SANTANA À BERCY
C’était hier soir dans mon bon vieux POPB alias Bercy alias l’A…. Arena lorsque Carlos Santana investissait la scène pour un show parisien muy caliente de 101 minutes de pur bonheur rock. Imaginez que cela faisait CINQUANTE QUATRE ANNÉES que je n’avais pas vu Santana en concert ! Et la dernière fois, en Avril 1971 à l’Olympia… c’était pour moi le TOUT premier live de ma vie, c’est dire combien ces retrouvailles devaient compter. Et tant pis si le Carlos de 77 ans doit se poser régulièrement pour caresser sa guitare contrairement au jeune homme de 24 ans qui m’a mis tant d’étoiles dans les yeux et dans la tête, c’est déjà magique de se laisser à nouveau porter par sa guitare inimitable.
Lorsque j’observe la set-list de Santana (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Santana ) hier soir à Bercy, on ne peut pas dire que je sois dépaysé. 54 ans auparavant, le 25 avrit 1971 j’assiste au tout premier concert de mon existence, Pour la petite histoire c’est aussi la première fois que je serai high, la faute à tous le types qui tiraient sur leurs joints de hash autour de moi et dont la fumée m’avait carrément défoncé. Ce qui ne m’a pas empêché bien au contraire de « prendre mon pied » – comme on disait alors- comme jamais. Carlos juste sublime, entouré de ses musiciens le jeune batteur prodige Mike Shrieve, le percu Jose « Chepito » Areas, le claviers Greg Rollie et le guitariste Neal Schon qui ne s’est pas encore envolé pour former Journey. On était à peine deux ans après leur colossale performance sur les terres de Max Yasgur à Woodstock et c’était juste incroyable. Ils ne jouent que dix chansons ce soir-là, mais avec une rage, une énergie, une puissance qui incarne toute la quintessence de ce rock qui allait devenir, sans que je puisse m’en douter à ce moment-là, la boussole de ma vie.
Un demi siècle plus tard, lorsque je compare les deux set-lists de l’Olympia 71 et de Bercy 2023, le plus hallucinant, c’est qu’on y retrouve peu ou prou les même morceaux, preuve de leur immortalité. En 71 nous étions entre la sortie de « Abraxas » et du « Santana Third », donc tous les morceaux étaient issus des trois premiers LP, y compris « Taboo » et « Toussaint l’ouverture »… qui n’étaient pas encore sortis. Et si le mythique « Soul Sacrifice » apparaissait en 5éme position, hier c’est bien par ce titre emblématique révélé par Woodstock que s’ouvre le concert. Certes, Carlos n’a plus 24 balais et doit s’assoir régulièrement pour jouer, mais le son de sa guitare n’a pas bougé d’un iota. Car faut-il le rappeler, il ne chante jamais ou plutôt c’est sa guitare qui chante à sa place. Et ce soir « Jingo Lo Ba » arrive en seconde position … lorsqu’il achevait le show de 1971. De même, la quasi-totalité des chansons de l’Olympia seront jouées ce soir, comme la brillante « Evil Ways » 3éme en 2025… et 4ème en 71… dingue ! « Black Magic Woman/ Gypsy Queen » 7ème en 71 et 4ème en 2025… « Oye Como Va » 5éme en 71 et 8ème en 2025… « Samba Pa Ti » 6éme en 71 et 8ème en 2025… en tou,t sur les 19 titres de la set-list d’hier 11 appartiennent aux trois premiers LP de Santana. Bien entendu, ce ne sont pas du tout les mêmes musicos qu’à l’époque, mais la nouvelle équipe – Kenny Wayne Shepherd (guitar,e voix), Doug Woolverton (saxophone), Charlie Di Puma (cuivre), Noah Hunt (guitare, voix), Joe Krown (claviers), Kevin McCormick (basse) et Chris Layton (batterie) – assure à le perfection dans le Latin sound de Santana.
Mention spéciale à « Maria Maria » qui parvient à faire se lever l’ensemble du public dans sa fusion intense latin mais aussi hip hop à la Wu Tang et plena de Porto Rico portée par le cuivre virtuose en version carnaval festif comme un « Nuevayol » de Bad Bunny. On découvre aussi une surprenante reprise du groupe psychédélique the Zombies avec « She’s Not There » et l’on succombe à la perle de son album de 99 « Supernatural » la torride « Yaleo » avant que le show ne s’achève par « Smooth », extraite elle aussi du même disque. Tout au long du live sur la scène de Bercy, Carlos Santana arbore un blouson où les lettres PEACE peintes se détachent sous les spot-lights comme un vœu pieu dans cette période troublée que nous traversons. C’est très lentement que le guitariste de 77 ans quitte la scène pour disparaitre dans les coulisses, et même si c’est émouvant, on se dit que c’est déjà magique qu’il soit encore là pour nous, tous les participants de Woodstock ne peuvent hélas pas tous en dire autant. Et tant d’autres, hélas. Alors ce soir j’ai aussi une pensée pour les Touré Kunda ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=toure+kunda ) qui ont enregistré un titre avec Carlos et aussi pour mon bro’ Rachid Taha ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Rachid+Taha ) qui était bien pote avec lui. Hasta dans moins longtemps, promis Don Carlos !