GRAND MASTER FLASH AND THE FURIOUS FIVE « The Message »
Voici 42 ans dans BEST GBD chroniquait le tout premier 33 tours de la Planète Rap naissante, porté par son hallucinante et emblématique chanson-titre, l’éloquent « The Message » signé Grandmaster Flash And the Furious Five, juste après avoir rencontrés le groupe du Bronx dans son hotel cité bergère, derrière le Palace où ils avaient balancé leurs rimes tchatchées pour la toute première fois sur une scène hexagonale. Flashback…
Tout avait démarré par un maxi 45 tours iconique, l’hallucinant « The Adventures of Grandmaster Flash on the Wheels of Steel », sorti quelques mois auparavant, soit 7 minutes de pur bonheur qui démontraient l’incroyable virtuosité de Grandmaster Flash aux platines. Il y mixait des éléments du « Rapture » de Blondie, de l’ « Apache » de l’Incredible Bongo Band de Michael Viner, du « Another One Bites the Dust » de Queen, du « Good Times » de Chic et sa propre composition « Freedom » inventant du même coup ce nouvel art urbain émergent. C’est dire si l’album « The Message » était attendu… surtout après l’incroyable performance du groupe new yorkais au Palace ( Voir sur Gonzomusic BORN TO BE RAP ). Premier LP d’un genre totalement neuf, ce tout premier Grandmaster Flash plus de quatre décennies demeure toujours aussi absolument novateur.
Publié dans le numéro 174 de BEST
Le rap a commencé par « The Adventures of Grandmaster Flash on the Wheels of Steel » : en un tour de 12 inch, Flash s’est raflé les places de choix en matière de rap industriel. Le rap, c’est un peu le fils illégitime de la soul music, un journal intime craché au micro qui vibre au rythme de la vie. Le rap, ça se joue ou ça s’écoute n’importe où, en descendant les escaliers du métro ou en balançant un coup de pied dans une poubelle qui traine. Parmi les Frankie Smith, les Kurtis Blow et les autres rappeurs, G. Flash s’était toujours distingué par une imagination en bande dessinée qui ne répugnait jamais aux emprunts les plus éclectiques. Premier album distribué ici du G. Flash et de ses Furious Five, « The Message », se devait d’être particulièrement brillant et réussi, fidèle aux espoirs de ses premiers maxi. Le vinyle recèle quelques surprises, pas toujours forcément heureuses, comme cette chanson, « Dreamin », dédiée à Stevie Wonder « Hé Flash, tu crois qu’on va rencontrer Stevie, un four ? Et comment, vous inquiétez pas les mecs, tôt ou tard. » On tombe là dans le groupisme cucul, c’est trop mou pour Flash. Heureusement, nos Furieux Urbains montrent aussi plus de mordant. Avec ce langage de zonard de Times Square ou du Bronx, ça s’agite comme un batteur de milk-shake. « She’s fresh » déboule à toute vitesse comme une gigantesque pub pour déodorant féminin, la pêche de la télé américaine en décors naturels. Les deux meilleurs titres de l’album, le « it’s Nasty » aux mélodies empruntées au « Genius of Love » du Tom Tom Club, et « The Message » ont déjà fait l’objet de simples géants et le LP rate donc un peu l’effet de surprise. G. Flash joue au starwars-rap avec «Scolpio » et son vocoder fou, c’est drôle, mais vite lassant Heureusement, « It’s a shame » renoue avec le côté bricolo du groupe. G. Flash avait l’habitude de coller des bouts de scotch sur ses bandes master pour les rythmer ; il utilise cette fois les deux bobines du magnéto en les manœuvrant rapidement d’avant en arrière, il crée le rythme directement sur la tête de lecture. Grandmaster Flash et ses Furious auraient pu être des créateurs ; avec « The Message », ils ne restent que des amuseurs ou tout au plus des témoins.
Publié dans le numéro 174 de BEST daté de janvier 1983