. À mon retour, je retrouve Julien Clerc, accompagné d’une femme, en pleine conversation avec elle. Et le dialogue était surréaliste sur le mode : « vous savez qui je suis ? Je suis Julien Clerc et j’exige vos places. » Estomaqué par tant d’aplomb, je lui avais alors rétorqué un truc du genre : « et moi je suis GBD et nous sommes déjà installés à cette place, désolé ! ». Le chanteur était alors (pour une fois) resté sans voix. Le gag, qui m’avait beaucoup fait rire à l’époque, c’est qu’il venait tout juste de sortir son nouvel album intitulé… « Fais-moi une place ». Raté ! Tout cela, pour vous expliquer que cette chronique ne parait aujourd’hui sur Gonzomusic qu’au nom du pluralisme et surtout pour faire plaisir à Jean Christophe MARY,  qui a le droit d’avoir toujours à son âge des goûts de midinette… c’est clair… enfin Clerc …et que même que si c’était moi qui m’étais attelé à ce papier, ce nouvel album aurait été très vite rebaptisé « T’es rien » 🤪… bon, ok, je sors…..

 

Par Jean-Christophe MARYJulien Clerc

 

Julien Clerc appartient à cette génération d’artistes, vedettes des 60’s, toujours apprécié en 2021. À l’instar d’un Johnny Hallyday, Michel Polnareff, Eddy Mitchell ou d’un Jacques Dutronc, Julien Clerc a su traverser les modes et attire à ses concerts autant les fans de la première heure que les nouvelles générations. Une raison à cela : les chansons de Julien Clerc enchantent notre quotidien depuis d’un demi-siècle tout en marquant les grands événements de nos vies, nos amours, nos rencontres, nos ruptures. Artiste authentique, sensible et romantique, il possède un sens redoutable de la mélodie. Avec le temps, le chanteur est devenu un artiste de référence qui collectionne les tubes, les disques d’or et qui remplit les plus grandes salles. Son public, toujours très féminin, continue de se pâmer devant le beau Julien. Et pourtant l’artiste, propose aujourd’hui un album beaucoup moins romantique. Peu de chansons d’amour ici, mais des titres plus « engagés » servis par de talentueux paroliers. Refrains accrocheurs, mots qui font mouche, les mélodies de Julien possèdent l’art et la manière de souligner ces mots qui racontent nos petits bobos. Des textes servis avec tant de lucidité et d’humanité que forcément, on se sent concerné. Voilà des chansons qui évoquent l’écologie, les violences faites aux femmes et rendent hommage aux enseignants. Portés par des mélodies impeccables et des arrangements vocaux harmonieux, les mots insinuent parfois une certaine gravité dans le propos.

Julien ClercComment rester insensible à « L’amour des gens », ne pas ressentir un petit pincement au cœur sur « Mon refuge » titre caribéen chaloupé. On les ressent nous aussi ces souvenirs d’enfance ou un jour une enseignante a embelli notre vie « Mademoiselle », ces petites plaies intérieures marquées par l’alcool « Comment tu vas ? ». Julien Clerc sait aussi nous arracher des larmes sur les violences faites aux femmes « La jeune fille en feu ». Le dérèglement du monde est aussi une préoccupation chez lui qui signe ici « La rose et le bourdon » et « Terrien », deux titres autour des changements climatiques, environnementaux. Dans « Brexit », il dresse le portrait d’une Angleterre désuète qui nous quitte. Un petit clin d’œil en forme de pied de nez à celui qui vient de rentrer en France après cinq années passées à Londres avec sa famille. Sans être révolutionnaire, « Terrien » est subtil mélange de chansons traditionnelles autour d’arrangements modernes. C’est là toute la force du chanteur. À l’image de ces 12 titres réalistes et touchants, comme chez Souchon, Cabrel, titres qui nous font réfléchir, nous réconfortent et nous laisse parfois un petit goût amer dans la gorge. Des chansons quoi.

 

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