DOMINIQUE GRIMALDI « Pulse Perspective »
Certaines basses besognes sont décidément plus cruciales que d’autres. Et celle de Dominique Grimaldi se distingue justement par son éclectisme musical. En effet, le bassiste, qui a collaboré par le passé avec Renaud et Bashung, impose une nouvelle vision de la musique progressive, propulsant le jazz dans une tout autre dimension sonique où s’est justement téléporté JCM.
Par Jean-Christophe MARY
En 2000, le bassiste Dominique Grimaldi et le clarinettiste Renaud-Gabriel Pion réunissaient autour d’eux de jeunes musiciens animés par le désir de créer et d’innover, tous passionnés de jazz de musique contemporaine de rythmes et mélodies world pour un album baptisé « First Meeting ». Vingt plus tard les deux musiciens se retrouvent autour de ce nouveau projet, sorte de prolongement de « First Meeting ». Leur musique ressemble à une véritable bande son dadaïste entre jazz electro et rock progressif où tout est bon pour explorer le champ des possibles. « Pulse Perspective » est une pièce musicale de premier choix, une performance douce et harmonieuse peuplée de voix orientales où se mêlent déconstruction, tension et narration. Ici, les basses pulsées de Dominique Grimaldi répondent aux auras de la clarinette, les basses du clavier moog et les loops de batterie se croisent, se brisent comme pour mieux rebondir, s’interpénètrent sur des parties de piano à l’esprit contemporain proche d’un Steve Reich quand la clarinette ressurgissait ici où là tel un serpent qui pointe la tête en ondulant. Les basses fréquences omniprésentes de cette bande son onirique nous emportent vers une transe légère et envoûtante. Les compositions sont rigoureuses mais laissent un grande place à l’improvisation et à la rêverie. Certaines parties de basses sont réellement envoutantes et rappelle un peu l’esprit de Roger Waters (Pink Floyd) comme sur « Reflections » ou « Two Hearts ». Dominique Grimaldi s’amuse avec ses notes qui s’élèvent en acrobates aériennes, comme de véritables petites bulles sonores « I don’t know ». Ce disque fascinant et complexe propage à la fois un sentiment de paix et de sérénité avec parfois un côté ludique comme sur l’excellent « Black Capsule » porté par Benoît Alziary (vibraphone marimba). Si vous êtes adepte de musique pour ascenseur, vous n’y trouverez pas votre compte. En revanche, si vous êtes mélomane passionné, large d’esprit et à la recherche de sons nouveaux, votre plaisir grandira au fil des écoutes et des réécoutes. Dominique Grimaldi est l’un des musiciens les plus inventifs de ce nouveau millénaire.