A COMPLETE UNKNOWN

A Complete UnknownNous ne sommes qu’en février et pourtant j’ai déjà trouvé mon film de l’année, il s’appelle « A Complete Unknown » et il se révèle juste bluffant, une longue… très longue claque de 121 minutes pour résumer 4 années cruciales entre l’arrivée d’un Robert Zimmerman à NY l’hiver 1961 et  le 24 juillet 1965 lorsque Bob Dylan révolutionne le Newport Folk Festival en osant électrifier sa musique. Tim Chalamet dans la peau de Dylan est une incroyable star du rock en devenir, mais aussi Edward Norton en Pete Seeger, Monica Barbaro en Joan Baez, Boyd Holbrook en Johnny Cash, tous jouent et chantent à la perfection, c’est comme si on assistait pour de vrai à ces moments précieux qui ont changé à jamais la face du rock. Et cette tempête émotionnelle porte bien toute la force du brillant réalisateur James Mangold, dont le film mérite largement une pluie d’Oscars… et votre auguste présence.

A Complete UnknownJ’avais déjà fondu comme neige au soleil sur la performance de Timothée Chalamet, interprétant trois compositions de Dylan au fameux Saturday Night Live, au point de lui consacrer mon édito du mois ( Voir sur Gonzomusic TIMOTHÉE CHALAMET ROCK AND ROLL STAR ), mais après avoir vu « A Complete Unknown » hier j’ai encore des milliers d’étoiles dans les yeux, tant ce « parfait inconnu » ne saurait le rester longtemps. Bien entendu, tout afficionado de Dylan ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=bob+dylan ) aura identifié dans ce titre une citation de « Like A Rolling Stone », habilement choisie par le réalisateur pour définir cet instant de grâce, lorsque la chrysalide Robert Zimmerman se transforme en papillon Bob Dylan. Tout le génie du réalisateur James Mangold pour parvenir à définir l’indéfinissable réside dans ce choix, tant Bob Dylan est dans tous les sens du terme un personnage d’une complication extrême. La preuve par cette légère entorse à la réalité lorsque la petite amie du singer-song-writer dans le film, la fameuse girl-friend immortalisée sur la poche de « The Freeewheelin’ Bob Dylan » ( Voir sur Gonzomusic Mort du photographe qui a shooté « The Freewheelin’ Bob Dylan » ) interprétée par la jolie Elle Fanning se nomme Sylvie Russo… lorsque tout amateur de Dylan sait qu’elle s’appelait en fait Susan Rotollo, alias « Suze ». Dylan a approuvé le scénario et autorisé le film… à condition de faire cette petite entorse à la réalité. Pour quelle raison ? Only Dylan knows, mais de la part d’un gars qui ne se présente même pas pour aller chercher son prix Nobel, tout est possible. Dylan est un génie et à ce titre on lui pardonne tout ou presque. Et on le remercie surtout d’avoir donné son OK pour que film se fasse.

 

Car dès la scène d’ouverture, lorsqu’on accompagne le jeune Robert Zimmerman dans ses premiers pas à New York, on est subjugué par la justesse des décors, des costumes, des automobiles. Et lorsqu’il se rend dans un hôpital pour rencontrer son héros, Woodie Guthrie et que face à lui et Pete Seeger, il sort sa guitare pour interpréter « Song To Woodie » qu’il a composé pour lui, c’est comme si on était frappé par la foudre tant le jeu, l’interprétation, l’émotion et le génie à l’état pur sont perceptibles sur tout l’espace de l’écran. Effet chair de poule, une larme même, tant Timothée Chalamet est juste et émotionnel. Un peu plus tard, dans le salon de Pete Seeger il chante les prémices de son « The Girl From the North Country » et c’est le même effet bluffant. Car Tim ne singe pas Bob, bien au contraire, mais l’accent, la voix, le feeling sont d’une puissance incommensurable. Et surtout d’une totale crédibilité rock. Certes, le comédien a bossé cinq années durant pour y parvenir, mais le résultat est sans appel : a rock and roll star is born. Toute la musique est capturée live et le résultat est stratosphérique. Il faut aussi saluer les performances des autres comédiens et, au premier chef, Monica Barbaro qui vocalise de manière angélique, comme une jeune et brillante Joan Baez. Chaque acteur casté par Mangold incarne parfaitement son héros du rock, que cela soit Pete Seeger/ Edward Norton ou encore Johnny Cash/ Boyd Holbrook. Même Albert Grossman le mythique manager de Dylan, joué par Dan Fogler, est plus vrai que le vrai. Acteurs rock stars, certes mais il faut aussi louer toute la subtilité de la réalisation de James Mangold qui use et abuse de merveilleux plans serrés pour créer un intense sentiment de proximité avec l’artiste. Et cela fonctionne parfaitement. Il suffit d’un regard en gros plan de Chalamet pour que soudain Dylan s’anime face à nous comme s’il était sublimé. La voix trainante, la mimique, les expressions, la manière de sourire, le regard sombre et fuyant… c’est bluffant, Bob Dylan est plus Dylan que Dylan. Ajoutez une set-list des plus beaux joyaux du Zim’ de « Highway 61 Revisited » à « Like a Rolling Stone » en passant par « A Hard Rain’a-Gonna Fall », « The Times They Are a-Changin’ » ou encore « Mister Tambourine Man », vous comprendrez alors aisément pourquoi il faut absolument aller voir ce  « A Complete Unknown ».

 

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