ALAIN CHAMFORT « L’impermanence »
Il parait que cela serait son ultime CD… ce qui ne l’empêchera, en aucun cas rassurez-vous, de continuer à publier de nouvelles chansons lorsque bon lui semblera, mais plus d’album en tant que tel et donc par conséquent « L’impermanence » est par essence le dernier Alain Chamfort au propre, comme au figuré et c’est un superbe aboutissement. Brillant éloge de la lenteur, ce disque d’une troublante maturité, est aussi un pari gagné sur l’innovation, propulsé par d’élégantes et hypnotiques séquences électro, en guise de fil conducteur, pour une œuvre d’une fulgurante modernité pop.
Chansons françaises, balades rock, pop standards… au diable les étiquettes, Alain Chamfort ( Voir sur Gonzomusic ALAIN CHAMFORT : « Alain Chamfort » , DU CHAMP POUR CHAMFORT !, CHAMFORT…ISSIMO À PLEYEL et aussi ALAIN CHAMFORT « Le désordre des choses » ) est depuis longtemps si largement au-dessus de la mêlée, réputé ne faire que ce qui lui chante. Et c’est tant mieux. Par conséquent, « L’impermanence » n’échappe pas à la règle. Et si l’album s’achève par une composition intitulée « La grâce », c’est que précisément ce disque-là est porté par la grâce. Mais, si vous le voulez bien, commençons par le commencement par « L’apocalypse heureuse », après « l’apocalypso » cité dans son tube « Traces de toi » en 1986, qui ouvre l’album sur le thème du vieillissement qu’Alain avait déjà évoqué dans les « Microsillons », mélancolique aérien, qui nous emporte dans une spirale émotionnelle au ralenti. Un romantisme dandy poussé à son paroxysme. Puis « Dans mes yeux » electro SF à la Cronenberg se révèle totalement évanescent, pour un son qui allie classicisme et modernité. Porté par une véritable énergie synthétique on part aux confins des Pet Shop Boys. Très original et même surprenant pour du Chamfort et aussi particulièrement climatique, un titre puissamment habité par sa séduction hypnotique. Mais c’est avec « Vanité vanité » que l’on découvre une des plus belles chansons de l’album. Superbe mélodie et particulièrement émotionnelle, délicatesse, séduction et joli petit bijou d’une pop impeccable, bref incontestablement un grand cru du Chateau Chamfort. Beaucoup plus calme et apaisante, « Par inadvertance » débute sur une guitare acoustique dépouillée comme une chanson de Dylan et l’on se laisse finalement porter par cette voix qui nous transporte et c’est beau comme du Gainsbourg de la meilleure facture.
« Altiplano » nous offre un véritable festival d’allitérations élégantes. Et cette douce lenteur vibre délicatement au début avant de littéralement s’arracher à l’attraction terrestre, pour finalement s’envoler jusqu’au firmament. On dirait presque du Leonard Cohen en français, sur un thème musical qui sait vous transpercer droit au cœur. Portée par son piano « A l’aune » offre son thème entêtant en forme de spleen intégral, si nostalgique, intemporel et pourtant éternel. Mais on salue le retour à la pop joyeuse d’« En beauté », énergique et pulsée, electrochoquée et insouciante, positive et ensoleillée… sur un petit beat aux accents de « Manureva », incroyable légèreté pour un thème aussi grave….que le départ en beauté…. Un autre hit possible de ce disque qui rentre si bien dans la tête. Et à hit, hit et demi avec l’impétueux « Whisky Glace » en collaboration avec Sébastien Tellier o l’on retrouve ce petit côté electro qui sert de fil conducteur à cet album, avec un petit écho de « Here Comes the Rain Again » d’ Eurythmics, percutant son propre « Aucune différence » de 1997, agréablement enivrante avec ses violons virevoltants. On se calme avec la chanson-titre « L’impermanence » qui répond à la définition du Larousse « Caractère de ce qui n’est pas permanent, ne dure pas et change sans cesse. » Délicatement rétro et vocalement proche d’un Yves Montand, elle se révèle intemporelle. Ce n’est pas une promesse de Normand (quoi que depuis son déménagement loin de la rue de la Chine), « Tout s’arrange à la fin » où les violons swinguent soul à la Philadelphia International pour une jolie ritournelle tubesque à la « Souris parce qu’est c’est triste » pour un des titres les plus cruciaux et les plus réussis de ce projet. Enfin, « La grâce » Souchonnienne marque un retour au slow motion mélancolique mais toujours néanmoins porté par une petite séquence électro. Tes belle très délicate très sensible …. Très tout, en fait et ultra touchante. « Aurais-je su toucher les gens autant que ceux qui m’ont touché » … la réponse cher Alain est oui, dix fois, cent fois, mille fois oui. Chanson finale en guise de bouquet de feu d’artifices et qui parvient même à nous mettre la larme à l’œil…. une séquence émotion qui nous emporte sur un son synthétique cool à la Peter Gabriel pour patienter… jusqu’à tes prochaines aventures soniques… car il y en aura forcément d’autres !