JONATHAN WILSON « Dixie Blur »
A 45 ans, Jonathan Wilson est loin d’être un novice. Singer song-writer surdoué, mais aussi producteur et session man, le natif de la Caroline du Nord a tant de cordes à son arc qu’il n’est guère surprenant qu’il mette dans le mille; comme avec ce « Dixie Blur », ce flou de Dixie, qui est aussi un fou de Dixie, tant son amour pour le Sud et sa country music transparait dans ce 7ème épisode des aventures solos de ce cow-boy du 21ème siècle, chevauchant entre Stephen Stills et le mythique Quicksilver Messenger Service.
Par Jean-Christophe MARY
Après avoir exploré le pop rock psychédélique, Jonathan Wilson renoue avec ses racines avec ce nouveau disque empreint de toute la fraicheur de ses sonorités country et bluegrass. Au fil du temps et des albums, le californien se révèle comme l’un des auteurs folk les plus talentueux de ces 20 dernières années. Du rock psyché à la soul, de la country au bluegrass. Jonathan Wilson peut tout chanter. La poésie de ce formidable musicien arrangeur est taillée dans la même veine que celle des artistes des 60’s et des 70’s, les Neil Young, Crosby, Stills & Nash ou The Band. Comme eux, Jonathan Wilson est doté d’une voix aérienne, puissante dont l’écriture sensible fonctionne aussi bien aux images qu’aux sensations. Après deux albums pop rock psychédéliques « Fanfare » et « Rare Birds », Wilson se replonge les racines de son enfance pour un album aux sonorités country et bluegrass. Le son riche et atmosphérique country-country de cet album a fait des comparaisons avec Neil Young. Epaulé par le producteur Pat Sansone, Jonathan Wilson s’est enfermé au Sound Emporium Studio avec Mark O’Connor (violon), Kenny Vaughn (guitare), Dennis Crouch (basse), Russ Pahl (pedal steel), Jim Hoke (harmonica), Jon Radford (batterie), Drew Erickson (claviers). Le résultat est une fois de plus surprenant. Dès « Just For Love » notre attention est focalisée sur la flûte, ce piano discret ou cette basse qui ondule au-dessus de sa voix venue des cieux. « 69 corvette » nous offre un paysage sonore serein où dominent piano et guitare acoustique renforcé par un violon apaisant. Ici on jurerait entendre un nouveau titre Kansas.
Le son retour vers le futur des 70’s de « New Home » donne l’impression de découvrir un nouveau talent, qui ressemblerait à un young 😜 Neil Young. Les harmonies vous ramènent aux années soixante-dix et vous amènent à l’ambiance américaine avec cette pedal steel qui se fond au mellotron. « So Alive » est une agréable ballade bluegrass racée rehaussée d’un violon tourbillonnant tandis que la descente harmonique de « Platform » remets elle au goût du jour la beauté chatoyante du « Everybody’s Talkin » d’Harry Nilsson. Ballade rock mid-tempo, « Oh Girl » semble elle aussi toute droit sortie des années 60/70 avec ces envolées de voix, cette guitare psychédélique enroulée dans un superbe son technicolor qui rappelle Graham Nash. Comment rester insensible face à ce « In Heaven Making Love » ballade électrique country rock hillbilly chaloupée au refrain catchy. Gimmick de guitare obsédant et chœurs ouverts vers les cieux, « Enemies » est un titre rock particulièrement habité dans la veine de Bruce Springsteen ou Tom Petty. En conclusion, la grande réussite de cet album est d’avoir su trouver le juste équilibre entre montées violente d’adrénaline et moment d’accalmie. L’équilibre des arrangements entre la voix et les instruments approchent souvent une certaine grâce et valorisent les titres au maximum. Il est difficile de dire si ce sont les compositions ou le chant qui retiennent le plus l’attention. Peut-être est-ce tout simplement la combinaison des deux. Maintenant croisons les doigts pour que le concert initialement prévu le 29 mars à la Maroquinerie puisse être reporté en 2020. « Dixie Blur » le mérite vraiment. Et nous aussi !