THE SPLIFF RADIO SHOW L’AFTER NINA

The Spliff Radio ShowVoici 43 ans dans BEST GBD rencontrait à Londres les anciens musiciens de Nina Hagen qui l’avaient accompagnée jusqu’au sommet à succès des yodels de son « African Reggae » avant de se faire éjecter à la veille de sa tournée mondiale. Un an après les voici de retour sous le pseudonyme concept de the Spliff Radio Show avec un album et un concert en forme d’émission de radio US particulièrement déjantés. Flash-back….

Screenshot

C’est dans le BEST de l’élection de François Mitterrand que j’avais rencontré the Spliff Radio Show, les anciens co-listiers de Nina Hagen, soit son ancien groupe allemand lorsqu’elle sortait avec Herman Brood. Un an plus tard Nina Hagen publiera enfin un nouvel album, le décevant « NunSexMonkRock » (Voir sur Gonzomusic 36 POSITIONS AVEC NINA HAGEN), mais Spliff l’avaient déjà devancé avec un album en anglais particulièrement barré en forme d’émission de radio FM US. Indirectement grâce à Nina je répare une erreur : lorsque j’ai réédité mes articles du numéro 154 de BEST, le numéro de l’arrivée au pouvoir de Mitterrand sous sa couverture Springsteen, j’avais carrément zappé cette interview avec la formation allemande. Erreur désormais effacée

Publié dans le BEST numéro 154 sous le titre :

RADIO SPLIFF 

« Je n’ai pas de copain, je m’ennuie à mourir mais il paraît que si j’écoute Spliff ( bruit d’une taffe), je finirai par voir le soleil ». Spliff Radio Show, c’est tout un programme ! Un concept, un disque et un show live qu’on m’a envoyé déflorer pour BEST… Sur le cadran lumineux de mon tuner stéréo, les chiffres indiquent «00.8 », je suis branché sur la fréquence Spliff, la seule en. France qui ne craigne pas les foudres monopolistes des brouilleurs-fonctionnaires (si !). La voix sensuelle d’un DJ FM nous susurre à travers la grille du HP: « Salut et bienvenue au Spliff Radio Show, un pur produit du baby-boom de l’après-guerre ». Un jingle et c’est parti… Spliff, c’est l’ex- Nina Hagen Band, sorti in ex-tremis des griffes du chômage ouest-allemand pour un concept très ac-crocheur. Lorsque Nina a retiré ses billes, juste avant sa tournée mondiale, Reinhold (claviers), Herwig (batteur), Bernhard (Guitare) et Manne (basse) se sont retrouvés un peu comme le corbeau frustré de son fromage’. Après deux ans d’un relatif succès, ils se morfondent dans l’humidité d’un R and R ruisseau germanique. Z’avez pas vu passer mon public ? Les milliers de fans et de lubriques qui bavent sur la Nina ne savent pas qui a signé les compositions de ses plus fameuses tyroliennes. Pour le groupe, c’est « Play it again, Sam » ou la mort. Reinhold et ses petits copains décident de monter un opéra en forme d’émission de radio. Ils rencontrent Alf Climax, un Australien bien giclé dans sa tête, et débauchent Lisa Bialak du Gruppo Sportivo. C’est ainsi que naît le Spliff Radio Show. Et maintenant, une page de publicité. « T’as pas de copain, tu t’ennuies à mourir ! Alors écoute Spliff et tu verras le soleil ». Et maintenant, chers zooditeurs, Spliff RS déclare à notre micro du Best Radio Show :

« Le show est un opéra apocalyptiquement heavy métalement plastifié, si vous voyez ce que je veux dire.The Spliff Radio Show

Best Radio Show : Mais transcendentalement, vous voulez en venir où ?

SRS : Le show commence par une poubelle qu’un de nos roadies, déguisé en éboueur, porte sur scène. Rocko J Fonzo (Ali) en sort. Son trip, c’est d’être une superstar, un caïd de l’industrie du disque. Il monte son groupe de rock, se branche sur les nanas du showbiz et la défonce facile. Fonzo s’accroche et se laisse porter par la vague New Wave. Puis, il se laisse pourrir par des chouettes mecs comme toi et par d’encore plus chouettes mecs de maisons de disques. Il gagne ses galons de star mais finit en bout de course par regagner sa poubelle. C’est un cycle complet. Tu comprends, on est tous des junkies du rock and roll et de la radio. C’est à cause d’AFR (American Radio Forces, la radio US pour les GIs en Allemagne). A Berlin, c’est vraiment le pied : le monopole bat de l’aile, bientôt, il y aura des tas de radio avec de la pub et des jingles. Rick Delisle, qui joue les DJ dans le show entre les morceaux, est un vrai DJ de AFR. Un pur Yankee du Milwaukee. Cela dit, même si on est tous accrochés à cette foutue radi, on subit malgré tout un certain colonialisme musical de la part des USA. Quand on a signé avec CIA records…. euh, je veux dire CBS, heureusement, c’était autre chose. La planque. Qu’est-ce qu’on est peinard. Si vous ne voulez pas être dérangé, signez chez CBS. Ne vendez surtout pas 20 000 albums, car ils pourraient décider de s’occuper vraiment de vous .« 

Nous interrompons cette interview car une dépêche vient de tomber : L’enregistrement de Chorus ( l’émission d’Antoine de Caunes sur Antenne 2 : NDR) du Spliff Radio Show vient d’être annulé à la suite d’une grève surprise d’une certaine catégorie du personnel de la SFP. D’autre part, on nous annonce que l’explication à l’absence de journalistes de BEST au concert du SRS du Palace vient d’être rapportée : les billets sont parvenus à la rédaction… le lendemain du show.

« Et je vous laisse en compagnie du Sssspliff Radio Show ». RockoJ Fonzo est avec nous dans le studio. Il veut bien répondre à quelques questions. Un premier appel… c’est à vous…

Salut j’aimerai savoir ce qui t’a influencé ?The Spliff Radio Show

Rocko J Fonzo : Si je te réponds les Eagles, tu vas me traiter de ringard… Admettons Nick Lowe, c’est plus mode, donc plus flash. Hé. Hé…

Nous prenons un autre auditeur. Vous pouvez parler, vous êtes à l’antenne…

Et bien… heu… bonjour, je suis un fan de Frank Zappa et je trouve quelques similitudes… heu… comment dire…

J Fonzo : Frank ? Frank, bien sûr qu’on a écouté Frank. C’est un pote. Je l’aime bien mais il se trompe. Sa fiction d’un gouvernement qui interdit la musique est assez tordue. Tout ça parce qu’il a été marqué par le trip Ayatollah. Le vrai problème, c’est que le rock a été détourné. La musique endort les gens. Hard rock ou disco, même combat. Le rock est trop établi, il fait partie des meubles comme la chaîne Hi Fi au milieu du salon. Le rock, au début, était politique, aujourd’hui, on le trouve au rayon marketing ».

Et notre show continue, nous sommes en direct du Marquee, à Londres, pour la retransmission live du célèbre SRS. On vient de déposer Rocko J Fonzo et sa poubelle… Scéniquement, durant deux heures, on peut dire que l’action ne manque pas. Rocko, petit rondouillard superstar, est un acteur né drôle. Le DJ est trop DJ, sa voix a la chaleur Modulation de Fréquence. La musique de Spliff balance bien. Depuis le départ de Nina, leur rock n’a guère perdu sa pêche. Il est plus ordonné et plus incisif. Cela dit, c’est vrai que ça ressemble bigrement à du « Joe’s Garage ». Ces mecs, qui trairaient dans les bars avec Herman Brood, sont aujourd’hui de super musiciens. La construction de leur show est assez au point. Tout comme leur idéologie. En 1981, le malade imaginaire porte des jeans et se défonce par les oreilles : le rock est une drogue et nous sommes tous accrochés. Voilà qui met fin, pour ce soir, à notre programme. Mais n’oubliez-pas notre rendez-vous sur le Spliff Radio Show, dès demain, chez votre disquaire préféré, en MV (Modulation Vinyle). A bientôt.

Publié dans le numéro 154 de BEST daté de mai 1981BEST 154

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