DEVON GILFILLIAN « Love You Anyway »
C’est un album puissant et lumineux, porté par une de ces voix soul qui coulent délicatement comme le chocolat vient doucement napper les profiteroles, l’ardent « Love You Anyway » est le deuxième CD de Devon Gilfillian dont la diversité et la qualité des compositions cheminent de Marvin Gaye à Prince en passant par Lenny Kravitz, TTDA ou encore Anderson. Paak, bref du bon rien que du bon, juste du bon et tout du bon…
Dès le tout premier titre « All I Really Wanna Do » cool soul chaloupée à la Anderson. Paak et son petit clin d’œil à Marvin Gaye, le come on come come on de « What’s Going On », le natif de Morton, Pennsylvanie nous prend droit aux sentiments sur un groove pop et sucré qui se révèle juste irrésistible. Plus exotique, « The Recipe » flirte avec les beat tropicaux et nous entraine vers le Brésil, entouré de chœurs comme autant de colliers à fleurs pour célébrer une love song sensuelle et insouciante entre les Black Eyed Peas et Carlos Jobim. Puis c’est en duo – et sur un beat qui ressemble étrangement à celui de « La vie en rose » de Grace Jones- avec la chanteuse new soul suédoise Janice sur la tubesque « Brown Sugar Queen » que Devon finit de nous subjuguer de son flow aérien. Avec la mélancolique « Right Kind of Crazy » on songe aux radieuses vocalises du surdoué Terence Trent d’Arby tandis que la pure soul de « Let the Water Flow » se révèle comme une des plus ardentes compositions de l’album, aux confins du fameux « Georgia On My Mind » de Ray Charles.
Retour vers le groove chaloupé avec le futur hit « Imma Let My Body Move » qui se révèle si addictif avec sa soul pop entre Pharrell Williams et Justin Timberlake. Puis la balade « Better Broken » s’en va joyeusement puiser aux sources des Commodores. Sans doute la plus étrange compo, portée par ses ardents riffs et ses distorsions rock « Follow the Leader » emprunte une route que nous connaissons bien, celle d’un certain Prince Rogers Nelson. Portée par son new gospel, « Righteous » emprunte toute la puissance de la foi pour un titre profane et habité. Enfin, après une intro presque classique au piano, ce bel album s’achève sur la bluesy balade acoustique chanson-titre « Love You Anyway »… qui me fait songer à l’ « Against the Wind » de Bob Seger. Vous l’aurez compris en lisant ces quelques signes, dans l’univers de la soul contemporaine il faudra désormais compter avec un nouveau venu. Souvenez-vous bien de son nom : Devon Gilfillian car vous n’avez pas fini de l’entendre !