JIM STEINMAN « Bad for Good »
Voici 40 dans BEST, GBD chroniquait le premier LP de Jim Steinman , ci-devant géniteur assumé du colossal « Bat Out of Hell » de Meat Loaf. Hélas le natif de Hewlett, New York nous a quittés le 19 avril dernier victime de complications respiratoires. Quatre décennies plus tard son « Bad For Good » résonne toujours aussi puissant à nos oreilles. Flashback….
Il est mort chez lui dans sa résidence du Connecticut à seulement 73 piges en avril dernier, mais Jim Steinman n’en était pas à son premier problème de santé. En 2004 déjà victime d’un AVC, il avait quasiment perdu la faculté de s’exprimer. Suivi d’un autre AVC en 2017. Il s’est éteint le 19 avril dernier emporté par une pneumonie. J’avais alors re-publié sur Gonzomusic une partie de mon reportage à NY au printemps 81 où justement je tendais mon micro à Steinman ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/so-long-jim-steinman.html ). Retour vers le futur de ce tonitruant « Bad For Good »…
Publié dans le numéro 155 de BEST sous le titre :
LE RETOUR DE PETER PAN
Jim Steinman, Jim l’homme-roc (littéralement), avait un nom prédestiné à l’explosion d’une saine énergie rock and rollienne… Inconnu célèbre, Jim doit cette qualité à « Bat Out of Hell », le sanglant LP de Meat Loaf où il signe toutes les compositions ainsi que les arrangements. Souvenez-vous, l’histoire remonte à l’été dernier, CBS annonçait comme imminente la sortie du Meat frais… et, ensuite, ce fut l’insoutenable abîme du silence, style vraiment on se défile. D’imminent on est passé par les stades intermédiaires de l’incessamment sous-peu ; à ce jour, pourtant, le LP n’a toujours pas fleuri dans les bacs à disquaires. Presque un an après, c’est « Bad for Good », le LP de Steinman, qui sort. Après une longue et minutieuse enquête jusqu’a NY (voir dans le BEST 156 du mois prochain), j’ai découvert qu’il s’agissait, en fait, d’un seul et même disque. À l’origine, Jim, le compositeur avait mis ses voix sur les maquettes. Entre-temps, le père Meat a perdu la sienne… et c’est Steinman qui, en définitive a enregistré à sa place. Si vous avez flashé comme j’ai flashé sur ce heavy metal symphonique qu’était « Bat out… », ça n’est vraiment rien à coté de la déflagration cardiaque que vous procurera « Bad for Good ». Produit of course par l’immense Todd Rundgren, celui-ci ne se contente pas de le griffer puisqu’on l’entend aussi distinctement sur tous les chœurs et ils sont vraiment superbes. Mais parlons des hommes qui figurent au tableau d’honneur des crédits: Todd a la guitare, Kasim Sultan et Roger Powell, respectivement basse et synthé d’Utopia, Roy Bittan le piano sensitif du E Street Band et son copain le batteur Max Weinberg, sans oublier les nanas de choc Ellen Foley et, surtout, Karla De Vito. Enregistré sur deux fois 24 pistes au Sterling Sound de la « Grosse Pomme », « Bad for Good » à l’écoute tient facilement la distance : au bout de trois semaines d’un usage quasi quotidien, je ne suis pas encore parvenu à m’en lasser. La pochette signée Corben représente un ange aux ailes retombantes : Peter Pan, que Walt Disney avait castré, retrouve son sexe et sa virilité avec Steinman. En effet « Bad for Good » raconte ses envolées avec Wendy et elles ne sont pas toujours de tout repos mais, pour être un « Dur à jamais », il faut au moins le speed énergétique d’un super rock extrêmement bien léché. Le premier titre, « Bad for Good », avec « Out of the Frying Pan » et « Stark Raving Love », en est un parfait exemple. Mais Steinman sait aussi se raconter en balades, épaulé par le piano magique de Roy Bittan (« Lost Boys and Golden Girls », « Left in the Dark ») sans perdre son feeling aiguisé comme un cran d’arrêt. « Bad for Good » est peut-être le disque le plus cher de notre histoire (sic !) mais c’est avant tout un bon disque de rock et comme ça n’est pas nous qui payons la facture…
Publié dans le numéro 155 de BEST daté de juin 1981