J’AI ASSISTÉ AU PIRE CONCERT D’EARTH,WIND & FIRE DU MONDE

Earth, Wind & Fire Voici 41 ans dans BEST GBD assistait à ce qui devait constituer le plus mauvais show d’Earth, Wind & Fire du monde… et pourtant la formation de Maurice et Verdine White n’y était pas pour grand-chose car la principale coupable était la salle choisie par la prod, cet infâme parc des Expositions de la Porte de Versailles et son acoustique digne d’un container de chez Bolloré… sans oublier sa complice, la productrice de l’évènement, une certaine Jackie Lombard qui finira tout de même boss de Live Nation France… flashback !

Earth, Wind & Fire by Claude Gassian

Earth, Wind & Fire by Claude Gassian

Il y a mille et une manières de ruiner un concert. Parfois c’est à cause de l’artiste… ou de l’absence de performance de l’artiste, comme ce Zenith plein comme un œuf où public, techniciens et musiciens attendaient un Alpha Blondy… qui n’est jamais venu. Mais au top 5 des shows ratés, la cause principale est le plus souvent un son pourri, à l’instar de ce catastrophique concert de Michael Jackson au Parc des Princes en juin 1988, suivi de près par celui de Bruce Springsteen à la Courneuve en juin 1985, le funeste concert de Bob Dylan au stade de Colombes en juillet 1981… avec les CRS qui chargeaient les jeunes en arrière-plan de la scène, sans oublier le son moisi de Queen au Bourget (Voir sur Gonzomusic   ) en janvier 1981. Et, heureux finaliste du Top 5 l’acoustique catastrophique du palais des Expositions porte de Versailles qui ruine la performance d’Earth, Wind & Fire pourtant réputés pour la limpidité de leur son sur disques. Cette fois, la coupable sera désignée, soit Jackie Lombard la productrice du concert qui a choisi cette salle et à qui je donnais la possibilité de se défendre dans les colonnes de BEST. Inutile de vous dire que les explications de la dame ne m’ont pas convaincu… ce qui ne l’a pas empêchée de poursuivre une carrière plutôt brillante, produisant à tour de bras des concerts jusqu’à devenir la première patronne de Live Nation France… en revendant sa boite aux fameux producteur US. Elle continuera néanmoins à produire en s’associant avec Bernardin les shows des Stones ou de Macca.

Publié dans le numéro 165 de BEST sous le titre :

MARCHANDS DE VENTEarth, Wind & Fire

Monsieur le Procureur de la République, si je vous écris cette bafouille, c’est que, sur la lamentable affaire Earth, Wind and Fire, ça va être encore la faute à personne… Revenons quelques jours en arrière. La date : 15 Février 82 ; et le lieu incriminé de toutes ces exactions le « Parc des Expositions », porte de Versailles. Entendons-nous bien : depuis le fond des âges et notre formation cartésienne, on ne mélange pas les choses à ce point. Les objets, comme les lieux, ont une destination propre. Imaginez qu’un jour de 11″ août, la S.N.C.F. en over-dose de passagers, choisisse de les caser dans des wagons de marchandise, voire de bétail, quel foin ça ferait ! C’est comme l’huile scandaleuse d’Espagne : à l’origine pour les machines et, au bout de la chaîne, sur la table des ménagères ibères, une histoire à finir en prison. Pourtant, il semble qu’en matière de rock and roll, les choses soient différentes. L’amateur de concerts serait-il le sous-prolétariat de la consommation ? En voyant l’énorme caisse du Parc des Expos à moitié camouflée sous le brouillard humide, ce soir-là, j’ai commencé à comprendre l’étendue du désastre. Déjà, pour y pénétrer, fallait vraiment en vouloir ; des milliers de spectateurs agglutinés autour des deux entrées où les services de sécurité canalisaient brutalement le flot humain car il y avait eu 18 000 billets de vendus. Normal, E, W& F, même à 70 balles, ça valait son pesant de rêve, de fun et d’évasion. 70 francs pour un petit billet rouge et une heure trente d’un subtil bonheur funky, c’est un bon deal, à condition de ne pas se faire empapaouter en Technicolor. Déjà 19 000 spectateurs divisés par deux portes, ça donne quelques kilos d’os de pieds broyés. A l’intérieur, c’est l’angoisse totale. Le groupe est monté sur scène à 21 heures précises comme l’orchestre du Titanic le soir du grand plongeon. Gigantesque surface plane, le Parc des Expos offre une visibilité à peu prés nulle. Pour le son, c’est une véritable poubelle, une infâme soupe aux décibels qui défigure le funk d’E, W & F. Un des meilleurs sons du monde à la moulinette, c’est du gâchis. Le pire spectacle, c’est celui qu’on ne voit pas et qu’on n’entend pas. Pendant que Maurice White et sa tribu jouaient les fourmis sous les projos, le public, de son côté, expérimentait le climat d’une ruche touchée par la surpopulation. De toute part, quelques speedés erraient comme des zombies. Impossible de se poser.Earth, Wind & Fire

De chaque côté du hangar, des rideaux avaient été prévus pour isoler le son. En un quart d’heure, ils furent virés par fa foule compressée. Tout cela était fort frustrant, croyez-moi. Deux heures plus tard, au diner donné en leur honneur, les White et leurs musicos tiraient des gueules longues comme des doubles décimètres. Le lendemain, les chroniqueurs rock de la presse quotidienne s’en donnent à cœur joie. L’organisatrice du concert, Jackie Lombard, s’en prend plein la tronche. On parle de scandale, on réclame la licence de la dame comme une tête coupée dans un sac de sel. Radio 7 pousse même au règlement de compte en passant à l’antenne le numéro de téléphone privé de Miss Lombard. Sur France Inter, Jackie se fait allumer en beauté par Blanc-Francard. Les promoteurs sont des requins, pas vrai. Mais comme le requin n’attaque pas toujours l’homme, je suis allé jouer les commandants Cousteau auprès de Jackie Lombard. Les pourcentages, les détails de l’affaire et ses problèmes avec la commission de sécurité défilent. Jackie se défend sur trois points : la sono, les exigences du groupe et la fatalité. La sono, c’est une vieille connaissance, elle avait assuré le concert de Marley au Bourget de manière parfaitement lamentable. Son nom TFA Electrosound, made in England. E, W & F l’a louée pour l’ensemble de la tournée européenne. Les frais divers du show montent à 400 000 F, y compris la location de ces fichus 25 000 m2 de toile pour une précaire isolation sonore. Il faut aussi ôter les 8,8 % de SACEM, les 3,5 % pour Chirac et les 7 % de TVA. On obtient ce qu’on appelle la recette nette. Là-dessus, Earth, Wind and Fire s’empoche 92,5 %. Reste 7,5 % pour l’organisateur. Ce qui conduit à la question suivante : E. W & F aurait-il joué pour 92,5 % de 5 000 spectateurs dans une salle décente ? Pas une salle à Paris n’est adaptée aux Jumbo-groupes qui drainent les spectateurs par dizaines de milliers. Voilà pourquoi on a recours à des solutions de bricolage comme Colombes, le Bourget ou le Parc des Expos. En attendant, les groupes et les organisateurs devraient éviter ce style de concert à l’abattage. Earth, Wind and Fire sont des pros, et le groupe a répété deux ou trois jours dans la salle. Il comptait, paraît-il, sur la masse des spectateurs pour améliorer le son. En attendant, les mecs ont l’impression de s’être fait escroquer : 70 balles, c’est un disque, trois places de ciné ou simplement quelques Macdo quand on a faim, rien, en tout cas, par rapport aux millions de dollars d’E, W & F. That’s no business, mister White ! Encore une fois, chacun aura tiré son épingle du jeu, c’est encore un coup de X, mais c’est surtout trop facile. E, W & F projette un come-back en France pour cet été. Pour mieux satisfaire sa clientèle, la maison a promis de se produire au Palais des Sports pour deux ou trois dates. Encore une affaire à suivre…

Publié dans le numéro 165 de BEST daté d’avril 1982

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1 réponse

  1. Claude Cortés dit :

    Oh très cher GBD , je te salue bien bas !
    Ta collection de concerts pourris a du largement s’étoffer depuis ton show du Earth Wind and Fire il y a 41 ans !
    Grâce à qui ? À quoi ?
    L’ACCORD ARENA DE LA DÉFENSE !!!
    Ce hangar , ce caisson , cette abomination où chaque instrument se met en vibration non à cause des ingénieurs du son qui se succèdent aux fils des concerts et shows musicaux . De la bouillie pour cages a miel .
    On nous vend de la qualité sonore haute résolution avec des milliards de bits sur tous les supports audiophiles et L’ACCORD ARENA LA DEFENSE nous oblige à subir des turbulences sonores digne d’une fusée SATURNE 5 au décollage .
    Alors oui !
    L’ACCORD ARENA DE LA DÉFENSE , la plus grande salle pourrie d’Europe !
    L’enfer du mélomane et certainement celui aussi des ingénieurs du son .
    Ne plus jamais mettre les pieds dans ce haut lieu du sacage payant et permanent de la musique .
    Fuck and Fuck …
    Longue vie GBD !

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