ELVIS PRESLEY « From Elvis in Nashville »
En 1970, Elvis Presley a 35 ans et décide de réactiver sa toute-puissance rock and roll après bien trop d’années de films à l’eau de rose. Pour que le King retrouve sa couronne, il revient aux sources, à Nashville et s’enferme au légendaire studio RCA Victor pour capturer ce « From Elvis in Nashville », sérieusement épaulé par les « Memphis Boys ». Réédité et incroyablement boosté de mixs inédits, ce coffret révèle enfin aujourd’hui ces sessions précieuses qui ont marqué ce puissant come-back.
Par Jean-Christophe MARY
The Beatles, Michael Jackson, Elvis Presley…. Elvis est certainement l’une des personnalités les plus importantes de la musique populaire du XXe siècle. Des dizaines et des dizaines de hits internationaux des 50’s au milieu des 70’s et les ventes régulières de son catalogue et de des rééditions depuis sa mort en 1977 ont fait de lui l’un des artistes les plus vendus de l’histoire.
Dès les 50’s Elvis a inventé le langage de base du rock & roll, et sa présence explosive a imposé un visuel sexuel sur la musique. Sans oublier cette voix incroyablement puissante et polyvalente. Pour une grande partie du public, Elvis est plus une icône qu’un artiste. Loin d’être une star révolutionnaire à la carrière pas toujours cohérente (on se souvient de ses innombrables mauvais films hollywoodiens, de ses enregistrements aux maniérismes de plus en plus caricaturés dans les 60’s), personne ne peut nier qu’il fût le premier à populariser le rock & roll au niveau international. Après un passage à vide, le chanteur atomique des 50’s fait en 1968 un retour très remarqué, via un show TV baptisé le « Elvis ’68 Comeback spécial « qui a marqué l’histoire de la télévision US. Ce retour réussi a engendré deux albums « From Elvis In Memphis » suivis de « Memphis à Vegas / De Vegas à Memphis » en 1969 plébiscités autant par les fans que par la presse spécialisée. Pour continuer sur cette lancée, durant l’été 1970, RCA lui réserve un de ses studios à Nashville. Ce coffret « From Elvis in Nashville » regroupe l’intégralité des séances d’enregistrements durant le mois d’aout qui ont engendré plusieurs 45 tours et trois albums That’s the Way It Is (1970), « Elvis Country I’m 10,000 Years Old » (1971), et « Love Letters) (1971). Soit 40 titres issus des sessions au studio B de chez RCA, enregistrés entre juin et septembre 1970, présentés ici sans les overdubs originaux et mixés par Matt Ross-Spang. Le résultat est magique. L’auditeur est transporté au studio B comme s’il y était et devient témoin de ces premières versions enregistrées au milieu d’une multitude de prises rares et inédites. Les sessions “marathon” qui s’étalèrent sur cinq jours ont abouti a un large éventail de morceaux “country”, allant du bluegrass au honky-tonk en passant par des sons plus policés, qui domineraient les charts country en 1970 et 1971.
On découvre donc ici les chansons telles que créées à l’origine, c’est à dire sans chœurs, ni cuivres, ni cordes. La version originale de « Twenty Days and Twenty Nights, particulièrement grandiloquente avec ses cordes et ses chœurs aériens, sonne ici de manière plus humble et intimiste bin plus adapté aux paroles. Privée de ses cuivres « How the Web Was Woven » sonne moins pompeux que celle présentée sur l’album « That’s the Way It Is » (1970). Dans son contexte studio, la version épurée de « I’ve Lost You » devient plus que jamais un cri du cœur. Sans les violons, sans cette trompette de facture très « Beatles « , « The Next Step Is Love » sonne plus authentique grâce à ce piano dépouillé et cristallin. Démunis de violons et de cuivres les titres « When I’m Over You » et « If I Were You » ressemblent à ce qu’ils étaient à l’origine, c’est-à-dire des chansons country. « Just Pretend » et « Only Believe » retrouvent ici toute leur puissance, toute leur chaleur gospel. Sur « Make the World Go Away » , l’intro à la guitare slide sublime la voix d’Elvis particulièrement habitée. La mélodie « Tomorrow Never Comes » tournoie en boucle, à nous en faire perdre la tête. Boostée par la frappe de batterie, elle devient même expressément puissante en raison de l’interprétation fiévreuse du King. Mais l’un des moments forts de ce coffret est sans conteste « Whole Lotta Shakin’ Goin’On », boosté de sa guitare hurlante et de son orgue furieux. Sans leurs orchestrations de cordes, les prises piano voix de « You Don’t Have to Say You Love Me » (Dusty Springfield) et « Bridge Over Troubled Water » (Simon and Garfunkel) ont une saveur toute particulière.
Un coffret véritablement indispensable pour les amoureux du King.
« From Elvis In Nashville » est disponible en version 4CD comprenant deux disques bonus des extraits rares et / ou inédits des sessions de 1970 et aussi en coffret vinyle.