ADIEU SINEAD O’CONNOR

Sinead by HGL /GC IMAGES

Je l’avais croisée à New York à l’aube des 90’s dans la foulée de son mega succès planétaire, sa reprise de « Nothing Compares To You »…  que tout le monde découvrait comme une soi-disant composition originale de Prince. Avec son crâne rasé à la Yul Bryner au féminin, Sinead O’Connor déboulait avec fracas sur la scène rock planétaire et multipliait les provocs sur la religion comme si à chaque fois elle cherchait à saborder sa carrière. On apprend aujourd’hui que la chanteuse Irlandaise s’est éteinte à seulement 56 ans… immense gâchis !

Sinead by Mick Hutson Redferns via Getty Images

Au cœur des 80’s, Prince fonde Paisley Park son fameux label de Minneapolis (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Minneapolis ) et ne tarde guère à multiplier les productions d’albums de ses différents protégés de Sheila E à Mavis Staples ( Voir sur Gonzomusic MAVIS STAPLES “Time Waits For No One” ). Sacré boulot pour le chroniqueur rock de les documenter. Cependant juste après la sortie de « Around the World In A Day » de Prince, je chronique le tout premier LP édité par Paisley Park au titre éponyme de « The Family ». Constitué d’anciens membres de the Time, totalement fabriqué par Prince, le 33 tours the Family sort l’été 1985 propulsé par au moins deux hits potentiels écrits par Prince, le langoureux « Streams Of Passion » et un certain « Nothing Compares To U ». Hélas malgré le soutien de la presse rock, l’album passe largement inaperçu. Entre temps, Prince joue les Pygmalions pour de nombreuses chanteuses (Voir sur Gonzomusic DANS LE HAREM DE PRINCE ) inconnues telles Vanity, Apollonia, Jill Jones, Taja Sevelle ou déjà célèbres comme Dale Bozzio ( Missing Persons) ou encore Mavis Staples. Pendant ce temps en Irlande, tout juste 21 ans Sinead O’ Connor publie son tout premier album « The Lion And the Cobra » sur le label British Chrysalis. Mais malgré son look totalement glabre d’extra-terrestre sur la pochette et un petit tube potentiel « Mandinka », le disque demeure largement confidentiel. Par contre, lorsque parait son successeur « I Do Not Want What I Haven’t Got » trois ans plus tard c’est un immense carton planétaire propulsé par une seule chanson, l’irrésistible « Nothing Compares To U »… que Prince n’a jamais composé pour elle.

Du jour au lendemain Sinead devient une star populaire, un statut qu’elle ne tardera pas à ruiner elle-même en s’en prenant ouvertement au pape en 1992 en déchirant en direct une photo du pape Jean-Paul II lors de l’émission télévisée américaine Saturday Night Live, dont elle était l’invitée. L’incident lui a valu d’être bannie à vie par la chaîne NBC et de faire l’objet de manifestations aux États-Unis. « Je ne regrette pas de l’avoir fait. C’était brillant », a-t-elle pourtant déclaré lors d’une interview accordée au New York Times en 2021. C’est ainsi que durant toute sa carrière Sinead sera plus célèbre par ses déclarations à l’emporte-pièce que par sa musique. Je l’avais croisée à New York au début des années 90 dans la foulé de la sortie de son second LP, j’en garde le souvenir d’une jeune maman aussi allumée que fantasque et drôle, mais en parfait décalage avec l’univers de la pop-music. Elle était de dix ans ma cadette et c’est un choc d’apprendre hier sa disparition à seulement 56 printemps. Dans un communiqué publié hier, la famille de la chanteuse a déclaré : « C’est avec une grande tristesse que nous annonçons le décès de notre bien-aimée Sinéad. Sa famille et ses amis sont dévastés et ont demandé que l’on respecte leur intimité en ce moment très difficile. Le Taoiseach (Premier ministre irlandais) Leo Varadkar lui a rendu hommage en déclarant que sa musique « était appréciée dans le monde entier et que son talent était inégalé et incomparable ». Le fils cadet de la chanteuse de Dublin, Shane, âgé de 17 ans, est décédé l’année dernière, quelques jours après avoir été porté disparu. Publiant sur les médias sociaux après sa disparition, elle a déclaré qu’il avait « décidé de mettre fin à sa lutte terrestre » et a demandé « que personne ne suive son exemple ». Sinead s’était convertie à l’islam en 2018 à la Diam’s ( Voir sur Gonzomusic  Diam’s hier sur TF1 : je ne suis pas Belphégor…ah bon ?), changeant son nom en Shuhada’, mais a  néanmoins continué à se produire sous son nom de naissance. On ignore aujourd’hui les causes exactes de son décès, mais en 2007, la chanteuse avait évoqué ses troubles bipolaires lors d’une apparition dans l’émission « The Oprah Winfrey Show » et a déclaré qu’elle avait eu des pensées suicidaires et une peur écrasante avant son diagnostic, près de quatre ans auparavant. « C’est comme être un seau percé qui laisse s’échapper toute l’eau ». RIP Sinead O’Connor….