I ME MINE par GEORGE HARRISON
Ce 25 février 2017, George aurait eu exactement 74 ans. Pour célébrer l’anniversaire de celui qui était sans doute le plus cool des Beatles, Genesis publications publie une toute nouvelle édition, boostée d’une soixantaine de textes de chansons supplémentaires émotionnellement rédigés de la main de George, par rapport à la version originale de 1980, de son ouvrage collector’s au titre inspiré de sa chanson emblématique de « Let It Be » : « I ME MINE ». Happy birthday Georgie boy !
Au printemps 1988, George venait tout juste de publier son prodigieux LP « Cloud Nine » lorsque je l’avais rencontré pour le légendaire magazine BEST. ( voir dans Gonzomusic mon ITW avec George Harrison https://gonzomusic.fr/george-harrison-lamour-vrai.html ). Bien entendu, j’ignorais absolument que ce 11 éme 33 tours serait en fait le dernier. J’avais déjà croisé Paul McCartney à une conférence de presse et Ringo Starr à l’hallucinante soirée donnée par Chris Blackwell aux Pinewood studios pour célébrer les 25 années de son label au palmier. Ringo assurait un bœuf avec Eric Clapton et j’étais à leurs pieds, accoudé à la scène, avant de tendre mon micro au fameux batteur. Mais George, c’était autre chose.
En 1988, lorsque je l’avais interviewé pour BEST, j’avais déjà dix ans de critique rock au compteur. J’avais croisé Bob Marley, Jagger, Knopfler, Brown, Townshend, interviewé Prince et Wonder et déjà pas mal d’autres. Comme tous ces grands fauves du son, chacun à sa manière savait assumer une véritable spontanéité comme une désarmante simplicité. Marley, lui avait un regard qu’on ne peut jamais oublier. Et George Harrison avait cette même profondeur abyssale au fond des yeux. Et, tout comme lui, il dégageait une telle aura, qu’on pouvait presque la toucher physiquement. L’énergie positive émanait de tout son corps. Discuter avec le guitariste était un exercice aussi incroyablement relaxant qu’un plongeon dans un spa. C’est dire si parcourir aujourd’hui ce superbe I ME MINE peut sembler émotionnellement chargé pour quiconque se reconnait dans les mélodies dorées composées par George. La toute première bouture de l’ouvrage avait été publiée en 1980. Après une longue introduction rédigée par le fameux Derek Taylor, l’ex-chargé de presse de l’Apple des Beatles, on découvre de très nombreuses et exclusives photographies de celui que l’on avait surnommé le « Beatles tranquille », des clichés irrésistiblement émouvants. Puis on plonge dans le corps de l’ouvrage, avec des fac-similés de l’écriture fine et élégante de George, qui écrivait alors ses chansons sur le premier papier à en tête venu, que cela soit dans un hôtel ou au bureau d’un avocat. Parfois, George écrivait carrément sur une enveloppe « By Air Mail ». En tout, on découvre le texte original de 141 chansons- dont 59 inédites par rapport à l’édition originale de 1980-, composées par Harrison, qu’à chaque fois, l’artiste avait pris le temps d’éclairer d’un petit commentaire très souvent émouvant.
I ME MINE
« Don’t Bother Me » : « C’est la toute première chanson que j’ai écrite, comme un exercice pour voir si j’étais bien capable d’écrire d’écrire une chanson. Je l’ai composée dans une maison de Bornemouth en 1963 lorsque nous jouions là bas durant l’été. J’étais alité et malade comme un chien, c’est sans doute à cause de cela que j’ai voulu chanter « Don’t Bother Me ». Je ne pense pas que cela soit spécialement une excellente chanson. Elle aurait pu d’ailleurs ne jamais être une chanson du tout, mais elle m’a ouvert la voie, me prouvant que tout ce que j’avais à faire était de continuer à écrire coute que coute et que finalement je parviendrai à écrire une excellente chanson. Mais encore aujourd’hui je me dis : « Si seulement je pouvais écrire quelque chose de bien ! ». Tout est relatif. Par contre, on va dire que cela m’a donné une occupation dans la vie. ».
« Taxman » : « Lorsque j’ai commencé à réaliser que bien que nous commencions un peu à gagner des sous, nous étions forcés d’en reverser la majeure partie en impôts. Pourquoi devait-il en être ainsi ? Avions-nous été punis pour quelque chose que nous avions oublié de faire ? ».
« Here Comes the Sun » : « Elle a été écrite au moment où aller à Apple corp était un peu pour moi comme être forcé d’aller à l’école, un truc qu’on ne peut absolument pas sécher et où l’on était forcés de se métamorphoser en businessmen à signer sans cesse des tonnes de paperasses. Une signature par ci, une signature par là…De toute façon, c’était comme si cet hiver anglais devait durer à jamais. Lorsqu’arrive enfin le printemps, on peut dire que vous l’avez bien mérité. Alors un beau jour, j’ai décidé de faire l’école buissonnière et je me suis échappé pour aller me réfugier chez Eric ( Clapton). Je déambulais joyeusement dans son jardin. C’était un tel soulagement de ne pas avoir à y aller et de me coltiner tous ces gratte-papiers défoncés. Une merveilleuse sensation me parcourait, j’étais dans le jardin et j’avais emprunté une guitare acoustique à Eric. C’est ainsi que j’ai écrit « Here Comes The Sun ». »
« What Is Life » : « Celle-ci a été composée à la base pour Billy Preston en 69. Je l’ai composée très rapidement, en seulement 15 ou 30 minutes lorsque j’étais en chemin pour rejoindre l’Olympic Studios à Londres où je produisais un de ses albums. Mais lorsque je suis arrivé au studio, vu ce qui se passait durant les sessions où Billy faisait tous ses trucs incroyablement funky, je n’ai pas osé débarquer là bas en lançant à tous : « hé j’ai composé cette super petite chanson pop ! ». Alors je l’ai gardée pour moi et je l’ai chanté moi-même sur « All Things Must Pass ».
« Wah Wah » : « Elle a été écrite durant ce fiasco que fut « Let It Be » qui a démarré avec la répétition de la chanson et qui s’est achevé avec le film « Let It Be ». Nous nous étions éloignés des uns des autres après avoir affronté une période assez difficile durant l’enregistrement du « White Album ». Ce double album était si long à fabriquer qu’on avait la sensation que cela ne finirait jamais ; il y avait tant de conneries au sein du groupe, des coups de pression, des tas de problèmes. Et on rentrait tous de vacances et on se retrouvait directement plongé dans notre vieille routine. C’est un peu le concept de comment chacun voit et considère les autres, sans tenir compte du fait que nous sommes sans cesse en train de changer. Je me souviens que Paul et moi nous nous disputions, mais l’équipe de tournage ne cessait pas une seconde de nous filmer et de nous enregistrer. Alors un de ces matins, je n’en pouvais plus. J’ai décidé que j‘avais mon compte, que je ne m’amusais plus du tout, que j’étais carrément malheureux d’appartenir à ce groupe, que j’en avais assez de toutes ces conneries, que je m’en allais. « Wah Wah » représentait cette migraine. Elle a été écrite au moment où dans le film on voit John et Yoko flipper à fond et hurler. Alors à ce moment-là, moi j’ai quitté le groupe, je suis rentré à la maison et j’ai composé cette mélodie. »
GEORGE HARRISON: I ME MINE
Genesis Publications
Super Duper my Don’T LetTheMusicDown ☝️!
L&K,
Don MusicO y Mauricio
Merci mon Don T…cela me touche venant de toi