THE RED HOT CHILI PEPPERS : « The Getaway »
Pour le 11ème épisode de leur sémillante et funky carrière, les Red Hot Chili Peppers ont abandonné le rugueux Rick Rubin, leur producteur depuis 1989 (Mother’s Milk »), pour expérimenter avec Danger Mouse (Gnarls Barkley, the Black Keys, U2) et l’évanescent Nigel Godrich. Le résultat ? Le changement mais dans la continuité ; « The Getaway » ne révolutionne pas le groupe de LA, même si l’on note un incontestable adoucissement coté guitares pour un groove qui ne transige pas avec la légendaire funkitude à la chaux vive des Red Hot.
C’est toujours avec une sorte de pincement au cœur que j’évoque le cas Red Hot Chili Peppers. J’avais d’abord découvert leurs premiers 12 inches « Get up and Jump » et surtout le bondissant « Hollywood Africa » dans la tour tourne-disques, le fameux Capitol building en 1984. À BEST, comme ailleurs, j’avais toujours défendu le métissage musical en général et la fusion rock/funk en particulier. Or les RHCP étaient, sans doute depuis Prince, sur ce terrain-là la découverte la plus excitante. Un enthousiasme qui s’était avéré encore plus juste lorsque j’ai eu la chance de découvrir leurs performances live lorsque les Red Hot ont ouvert le concert de mes « potes » Ron et Russell Mael des Sparks sous les étoiles du Hollywood Bowl cet été-là. 32 ans plus tard- oh my God how time flies when you’re having fun…- Anthony Kiedis et sa bande de mauvais garçons plient mais ne se rompent pas. Publié en éclaireur début mai, le premier single « Dark Necessities » pulse sur un beat qui rappelle l’intro à la « Synchronicity » de Police, mais très vite vibre une basse offensive à la Brothers Johnson ; un cool funk s’installe lorsque monte la voix d’Anthony Kiedis, une voix peut être un poil plus apaisée qu’à l’ordinaire. Cool composition même si les guitares paraissent moins électriques qu’à l’ordinaire. C Lorsque sort enfin l’album en juin, c’est la chanson-titre, l’aguicheuse « The Getaway » qui ouvre l’album. Et on y retrouve côté prod la même légèreté que dans le single, ce tour de force qui préserve toute sa charge énergétique, cette puissance développée par l’infatigable machine Red Hot.
Ce surprenant CD
Et, puisqu’il nous faut encore plus de douceur pour confronter ce monde brutal, Elton John – et son parolier Bernie Taupin- sont enrôlés dans la légion Chili Peppers pour la surprenante et mélodique « Goodbye Angels » rythmé par les fameux « Hey Yo » chers à Kiedis. Comme une irrésistible spirale ascensionnelle, le titre s’arrache littéralement à l’attraction terrestre pour atteindre des cimes et leur ivresse. Mais, là aussi, dans le traitement du son, l’effet Danger Mouse/Godrich se fait ressentir . C’est encore plus sensible sur les balades, comme la délicate « The Longest Wave », « Encore » ou la mid-tempo particulièrement catchy, « Sick Love », qui évoque pêle-mêle « rêve Californien » et « déceptions amoureuses », comme si cela tenait de soi, sur un beat funky insouciant qui contraste avec ce texte sarcastique. L’autre roc sur lequel ce nouvel album peut s’appuyer c’est l’entêtante « Go Robot » qui se révèle fichtrement addictive sur son rythme répétitif qui rappelle un peu les Talking Heads. Et, puisqu’il en faut une au moins, « This Ticonderoga » est la composition la plus énervée de ce « the Getaway ». A l’opposé l’aérienne « The Hunter » est peut-être la plus « Radiohead » de ce surprenant CD. Enfin la chanson la plus longue- plus de 6 minutes tout de même !- l’énergique et épique « Dreams of A Samuraï » clôt vigoureusement « The Getaway » et l’on se dit que ce sera avec plaisir qu’on le découvrira, en version live, à la rentrée, sur la scène de Bercy du 15 au 18 octobre prochain 😉