DOGS « 4 Of A Kind »
C’est l’ultime LP des Dogs ou presque, le groupe rouennais légendaire mené par le charismatique chanteur-guitariste Dominique Laboubée, et good news, le voici enfin réédité next week à l’occasion du Disquaire Day. « 4 Of A Kind Vol 1 » est sorti en 1998, suivi par un « 4 Of A Kind Vol 2 » en 99, qui sera réédité également l’an prochain par le fringuant label Deviation records et c’est un pur joyau sonic aussi énergique qu’émotionnel qui nous rappelle que cela fait désormais 21 ans que Dominique nous a quittés et que le rock Français n’a jamais vraiment su combler le vide abyssal qu’il a laissé.
Dès le premier titre « Dreadful Times », vocalisé en anglais comme à l’accoutumée, on succombe à la puissance de ce rock cinglant gorgé de blues qui était la marque de fabrique des Dogs. Mais ce qui distinguait avant tour le groupe rouennais c’est sa faculté de se fondre dans le paysage rock British des Small Faces, Kinks, Troggs , Yardbirds et autres Spencer Davis, porté par l’anglais impeccable et le swing naturel de son emblématique chanteur leader guitariste. Car avec les Dogs jamais l’expression se prendre une claque n’aura été aussi juste, la preuve par ce très Stonien « 4 Of A Kind » qui offre son titre à l’album, suivi par le speedé et sarcastique « Dead Girls Don’t Talk » aux confins des Ramones et de Television. Retour vers la case British avec la très Kinks et énergique « Professional Liar », une des perles de ce projet. Et c’est avec la mélancolique et à nouveau blues Stonienne façon « Waiting On a Friend » que s’achève la face « A » avec « Forget That Dog ».
Puis tout repart à 200 à l’heure en face « B » avec la pure pub rock « Back On the Horse » à l’urgence intense entre Rory Gallagher et Dr Feelgood. Dans la foulée, sous ses faux airs de « Born to Be Wild » de Steppenwolf la speedée « I’m Bad » constitue sans nul doute une des meilleures surprises de ce « 4 Of A Kind ». Légendaire et classique « I Must Believe In Myself » en 2 minutes et 41 secondes d’une intense secousse sismique nous rappelle combien Dominique avait ce super-pouvoir de créer d’intenses standards rock. Enfin, il faut aussi citer la délicate balade acoustique « I Won’t See you Anymore » dont la troublante beauté oscille entre le David Bowie de « Life On Mars » et le « Lady Jane » des Stones. Carrément ! Cette année 98, Dominique s’était entouré de Laurent Ciron à la guitare, Christian Rosset à la basse et de Bruno Lefaivre à la batterie et l’union de ces 4 là donne à ce « 4 Of A Kind » une solide cohésion et une imagination rock qui fait trop souvent défaut aux groupes hexagonaux nous rappelant au passage combien la douceur, la probité, la modestie mais aussi la grâce et le talent de Dominique Laboubée manquent à notre paysage musical.