BEYONCÉ « Renaissance »
Six ans après nous avoir désaltéré de son « Lemonade », Beyoncé publie ce 7ème CD intitulé « Renaissance » en hommage au nouveau patronyme du parti présidentiel Français LREM… nnnnnaaaoonnnn… je rigole ! Il faut juste prendre le mot « renaissance » au sens littéral, soit un renouveau. En effet pour le nouvel épisode de ses aventures, Queen Bee nous convie dans une discothèque virtuelle pour « ambiancer » notre été aux sons de la disco, du funk, de la techno, du hip-hop, de la house, du dance-hall, de l’afrobeat, du trap et des good vibes de ses nombreux guests dont les Neptunes, Nile Rogers ou encore Grace Jones en nous offrant le disque à danser tout l’été.
À moitié nue sur son cheval de verre, Beyoncé Knowles pourrait incarner le nec plus ultra de la futilité musicale. Détrompez-vous car il n’en est rien. on songe à Bianca Jagger qui débarquait au fameux Studio 54 th … à cheval Et au-delà du « poum poum » joyeux et énergiques, en filigranes « Renaissance » est surtout une puissante preuve d’amour délivrée à la queer nation et au mouvement LGBT+. Queen Bee voulait ainsi rendre hommage aux figures proéminentes de la « queer nation » telles que Big Freedia, Syd, Telfar Clemens, Moi Renee, Honey Dijon, Adviance, Mike Q, House of LaBeija, mais aussi les divas Grace Jones et Donna Summer sans oublier son oncle Jonny qui lui a confectionné de ses mains sa robe de bal de promo. D’ailleurs, dans une note publiée sur son site Internet, Beyoncé a remercié sa famille, notamment ses enfants et sa « muse », Jay-Z. Mais les éloges les plus significatifs ont été réservés à son défunt oncle Jonny, qu’elle a appelé sa « marraine et la première personne à m’avoir exposée à une grande partie de la musique et de la culture queer qui servent d’inspiration à cet album ». « Merci à tous les pionniers à l’origine de cette culture gay, à tous les anges déchus dont les contributions sont restées méconnues pendant trop longtemps », a écrit Bee. « Ce disque est une célébration à votre gloire ». L’amour n’existe pas, il n’y a que des preuves d’amour et à travers cette discothèque virtuelle, où la plupart des titres semblent mixés par un DJ immatériel, Beyoncé choisit l’art de la fête pour distinguer ces héros pour la plupart inconnus. Cette option club ne vous rappelle personne ? En juin dernier Drake avait exactement la même démarche aussi festive que dansante dans son « Honestly ? Nevermind » ( Voir sur Gonzomusic DRAKE « Honestly, Nevermind » ). Il faut cependant admettre que ce « Renaissance » met la barre très haut. Dès le premier titre l’entêtant et néanmoins electro-choqué « I’m That Girl » nôtre star texane nous assène son beat chaloupé si entrainant. Qui se fond dans la seconde plage « Cozy » tropicale et chaude comme un tube bien caliente de Rihanna.
Mais c’est avec le fun « Alien Superstar » boosté entre autres par son sample de Right Said Fred l’immortel « Too Sexy For My Shirt » que les choses sérieuses commencent sur un texte de pure bravade où Bee avoue qu’il n’y a qu’elle en numéro un. Et ce titre ne devrait effectivement pas manquer de se hisser à la première place des charts… tout comme le suivant, le funkyssime insouciant « Cuff It » qui porte la griffe d’un certain Raphael Saadiq … mais pas que. Avec Nile Rodgers (Chic) à la guitare, Raphael Saadiq à la basse et Sheila E. aux percussions c’est une tornade de groove qui secoue le dance-floor. Comme son titre l’indique, « Energy » n’en manque vraiment pas. Avec son clin d’œil discret aux Fugees la présence tutélaire de Skrillex et surtout du toaster jamaïcain BEAM, il sert surtout de prologue au plat de résistance de « Renaissance » : le puissant « Break My Soul », irrésistible sur son petit beat house music capable de faire virevolter même un unijambiste. « Church Girl » est un clin d’œil nostalgique au chant d’église dans lequel Bee et sa sœur ont largement baigné, porté ici par un gospel des Clark Sisters discrètement speedé. Suave, légère et insouciante comme un vieux hit des 90’s de Janet Jackson modèle « Escapade », « Plastic Off the Sofa » joue et gagne au jeu de la séduction intemporelle, à l’instar de la balade rétro « Virgo’s Groove ». Mais c’est avec « Move » que Queen Bee fait très fort, enrôlant en chair et en os la légende Grace Jones à ses côtés pour une séance de trap sensuelle et agitée. Il y a sans doute quelque chose de Drake dans « Heated » puisqu’on retrouve le nom d’un certain Aubrey Graham aux credits de la chanson qui emprunte justement au dernier Drake son afro-beat made in South Africa. Si « Thique », et la suivante « All Up In Your Mind », apparaissent comme les plus faibles du projet, c’est que le niveau est carrément élevé. Et, d’ailleurs avec « America Has a Problem », on regagne la stratosphère, tout comme avec « Pure/Honey » où transparait également la patte électro-funky de Raphael Saadiq. Mais c’est avec le tout dernier morceau, le bien nommé « Summer Renaissance »qui inspire son titre à l’album, où planent les ombres pailletées de Donna Summer et de son mentor Giorgio Moroder via le célébrissime et néanmoins torride « I Feel Love » en parfaite apothéose. Une bombe sonique. Vous l’aurez compris ceci est LE disque de l’été pour bouger vos petits boules et plus si affinités. Cependant, comme ces seize titres ne sont que la première bordée d’une trilogie promise par Beyoncé, cette playlist club est décidément loin, très loin d’être bouclée. À suivre…