BUCKINGHAM NICKS « Buckingham Nicks »
C’est THE ALBUM qui va changer à jamais la face de Fleetwood Mac ! Longtemps introuvable, l’unique album du duo Buckingham Nicks publié en 1973 retrouve enfin la lumière. Un disque ignoré à sa sortie par le grand public mais dont l’ADN va révolutionner le son de Fleetwood Mac, métamorphosant un bon groupe de blues British en mètre étalon du son Californien FM à succès. Bref, un disque charnière, où s’esquissent déjà la grâce mélodique et l’alchimie qui bouleverseront l’histoire du rock US et qui a su littéralement faire pousser du soleil et des palmiers dans la tête de JCM.
Par Jean-Christophe MARY
Il aura fallu attendre plusieurs décennies pour revoir « Buckingham Nicks » dans les bacs. Le disque, sorti en 1973 et disparu des radars pendant des années est à nouveau disponible dans une édition restaurée à partir des bandes analogiques d’origine. Un événement pour les fans de Fleetwood Mac ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Fleetwood+Mac ), mais aussi pour les amateurs d’histoire du rock. Car derrière son échec commercial, ce premier album de Lindsey Buckingham et Stevie Nicks annonce la naissance d’un duo dont la rencontre avec le batteur Mike Fleetwood allait métamorphoser l’histoire du groupe anglo-américain. L’occasion de redécouvrir une œuvre à la fois fragile et audacieuse, qui concentre tout ce qui allait bientôt faire la magie de Fleetwood Mac.
A sa sortie en septembre 1973, Buckingham Nicks n’est pas à proprement parler un succès. Les ventes ne décollent pas, la promotion manque de force, la pochette fait débat. À l’époque de l’enregistrement à Sound City, Lindsey Buckingham et Stevie Nicks sont deux jeunes artistes signés sur un petit label, épaulés par un producteur visionnaire, Keith Olsen. C’est lui, qui le premier saisit leur potentiel. Et c’est grâce à lui que Mick Fleetwood entendra le titre « Frozen Love ». En quelques minutes, le batteur comprend ce que les hits parade n’avaient pas vu. Ce titre séduit par sa sincérité, sa fraîcheur et ses arrangements finement tressés et fait que le duo Buckingham Nicks possède quelque chose d’unique. Lindsey Buckingham et Stevie Nicks ont pour eux la une complicité artistique déjà troublante. Leurs voix s’entrelacent, leur écriture se répond. Tel un architecte sonore, lui construit des structures harmoniques et développe un jeu de guitare nerveux et incisif. Elle, possède une voix magnétique, capable d’imprimer une émotion en quelques mots.
Lorsque Mike Fleetwood cherche un nouveau guitariste après le départ de Bob Welch, il pense immédiatement à Lindsey Buckingham. Celui-ci refuse… sauf si Stevie Nicks ne soit aussi de l’aventure. Résultat le duo rejoindra Fleetwood Mac en 1974 et transformera radicalement la musique du groupe. Leur arrivée annonce un nouveau son, une écriture plus personnelle, des harmonies qui deviendront une signature. Quelques années plus tard, l’album « Rumours » explosera les compteurs et devient un des albums les plus vendus au monde. Petit retour en arrière car tout commence ici. Pour un premier essai, le LP « Buckingham Nicks » déploie une palette étonnamment variée. Dès l’ouverture de « Crying In The Night », Stevie Nicks impose sa signature vocale. L’écriture elle est déjà marquée par une mélodie obsédante, un refrain enveloppant avec ce mélange d’assurance et de vulnérabilité qui deviendra son sceau. Signé Lindsey Buckingham, « Stephanie » est un instrumental lumineux qui révèle toute la finesse et l’élégance de son jeu minimaliste. Titre folk-rock délicat « Crystal » est une pièce forte, mélodique, poétique, que le duo reprendra plus tard avec Fleetwood Mac. Plus introspectif « Long Distance Winner » est une chanson intime, presque fragile marquée par la voix chuchotée de Stevie Nicks. Avec ses éclats rock et nerveux et direct, « Don’t Let Me Down Again » annonce les futurs riffs et hymnes de Buckingham sur scène. Enfin « Frozen Love », le morceau qui a attiré l’attention de Mick Fleetwood est plus ample, intense, bâti sur des variations mélodiques ambitieuses. Ce morceau résume un potentiel encore brut mais déjà extraordinaire. À l’écoute de ces titres, on comprend pourquoi Mick Fleetwood fut saisi. Tout est là : la complémentarité, l’énergie, la précision, l’émotion. Buckingham et Nicks forment un équilibre rare, un duo où les différences s’accordent et deviennent une marque de fabrique. Quarante ans après, Buckingham Nicks remet les pendules à l’heure. Re-mastérisée, l’œuvre apparaît aujourd’hui dans toute sa fraîcheur. Loin d’être un simple album oublié, c’est un témoin précieux. Celui d’une rencontre musicale déterminante, d’un potentiel énorme et d’une alchimie rare. Sans ce disque, Fleetwood Mac n’aurait sans doute jamais connu sa transformation spectaculaire pour devenir ce géant du rock du Golden State.
