CRY MACHO
Si les avis sont pour le moins partagés concernant « Cry Macho », le TRENTE NEUVIÈME long métrage réalisé par Clint Eastwood, l’ami Daniel Abecassis a choisi son camp en fondant comme neige au soleil du désert sur ce film crépusculaire de l’ex-maire de Carmel qui tape tout de même 91 balais au compteur… ce qui ne l’empêche guère manifestement de demeurer… un conteur hors-pair !
Par Daniel ABECASSIS
Je ne peux pas m’empêcher de penser à ce jour fatidique où Clint Eastwood ira au paradis des cowboys. Pour l’instant il n’a pas l’air de se poser la question de savoir s’il doit s’arrêter ou continuer à faire des films. Tant que la cervelle fonctionne, il bouffe de la pellicule.
Mon premier film de Clint, je l’ai vu au Palace Croix Nivert dans le Paris 15éme des 70’s. De « Et pour quelques dollars de plus » à « Cry Macho », 56 ans après Blondin a pris un sacré coup de vieux. Pourtant dans sa tête ça bouillonne toujours autant. Le cinéma c’est toute sa vie. Cette fois il nous re-fourgue l’histoire d’un homme qui cherche à récupérer son fiston métissé chez son ancienne moitié mexicaine frapadingue. Le tout filmé sur fond glauque dans le trou du cul de nulle part avec des paysages magnifiques. Clint Eastwood dans le rôle d’une vieille star du rodéo ratatinée à qui on demande d’aller chercher le bambin d’un autre. A voir comment il marche on se dit qu’il va avoir du mal à balancer des uppercuts. Par chance le vrai héros de l’histoire s’appelle Macho, un coq de combat appartenant au jeune métis mexicain manager de son cocorico. Lui au moins il aime la bagarre et il ne s’en prive pas. Pas de pétarades ahurissantes dans ce long métrage mais de la douceur, de la finesse, du bonheur simple. Nous sommes plongés dans un conte moderne avec une morale à deux balles, et un max d’ironie. Les méchants ne sont pas si méchants et les gentils très gentils.
Clint Eastwood a installé dans son film sa vitesse de croisière, sa vision des évènements, son cerveau dans sa caméra. L’ambiance générale ressemble plus à un rêve, à un souhait profond du réalisateur de trouver enfin son havre de paix. Il a réussi à endosser le costume parfait pour évoquer sa nostalgie, sa jeunesse du temps de sa série western RAWHIDE. Une douce machine qu’il nous partage et diffuse grâce à une bande son envoutante composée par Mark Mancina. Plus que de la frustration, le personnage évoque la force de l’expérience. Perdre ou gagner n’était pas l’essentiel. L’important c’est d’arriver au bout du chemin sereinement. Certes, « Cry Macho », ne terminera pas ni à la cinémathèque ni dans les livres d’histoire du cinéma mais ressemble à cette vieille grosse pierre perdue dans le désert. Il faut juste la soulever pour y trouver ce que le soleil n’a pas cramé. Un ultime western de Clint Eastwood pour la route et pour le fun. Une façon de nous rappeler que le passé n’est pas dépassé mais reste toujours aussi lumineux dans nos esprits.
Long life Mr Eastwood !