HARVEY D. ARNOLD L’OUTLAW SOLITAIRE

Harvey D Arnold & the Outlaws

Harvey D Arnold & the Outlaws

Il vient tout juste de publier le second album solo de sa (longue) carrière « Stories To Live Up To », aux confins du blues, du bluegrass et de la country, et pourtant Harvey D. Arnold est loin d’être un novice. Depuis ses 17 ans, il parcoure la route du rock. Ex-bassiste- vocaliste des Outlaws, tout au long des 70’s, ce natif de la Caroline du Nord s’est mué en ardent guitariste, au feeling illimité, avec tant de formations de la cote Est. Jovial, modeste, chaleureux et surdoué, Gonzomusic retrace son incroyable parcours.

Harvey D ArnoldUne poignée de semaines après la publication de son puissant « Stories To Live Up To » ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/harvey-d-arnold-stories-to-live-up-to.html ), nous retrouvons Harvey Dalton Arnold chez lui, par la magie de Facebook Messenger, pour un entretien exclusif, le premier accordé à un média européen. Les yeux brillants, le visage fendu d’un immense sourire, Harvey nous reçoit dans son salon et à le voir aujourd’hui, on ne pourrait jamais deviner que, face à nous, se trouve un battant, un survivant. Pourtant, le bluesman est un miraculé : il a vaincu un double cancer à la gorge et à la langue avant de nous offrir ce superbe album. Désormais guéri, c’est par la musique qu’il nous transmet sa radieuse énergie. Rencontre rare, avec un musicien d’exception, dont le talent n’a d’égal que l’incroyable modestie.

« Bonjour Harvey, où sommes-nous exactement ?

Chez moi, au nord de la Caroline du Nord, à côté de la frontière qui nous sépare de la Virginie, dans une ferme à la campagne posée sur deux ha de terres. C’est très calme par ici.

Tu y vis depuis longtemps ?

Depuis dix ou onze ans, environ. Et c’est vraiment un endroit que j’aime. C’est la campagne, c’est tranquille. En un jour, il n’y a pas plus de quatre ou cinq bagnoles qui passent. C’est un pur bonheur pour l’âme.

Où es-tu né ? Où as-tu grandi ?

Je suis né en 1953, dans cet État, mais plus à l’est, près de l’océan, à 40 km de la mer, dans une petite localité du nom de Roseville. Il n’y avait guère plus de 900 habitants. Une ville typique du sud, où la ségrégation raciale régnait alors. Moi j’ai grandi pas loin de ces baraques où vivaient les noirs les plus pauvres. Lorsque j’étais jeune, mon père avait une ferme et mon premier souvenir musical est un de ses ouvriers noirs, jouant du piano dans le salon familial. Cela a été un choc : ma toute première découverte du blues. J’avais à peine six ans. Mon père veillait à ce que son verre soit rempli et lui ne cessait de jouer. J’étais absolument tétanisé par ce que j’entendais. Le blues m’a ainsi touché dès mon plus jeune âge.

Tes parents écoutaient aussi la radio à l’époque ?HarveyArnold

Oui, là d’où je viens, on écoute beaucoup de radios country. Énormément de bluegrass, également. J’ai cela dans les veines, du Hank Williams Senior. En fait, j‘ai composé une chanson bluegrass lorsque j’étais avec les Outlaws. Elle a d’aileurs fait l’objet d’une reprise par un fameux joueur de banjo du nom de J D Crow. Dans la version des Outlaws, elle n’était déjà pas mal, mais lorsque lui l’a ré-enregistrée il a vraiment sublimé son côté bluegrass.

Pas d’inquiétude, Harvey on va largement évoquer les Outlaws, car lorsque je suis alla aux USA pour la seconde fois en 1976, j’ai acheté un album intitulé « Hurry Sundown » avec lequel tu dois être familier puisque c’est justement le LP de ton arrivée au sein du groupe ! Mais revenons au jeune Harvey…ton premier instrument, c’était ce piano dans le salon familial ?

J’ai un peu appris à en jouer ; j’ai même pris quelques leçons, mais j’ai fini par dire à mes parents qu’ils balançaient leur argent par la fenêtre, car j’étais assez peu réceptif au Mozart. On a laissé tomber le piano et, du coup, je me suis mis à jouer de la batterie. Et, ensuite au lycée, au début, je jouais des claviers dans un groupe, mais j’ai fini par apprendre les rudiments de la basse, qui est devenue mon instrument de prédilection. Je devais avoir 14 ans.

Oui lorsque tu as rejoint les Outlaws, c’était en tant que bassiste.et compositeur. Après le lycée comment as-tu décidé de consacrer ta vie à la musique ?

Simplement, j’avais cela en moi, c’était comme une force qui me consumait. Et surtout, j’avais réalisé que cela plaisait aux filles. J’ai quitté très tôt le lycée, pour faire de la musique, et je me souviens que mon proviseur m’a reçu plusieurs fois dans son bureau, pour tenter de me raisonner ; il me disait : prévois toujours un plan B ! Mais ma tête avait déjà pris la route des tournées. J’avais 17 ans et on était dans le minibus à sillonner les highways pour aller jouer d’un bout à l’autre de la côte Est des USA. Le groupe s’appelait Heather (la callune) comme la fleur, mais c’était surtout le prénom de la copine du guitariste du groupe. Nous étions particulièrement influencés par les Beatles, les Kinks et Dylan ; et puis, les Allman Brothers, Santana, et tout un tas de bluesmen BB King, Freddie King, Muddy Waters. J’ai très tôt succombé au blues. Très jeune, je bossais la nuit dans une station-service, je devais avoir tout juste 15 ans. Et on écoutait cette radio, WLAC qui émettait de Nashville, Tennessee. Pour beaucoup de gens, c’est là qu’ils ont découvert le blues pour la première fois. Un DJ assurait son émission toute la nuit et nous balançait Arthur King, BB King, John Lee Hooker, Muddy Waters…le fameux blues de Chicago ! Je suis immédiatement tombé amoureux de cette musique. Je ne rêvais que d’une chose : savoir chanter comme ces types. Le blues, une fois que vous en êtes mordu, c’est pour la vie, n’est-ce pas ?

C’est justement ainsi que Jagger a rencontré Richards sur le quai de la gare de Dartford, Kent, car il avait en main des disques Chess…c’est ce qui a réuni les Stones, littéralement.

Justement, le blues anglais a aussi beaucoup compté pour moi. John Mayall et Eric Clapton, et tous ces groupes, comme les Yardbirds, étaient un peu nos dieux. Clapton, j’ai toujours eu le plus grand respect pour lui, pour sa manière de jouer. J’étais totalement bluffé qu’un blanc puisse aussi y parvenir !

Pour toi c’était un exemple à suivre, de réaliser que cette musique pouvait aussi être jouée par des blancs ? Que ce n’est pas juste que question de couleur de peau, mais surtout ce que tu as dans les tripes.

Outlaws live

Outlaws live

Exactement. C’est d’ailleurs le blues qui nous avait réuni avec mon premier groupe, Heather, dont je parlais tout à l’heure. Mais au bout de quelques années, j’ai senti que je devais évoluer vers autre chose. Nous avions rencontré ce groupe qui venait de Floride, et ils m’ont rappelé le jour suivant. J’ai pris un train de la Caroline du Nord à la Floride et j’ai rejoint ce groupe, Freshly Squeezed.  Ils avaient choisi leur nom à cause des fameuses oranges de Floride. J’ai joué un an avec ces gars et, au cours du dernier concert que j’ai fait avec eux, c’était à Tampa, Wally, un de mes potes, m’a dit : tu sais, il y a ce groupe de Tampa, baptisé the Outlaws, ils ont perdu leur bassiste et ils en cherchent un nouveau. Ce pote était d’ailleurs lui-même bassiste, mais il était sur le point de décrocher un contrat sur un label avec son propre groupe ; par conséquent ,il leur a dit qu’il ne pouvait pas le faire, mais que, par contre, il avait un bassiste à leur recommander. Le groupe est venu me payer une visite, c’était un vendredi soir à Tampa. Ils sont passés au club pour me voir jouer. Et ils voulaient que je passe une audition le lendemain, alors mon copain Wally a passé la nuit à me montrer cinq chansons, qu’ils jouaient durant leurs concerts. Franchement, je ne savais pas vraiment qui étaient les Outlaws. J’ai passé l’audition, le lendemain, et je m’en suis assez bien sorti, car j’avais bien assuré. La preuve, ils m’ont recruté le dimanche. Lundi, nous avons commencé à répéter durant trois jours et, le jeudi, on faisait déjà la première partie de Lynyrd Skynyrd sur une scène de Birmingham, Alabama ! Tout s’est vraiment passé aussi vite. Il y avait 12.000 personnes, ce jour-là dans ce stade de foot. Je ne réalisais absolument pas dans quoi je m’étais embarqué, jusqu’au moment où je suis monté sur scène. Je n’avais jamais joué pour plus de 150 personnes, tu imagines ? (rire) …c’était génial ! Je tremblais dans mes boots et c’était le début d’une super expérience avec ces gars-là.

Qu’est-il arrivé à ton prédécesseur au sein des Outlaws ? Il a eu un accident, je crois, il s’est cassé le dos, non ?

Je crois qu’il est effectivement tombé de scène, à Boston. Et je n’ai jamais eu l’occasion de rencontrer Frank O’Keeffe, le premier bassiste qui chantait également, mais j’ai un immense respect pour lui. Il y avait une véritable alchimie dans ce groupe et lorsque je suis arrivé j’étais le premier à ne pas appartenir à ses fondateurs. Marcher dans ses traces n’était pas aisé pour moi. D’un autre côté, je suis heureux que tout se soit passé aussi vite sans réaliser vraiment qui ils étaient, avant de me jeter dans le grand bain.

The OutlawsDès le début tu t’es aussi imposé en tant que compositeur, dés ton arrivée, tu signes deux ou trois compos de ce LP  « Hurry Sundown ».

Cet album, nous l’avons fait avec un producteur du nom de Bill Szymczyk qui produisait the Eagles. Mais il avait surtout réalisé l’immense « The Thrill Is Gone » de BB King. Pour moi, c’était magique de rencontrer ce type venu de Detroit, qui venait tout juste de finir un album du nom de « Hotel California », dans son tout nouveau studio de Coconut Grove, Florida. Les Eagles trainaient souvent là, j’ai eu l’occasion de les rencontrer. J’avais ces quelques chansons que j’avais gardé sous le coude, alors un jour je lui ai fait écouter. Et j’ai eu de la chance, car il les a aimées. Szymczyk était un producteur juste époustouflant. Il nous faisait réécrire nos textes. Il nous disait : montre-moi ces paroles. Et il sortait un gros feutre et commençait à rayer tout ce qui n’allait pas…sois la moitié des paroles ! (rires) Alors on réécrivait, on bossait toute la nuit, souvent bien aidé par ce qu’on peut qualifier de « moyens artificiels » pour produire ces nouveaux textes. C’était un peu comme un prof, qui voulait obtenir le meilleur de ses élèves.

Combien de temps as-tu passé avec les Outlaws ?

Je suis resté cinq ans avec the Outlaws, et j’ai fait quatre albums avec eux. Un album chaque année, en fait.  Après « Hurry Sundown », on a sorti un double LP live intitulé « Bring It Back Alive”. Le troisième était “Playin’ To Win” et sur celui-ci on a bossé avec Robert Mutt Lang,  c’était une de ses premières productions ( Auparavant, il avait juste réalisé les 33 tours de the Motors et  de the Boomtown Rats : NDR )…il n’avait pas encore produit AC/DC, Foreigner et tous ces grands groupes. Ce type était fantastique, tellement investi dans notre projet, c’est comme s’ il avait toujours appartenu au groupe. C’était un cinquième Outlaw ! En fait, chacun des albums que nous avons faits, s’est fait avec différents producteurs et diverses méthodes, mais c’était  à chaque fois une incroyable expérience.Harvey D Arnold

Harvey, tu dois m’expliquer, toutes ces années tu étais Hervey le bassiste et soudain tu décides de devenir Harvey le guitariste : qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?

En fait, c’est suite à un divorce. Je me suis séparé de ma femme et j’ai emmenagé dans une ferme de 80 ha, où l’on récoltait des fraises, où j’avais posé un mobile home. J’avais cette guitare et je me suis un peu amusé avec, je lui ai collé un slide. C’était une de ces nuits dont tu souviens toute ta vie, une nuit où j’avais tant de choses à exprimer. La basse est tellement un instrument de soutien et  là c’était la première slide guitar sur laquelle j’avais jamais joué. Et c’est ainsi que je me suis mis à la guitare, même si je n’ai pas abandonné la basse pour autant. Je jouais souvent avec ce groupe, The Polar Bears, depuis 1969 tout au long de la côte de la Caroline du Nord, c’était en fait le même groupe que les Heather, dont je parlais plus haut . Avec eux, je tenais la basse. Le guitariste était un type du Delaware qui était descendu du nord, car chez nous il pouvait s’adonner toute l’année à son sport favori : le surf. Et parce qu’il surfait 12 mois sur 12, on lui avait donné ce surnom d’ours polaire, d’où le nom du groupe !

Mais avant de switcher de la basse à la guitare, tu composais sur quel instrument ?

La plupart du temps sur ma basse. J’avais en tête les accords qui correspondaient à la guitare.

Donc tu ré-imaginais les notes que tu entendais dans ta tête !

Exactement. Je moulinais tout ça dans mon cerveau. En fait, j’ai opté pour à la guitare après mon départ des Outlaws, au milieu des 80’s.

Polar Bear BandEt donc, après avoir quitté les Outlaws, tu as retrouvé les Polar Bears ?

Oui, dans la continuité, j’ai retrouvé ces mecs-là. On jouait du blues rock musclé, dans la veine des Allman Brothers. On adorait aussi improviser, partir sur un accord et décoller. On était un groupe particulièrement libre. Chez nous, on ne fait jamais deux fois la même chose sur scène. Et on se connait aussi bien musicalement, que d’un point de vue personnel. C’est comme une réunion de vieux potes, à chaque fois que nous jouons ensemble, ce qui advient encore de nos jours, au moins deux fois par mois.

Pourquoi avoir attendu 2014 pour enfin enregistrer ton premier album solo ?

Franchement, je n’avais pas envie de me battre pour décrocher un contrat. Je ne suis pas un type particulièrement doué pour se vendre, on va dire. Le business de la musique peut être autant extraordinaire à vivre, autant qu’il peut se montrer particulièrement cruel. Moi je suis un type tranquille. Mais j’ai découvert un jour la Music Maker Relief Foundation à Hillborough ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/music-maker-relief-foundation-les-blues-and-soul-brothers.html ), en Caroline du Nord et c’est une association  sans but lucratif qui a pris sous son aile tant de musiciens seniors, le plus souvent noirs et totalement désargentés…ou blancs et totalement désargentés (rire). Lorsque je les ai rencontrés, au début je servais de bassiste back up. Je faisais un peu de guitares aussi, derrière certains de leurs artistes. C’était incroyable d’être ainsi exposé à tant de sublimes et authentiques musiciens de blues, d’avoir le privilège de les accompagner. Je ne leur avais jamais dit que je savais aussi chanter et jouer mes propres chansons. Souvent pour les concerts, ils me disaient : ah il nous manque des chansons sur tel show, je leur disais : ah, mais je peux vous vous en faire une. Quand ils ont compris que je pouvais jouer et chanter, ils m’ont proposé d’enregistrer mon premier disque solo. C’était en 2014, il était intitulé « Outlaw », en clin d’œil à mon ancien groupe, et c’était un album acoustique. Jamais je n’avais enregistré aussi vite. On l’a fait en peu plus de deux heures, en une prise, c’était presque du live.

Stories To Live Up ToJe présume que l’enregistrement de ton nouvel album « Stories Lo Live Up To » était une toute autre expérience ?

Effectivement, nous l’avons fait avec Zak Alister et Tim Hatfield, au Cowboy Technical Services studio. C’est Tim Duffy de Music Maker qui nous a branchés. Zak et Tim m’ont expliqué qu’ils avaient d’excellent musiciens pour bosser avec nous au studio à New York. Et j’étais tellement excité que l’on m’offre à nouveau la chance d’enregistrer mes chansons. Pour cela, je suis très reconnaissant envers Zak, pour toute son implication dans ce projet. Pour faire mes maquettes, j’ai installé un studio dans ma salle de bains, j’enregistrais assis sur mes toilettes ( rire) , l’ampli posé sur mon lavabo et un micro sur pied. Il n’y avait que ma Fender Stratocaster et moi, la plupart du temps en caleçon, à cause de la chaleur. J’ai achevé mes demos et je les ai envoyées à Zak. Simplement voix/guitare. Et il les a fait écouter au bassiste et batteur.

Parlons de Charley Drayton, le batteur justement…

Lorsque j’ai fait « Stories To Live Up To », j’ai eu beaucoup de chance, car grâce à ces musiciens nous avons accompli un véritable prodige, en seulement trois jours. On a commencé  à bosser le vendredi et nous avons fini le lundi. Nous avons basé tout notre travail sur le live, avec très peu d’over dubs. Charley était vraiment un mec super et un musicien absolument bluffant. Tout comme son collègue bassiste, Zev Katz. En fait, je ne savais pas grand-chose sur eux avant de venir à New York. Mais c’était une super expérience de bosser avec ces gars. On a attaqué par « Catfish Blues ». Or Zev avait souvent bossé à Broadway, donc il avait une super expérience pour écrire des partitions. Donc  il avait carrément pris mes petites chansons de salle de bains et il les avait toutes écrites scrupuleusement sur des partitions. C’était dingue. Mais je lui ai juste dit : joue comme tu le sens, au feeling. Alors, immédiatement il a rangé les partitions et on ne les a plus jamais revues. Mais, par contre, je lui ai dit que je voulais bien les récupérer après nos sessions. Charley et Zev étaient super excités, car ce que nous faisions n’avait rien à voir avec les séances auxquelles ils étaient habitués.

Là, ils pouvaient s’exprimer avec leurs tripes !

Leurs tripes et leurs cœurs aussi. On a vraiment partagé des choses dans ces chansons-là. Les idées fusaient sans cesse entre nous. Ce fut vraiment une session d’enregistrement juste magique. Car parfois tu peux y passer des jours et des jours sans rien obtenir de sérieux. Tu dois t’estimer particulièrement chanceux de pouvoir réaliser un tel prodige. Et en parlant de Charley Grayton, il faut préciser qu’il a fait tous les albums solos de Keith Richards, comme ses tournées. Il a aussi joué avec les plus grands…Miles Davis, Johnny Cash, Bob Dylan, Paul Simon, Iggy Pop, Herbie Hancock…imagine, son grand-père était le bassiste de Louis Jordan…  la musique, c’est une tradition familiale chez lui. Charley était aussi la tête pensante des Divinyls dans les années 90. Quant à Zev Katz, on peut dire que lui aussi a un certain pedigree. J’ai découvert qu’il jouait à toutes les cérémonies des Kennedy’s Honors. Comme avec Steven Tyler et Paul McCartney, par exemple. Il a joué avec Billy Joel et Elton John, sans oublier Bryan Ferry. En fait, si j’avais su avant de les connaitre que ces deux musiciens avaient autant de bouteille, je crois que j’aurais été intimidé de bosser avec eux, Et il faut à nouveau citer Zak Alister, qui a aussi mis la main à la pâte et assuré lui-même certaines parties de guitare.

Zak Alister & Harvey D Arnold

Zak Alister & Harvey D Arnold

Parlons un peu de l’album. Le blues y est omniprésent, comme avec ta chanson « What’s On Your Mind », qui sonne particulièrement Chess ?

On y a mis une slide-guitar qui sonne un peu swamp-rock. Nous l’avons fait beaucoup évoluer en studio, avec tous les musiciens. Ma fille travaille pour une fameuse équipe de base-ball les Atlanta Braves et ils ont leur propre hymne qu’ils chantent à tous les matchs en levant les bras en l’air. Donc grâce à ma fille je suis allé voir tant et tant de matchs de cette équipe et c’est ce chant de supporters qui m’a un peu inspiré cette chanson. Et le blues…bien entendu !

Il y a aussi « When the Sun Goes Down », qui sonne très « rock du marécage » de Tony Joe White !

C’est une chanson sur le système carcéral et le désir ardent de s’en évader. Tout est parti d’un riff bien gras sur ma guitare.  Tu évoquais, Tony Joe White, je crois que c’est une bonne analogie.

Un sentiment mêlé de chaleur, d’humidité et de paresse…

C’est tout à fait cela, une chanson où tu peux presque entendre les moustiques te harceler.

Cependant, ma favorite de l’album est « The Lone Outlaw », elle est aussi superbe que country rock.

Ce qui m’a inspiré c’est que lorsque j’ai quitté les Outlaws en 1980 et qu’ils ont continué leur chemin, à la fin il ne restait plus qu’un seul des membres fondateurs, le chanteur guitariste Hughie Tomasson. Mais il est mort. Tout comme Billy (Jones). Et c’est en pensant à Hughie que j’ai écrit cette chanson, le dernier Outlaw, comme un hommage à son parcours, car cela n’a pas dû l’être facile, après les stades et les immenses amphithéâtres, de jouer dans de toutes petites salles voire des bars. Mais la musique est un bienfait, même si parfois je la qualifie de maladie mortelle, car une fois contractée, elle ne vous lâche plus, jusqu’à la fin de vos jours. Mais je l’aime d’amour, même dans ses difficultés et elles sont souvent plus nombreuses que les victoires. En fait, le secret, c’est qu’il ne faut jamais succomber à l’amertume. Je reste très zen, je médite quotidiennement depuis 1988, au moins dix minutes chaque jour.

Tu as aussi survécu à un  double cancer,  car tu es un battant, Harvey !

Tu as raison, cela te permet de hiérarchiser tes priorités. J’ai encaissé au moins 60 séances de radiations et six chimiothérapies. Quand mes amis me demandent : « mais comment as-tu pu supporter tout cela ? », je leur réponds que c’est un étrange bienfait, car il te permet de voir la vie autrement. Tu réalises que la mort tient à peu de chose et que la vie est vraiment très courte. Il faut en déguster chaque instant. »Harvey now

En cette période troublée et confinée, les mots et le blues de Harvey D. Dalton représentent le sel de la vie, un sentiment aussi vital que l’énergie positive que l’on retrouve dans son « Stories To Live Up To ».

 

 

 

 

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